Roy Dakroub
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Rencontre avec Roy Dakroub : champion de jujitsu brésilien et doctorant à Rennes School of Business

Arrivé en France en 2015, Roy Dakroub a jonglé pendant plusieurs années entre les études et le sport de haut niveau : de la boxe thaïlandaise au MMA, en passant par le jujitsu brésilien. Aujourd’hui, il mène de front sa thèse à Rennes School of Business, sa vie de professeur en finance et sa passion !

 

Quel est ton parcours ?

Je viens d’une famille de sportifs. Mon père fait de la natation de haut niveau, ma mère est coach sportive, mes cousins font également du sport de haut niveau, dans les équipes nationales libanaises. Je me suis donc naturellement inscrit au football. Mais vers 17 ans, j’ai voulu m’essayer à la boxe thaïlandaise. À 19 ans, j’ai abandonné le foot pour m’impliquer à fond dans ce sport de combat. Après seulement deux ans, j’ai intégré l’équipe nationale du Liban. J’ai été six fois champion du Liban, deux fois champion Ouest-Asie, deux fois champion des pays arabes et deux fois champion Méditerranée. Sur la scène internationale, je me suis classé cinquième.

 

Comment arrivais-tu à mener de front études et sport de haut niveau ?

C’était toute une organisation ! Dès que les cours étaient finis, j’allais à l’entraînement de l’équipe nationale. Heureusement, j’avais le soutien de l’école qui m’accompagnait au quotidien. Avec l’habitude, il est devenu facile de jongler entre les deux, mais il est vrai que je ne faisais rien d’autre que m’entraîner et étudier. J’ai eu la chance d’avoir quelques facilités qui m’ont permis de me focaliser sur le sport.

En 2014, quand je suis arrivé en master, j’ai décidé d’arrêter avec l’équipe nationale de boxe thaïlandaise. Je me suis mis au jujitsu brésilien et à la lutte : deux disciplines à maîtriser pour pratiquer le MMA, un sport qui m’attirait beaucoup, car il offre une meilleure visibilité, notamment sur les réseaux sociaux. J’ai fait quelques combats professionnels, j’étais même entré à Desert Force, une des plus grandes ligues dans la région Moyen-Orient-Asie. Durant les prime times, il pouvait y avoir jusqu’à 50 millions de téléspectateurs. Cela m’a permis de trouver de nombreux sponsors !

 

Aujourd’hui, le Liban est en proie à la contestation populaire. Quel est ton regard sur ces manifestations ?

J’ai été obligé de quitter le Liban aussi parce que la corruption ne nous permet pas d’étudier correctement dans notre pays. J’ai vu de nombreux étudiants aller dans des écoles publiques qui sont mal équipées. Certains d’entre eux, ceux qui sont assez motivés et qui ont envie d’apprendre, arrivent à s’en sortir et à faire de grandes choses. Mais ils quittent toujours le pays pour pouvoir poursuivre leurs projets hors du Liban. C’est très triste ce qui se passe actuellement et je suis fier que les Libanais osent s’exprimer contre la corruption !

 

Quand es-tu arrivé en France ?

Je suis venu en 2015. Je travaillais alors en tant que chercheur financier. Mes amis sportifs me déconseillaient de venir en France, qui n’est pas un pays dans lequel vivre lorsqu’on pratique le MMA [la pratique professionnelle est interdite en France, mais les sportifs de l’Hexagone peuvent tout de même faire des compétitions à l’étranger, NDLR]. Mais mon intention n’a jamais été de faire du sport mon métier. Ce n’est qu’une passion ! J’ai donc rejoint Rennes School of Business dans l’intention de faire une thèse sur le marketing du sport, mais j’ai finalement décidé de l’orienter vers la finance comportementale.

 

Pourquoi ce sujet particulièrement ?

De manière générale, cela permet d’avoir une meilleure compréhension du comportement des investisseurs, des traders et même des marchés ou du lien entre la géopolitique et les marchés. Cela peut être appliqué dans tous les secteurs ! Je me suis surtout intéressé à ce sujet en 2017, lorsqu’il y a eu le boom des cryptomonnaies. Je voulais mieux comprendre comment les financiers expérimentés profitaient des consommateurs qui n’avaient aucune connaissance en la matière, en leur promettant qu’ils allaient devenir riches. Il y a des rapprochements à faire avec la ruée vers l’or ou même le boom du dotcom.

 

Comment as-tu jonglé entre ta vie de doctorant et de sportif de haut niveau ?

Au Liban, je pouvais me permettre de pratiquer le jujitsu, le MMA et la lutte. Mais en France, c’était trop complexe. J’ai donc décidé de me focaliser sur le sport brésilien que j’ai pratiqué à haut niveau. J’ai fait de nombreuses compétitions depuis mon arrivée en France. Récemment, j’ai été champion de Bretagne et champion de France en 2018 et vice-champion d’Europe en 2017.

 

Comment le sport t’aide-t-il pour ta vie pro ?

J’ai appris à être patient. La recherche est un secteur dans lequel certaines choses avancent très lentement. Et cette qualité m’aide à être moins frustré. La pratique sportive m’a également transmis la capacité à avoir une vraie vision stratégique. Dans les sports de combat, comme dans la recherche, il faut avoir plusieurs coups d’avance, penser à long terme et avoir un plan A, un plan B et même un plan C ! Et enfin, j’ai acquis un esprit de compétition. J’ai appris à ne jamais lâcher et à toujours persister.

 

En plus d’être doctorant, tu es professeur, un métier dans lequel tu te vois évoluer ?

Roy Dakroub
Roy Dakroub à Rennes School of Business

J’adore parler en public et enseigner. J’aime être dans l’interaction. Mais la recherche que je mène en parallèle reste très académique. J’ai emménagé sur Paris, car je souhaite, à terme, pouvoir travailler dans le privé.
Mon projet en finance comportementale peut avoir de nombreuses applications dans les études de marché ou même la recherche digitale.

 

 

Et concernant le sport, où te vois-tu dans cinq ans ?

Cela fait partie de mon identité. Je ne compte pas m’arrêter ! Mon objectif est d’atteindre la ceinture noire de jujitsu brésilien. Mais une fois que je l’aurai obtenue, l’apprentissage ne sera pas terminé pour autant. Ce qui est intéressant dans ce sport, c’est qu’avec l’âge, on a une approche qui est différente. Elle est plus orientée vers la technique que le physique. Je connais de nombreux pratiquants qui ont une soixantaine d’années, mais qui continuent !

 

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