Sophie Binet a succédé à Philippe Martinez fin mars 2023 en tant que secrétaire générale de la CGT. Mais qui est-elle ? Quel est son parcours académique, professionnel et syndical ? Business Cool dresse le portrait de cette femme qui se place au coeur de la politique française.
Être secrétaire général de la CGT n’est pas une tâche aisée. Philippe Martinez l’a prouvé de nombreuses fois. Il faut aussi bien soutenir les cadres et techniciens, que prendre en compte les lois, les réglementations et les décisions gouvernementales. Sur la réforme des retraites, c’est un combat de plusieurs mois qui a opposé le président Emmanuel Macron et la CGT.
La CGT, qu’est-ce que c’est ?
La Confédération générale du travail (CGT) est le plus ancien syndicat français et l’un des plus influents. Fondé en 1895, il joue un rôle clé dans la protection des droits des travailleurs, la défense des intérêts des salariés et la promotion de conditions de travail équitables. La CGT est d’ailleurs réputée pour son engagement en faveur du progrès social et de la solidarité ouvrière.
Tu t’en doutes, la CGT a marqué l’histoire du mouvement ouvrier en France. Pendant la Première Guerre mondiale, le syndicat a joué un rôle crucial dans la défense des droits des travailleurs face aux conséquences de la guerre. Dans les années 1930, la Confédération générale du travail s’est opposée activement à la montée du fascisme et a combattu pour les droits syndicaux et sociaux. Après la Seconde Guerre mondiale, la CGT a joué un rôle majeur dans la mise en place du système de sécurité sociale en France.
Malgré les années, la CGT reste aujourd’hui un acteur majeur du syndicalisme français et on a notamment pu le voir très récemment. Ce syndicat se bat pour préserver les acquis sociaux et faire valoir les droits des travailleurs dans un contexte économique et social en constante évolution, notamment après la pandémie et les crises économiques.
Récemment, la CGT a été active dans la mobilisation contre les réformes du marché du travail et des retraites, défendant l’idée d’une justice sociale et d’une répartition équitable des richesses. Le syndicat a affiché sa farouche opposition à la réforme, ainsi qu’à la manière avec laquelle elle est passée en force à l’Assemblée nationale. Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de la CGT, a joué un rôle clé dans ces combats, apportant son expertise et son engagement au service des travailleurs.
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Quels sont le cursus et le parcours de Sophie Binet ?
Revenons à nos moutons et à Sophie Binet. Sophie Binet est née à Metz le 5 janvier 1982. Son père est Nicolas Binet, l’homme à qui on doit la rénovation des quartiers Nord de Marseille. On sait en revanche peu de choses sur sa mère.
Sophie Binet s’est formée en philosophie, au sein de l’Université de Nantes. Pourquoi Nantes ? Car c’est dans cette région qu’elle va grandir. Elle va également débuter son engagement syndical au sein de la Cité des Ducs. Si elle s’inscrit à la Jeunesse ouvrière chrétienne à 15 ans, c’est lors de son passage à l’Université de Nantes qu’elle devient militante en rejoignant l’UNEF.
La carrière de Sophie Binet
Avant de se pencher sur l’engagement syndical de Sophie Binet, il convient de revenir sur sa carrière, qui est elle aussi marquée par ses engagements. Après ses études à l’Université de Nantes, elle a suivi les traces de son père et a exercé la fonction de CPE dans les quartiers Nord de Marseille. Son objectif était assumé : rétablir l’ascenseur social et essayer d’aider les publics parfois oubliés.
En 2009, elle quitte le sud de la France pour exercer sa profession de conseillère principale d’éducation au Blanc-Mesnil, en région parisienne. Son objectif reste le même : accompagner la jeunesse et leur donner les clés pour réussir. Elle quittera ces fonctions en 2013 pour se lancer à plein temps dans le syndicalisme en 2014.
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L’engagement syndical de Sophie Binet
Les débuts au sein de l’UNEF
Comme évoqué plus haut, l’engagement syndical de Sophie Binet débute à ses 15 ans, au sein de Jeunesse ouvrière chrétienne, mais prend vraiment une autre dimension lorsqu’elle rejoint l’UNEF de Nantes en tant qu’étudiant, dans les années 2000.
Au fil des années, elle va gravir les échelons au sein de l’Union nationale des étudiants de France et de son université. En 2002, elle rentre au conseil des études et de la vie universitaire à Nantes, puis devient vice-présidente étudiante de l’Université de Nantes et présidente de l’UNEF Nantes en 2003. Quelques mois plus tard, elle va même devenir vice-présidente nationale de l’UNEF et exercer plusieurs mandats au sein du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
À l’UNEF, Sophie Binet exprime pleinement ses engagements et va même participer à plusieurs manifestations. Elle sera au cœur du mouvement contre le CPE, le contrat première embauche, qui avait été proposé en 2006.
L’arrivée de Sophie Binet à la CGT
Sophie Binet restera fermement engagée dans des syndicats, jusqu’à intégrer une branche de la CGT en 2014 : l’UGICT-CGT. Il s’agit de l’Union générale des ingénieurs-cadres et techniciens adhérents à la CGT. Cette année-là, elle sera élue secrétaire générale adjointe.
Là encore, Sophie Binet va gravir les échelons pour devenir co-secrétaire générale en 2018, puis secrétaire générale en novembre 2021. Sa force ? On loue sa connaissance de l’univers de l’industrie. Elle va notamment participer à la création de la Maison des lanceurs d’alerte. La liberté de la presse fait d’ailleurs partie de ses préoccupations principales. Elle va d’ailleurs s’engager, en 2022, sur un projet de loi autour de la protection des lanceurs d’alerte.
La progression fulgurante au sein de la CGT
2022 est l’année où Sophie Binet intègre le bureau confédéral de la CGT. Il s’agit d’une consécration pour celle qui a mené de nombreux beaux projets au sein de l’UGICT-CGT, à commencer par une pétition contre la Loi Travail qui aura récolté, en 2016, plus d’un million de signatures.
Ce qui fait la différence dans le profil de Sophie Binet ? Son engagement au sein du PS qui lui permet d’avoir une forte proximité avec le monde de la politique, tout en conservant un regard distancié et observateur de cet univers, mais aussi les associations et les autres syndicats. Ses combats personnels, notamment sur le féminisme et la liberté de la presse, font d’elle également la candidate idéale pour intégrer le bureau confédéral de la CGT.
La consécration arrivera le 31 mars 2023, quand Sophie Binet sera nommée secrétaire générale de la CGT, en remplacement de Philippe Martinez. Elle récoltera 82% des voix, signe de sa popularité au sein du syndicat.
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PS, liberté de la presse… Les autres engagements de Sophie Binet
Sophie Binet est une femme extrêmement engagée au-delà du simple cercle des syndicats. En effet, elle a rejoint le PS. En 2008, elle va signer une motion portée par Benoît Hamon : Un monde d’avance. Elle va également afficher son soutien aux cadres du parti lors d’élections et prendra position pour Martine Aubry face à François Hollande en 2011, lors des primaires du PS.
Parmi les autres engagements de Sophie Binet, on retrouve aussi le féminisme. En 2018, elle va piloter le collective femme mixité qui s’occupe des questions liées à l’égalité femmes-hommes au sein de la CGT. Elle va aussi participer à la publication d’une tribune sur les violences sexistes et sexuelles dans le monde professionnel et sur le manque d’actions autour de ces thématiques. Elle est également nommée, en 2022, membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes jusqu’en 2025.
Enfin, l’un des trois autres grands piliers qui guident Sophie Binet est la liberté de la presse. Elle a cofondé la Maison des lanceurs d’alerte de la CGT, mais ce n’est pas tout ! Elle a également porté ce sujet à de nombreuses reprises. En 2022-2023, elle publie des chroniques dans le magazine L’Humanité pour évoquer la liberté de la presse. Elle fera également une sortie médiatique remarquée, expliquant à CNEWS qu’elle ne répondra pas à leurs questions. Elle dira vouloir parler uniquement aux « médias qui garantissent la liberté d’expression et la pluralité ».
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT : ses grands chantiers ?
Sophie Binet est aujourd’hui secrétaire générale de la CGT. C’est l’une des plus jeunes personnalités nommées à ce poste. Son fil conducteur ? Toujours la défense des salariés, bien sûr, tout en maintenant une position ferme. Elle avait d’ailleurs expliqué lors de la réforme des retraites vouloir uniquement la suppression du projet de loi. Son projet est bien sûr l’apaisement au sein de la CGT qui a pu paraître parfois désunie.
Autre chantier qu’elle compte mener et qui diffère de son prédécesseur : le changement climatique. Sophie Binet est consciente du besoin d’opérer rapidement une transition verte. Elle a même lancé le Radar Travail et Environnement dont l’objectif est de permettre aux salariés d’une entreprise de pousser cette dernière au changement.
Pour beaucoup, la nomination de Sophie Binet en tant que secrétaire générale de la CGT sera également un moyen pour le syndicat de se redynamiser. Certains adhérents et observateurs extérieurs regrettent l’immobilisme de la Confédération générale du travail qui a permis à la CFDT de prendre de l’avance. Beaucoup considèrent qu’il faudrait que la CGT soit aussi le syndicat des cadres.
Sophie Binet : le salaire de la secrétaire générale de la CGT
Le salaire de Philippe Martinez a fait l’objet de nombreuses spéculations. Certains évoquaient 6 853 euros par mois. Cependant, sa rémunération aurait été, selon les sources, comprise entre 3 440 et 4 250 euros par mois. Il s’agit ici du salaire brut mensuel du secrétaire général de la CGT.
Sophie Binet touche-t-elle le même salaire que son prédécesseur ? Pour l’heure, sa rémunération exacte n’est pas connue. On peut toutefois supposer qu’elle est moins importante que celle de Philippe Martinez. En cause ? L’ancienneté au sein de l’organisation et dans ces fonctions, un critère qui impacte grandement le salaire de la secrétaire générale de la CGT.
Sophie Binet et sa vie privée
Beaucoup s’interrogent sur la vie privée de Sophie Binet. Peu d’éléments sont connus sur son histoire, ses origines ou sa vie privée actuellement. Il faut dire que son statut de secrétaire générale de la CGT ne l’exempt pas du droit légitime au respect de sa vie personnelle. Les seuls éléments connus sont qu’elle est mariée à un officier de la Marine marchande avec qui elle a eu un enfant.
