Comment intégrer le fameux Big Four ? Que faut-il savoir pour réussir le processus de sélection ? Business Cool vous propose d’en savoir plus avec les personnes les mieux placées : ceux qui les ont déjà intégrés. Cet article marque le troisième de nos quatre volets sur le sujet. Prêts ? On poursuit notre recherche avec Melvine, stagiaire chez KPMG, qui nous a fait le plaisir de répondre à nos questions !
Salut Melvine ! Pour commencer peux-tu présenter ton parcours en quelques mots ?
Je suis actuellement en 3e et dernière année à Rennes School of Business. J’ai intégré l’école en 2016, après 2 ans de classe préparatoire dans le lycée Charles de Gaulle, à Caen. En cours, j’ai rapidement pris goût pour la comptabilité et la finance d’entreprise au sens large. J’ai donc décidé d’effectuer mon année de césure dans ce milieu, à mon retour d’échange, en septembre 2018. J’ai ainsi découvert l’audit au sein du bureau rouennais de PwC, puis l’expertise comptable dans un cabinet comptable indépendant caennais. Après ma césure, j’ai décidé de me spécialiser dans les métiers de la finance d’entreprise, j’ai donc rejoint le programme « Audit et Expertise Comptable » de l’école afin d’être mieux formé à ces métiers. Dans le cadre de ma dernière année, j’ai ainsi rejoint KPMG afin d’y effectuer mon stage de fin d’études.
Peux-tu nous parler plus en détails du processus de recrutement chez KPMG. Comment se déroule-t-il en audit ?
D’abord je veux préciser que le processus de recrutement des Big Four peut changer entre leurs bureaux parisiens et les bureaux de région. Étant actuellement en poste chez KPMG Caen, je pense que le processus de recrutement que j’ai suivi ne sera sans doute pas applicable à KPMG à La Défense. Je distinguerai deux temps forts dans le processus :
- L’entretien RH. Il s’effectue avec un membre des ressources humaines du cabinet ou un opérationnel qui a décidé de prendre cette casquette dans les bureaux qui ne disposent pas de RH. Lors de cette étape, il faudra surtout expliquer pourquoi l’audit intéresse le candidat et ce qui lui plait dans le métier d’auditeur. L’entretien tournera également autour des habituelles questions sur les qualités et défauts ou encore le comportement du candidat en équipe. À noter qu’on fournira au candidat un test de personnalité à effectuer avant l’entretien. Ce test prend la forme d’un QCM d’une quarantaine de questions permettant de mieux cerner la personnalité du candidat.
- L’entretien avec des opérationnels. Ils peuvent aussi bien être des auditeurs seniors que des managers. Il sera ici question des précédentes expériences professionnelles du candidat et ce qu’il en a appris. Bien évidemment, le niveau technique en comptabilité pourra être testé tout au long de l’entretien si le candidat l’affiche comme un atout. Cet entretien tournera également autour de la connaissance du candidat du métier de l’audit : Qu’est-ce que l’audit ? Pourquoi est-ce important ? Qu’est-il attendu d’un auditeur (junior/stagiaire) ? Quelles sont les phases d’un audit ? Toutes ces questions pourront être abordées lors de l’entretien et il est capital que le candidat sache y répondre. Les opérationnels pourront également revenir sur des questions traitant du comportement du candidat en équipe ou ses qualités et pourquoi elles pourraient être utiles en audit. Les réponses devront être aussi concrètes que possible et, si le candidat le peut, il doit les connecter au métier de l’audit.
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Pour parler de ton expérience, comment as-tu vécu cette sélection ?
D’abord, le processus de recrutement chez KPMG m’est apparu rapide. Seulement quelques jours après l’entretien RH, j’ai pu effectuer celui avec les opérationnels. J’ai obtenu ma réponse environ deux semaines plus tard. Il s’agit d’un délai de réponse plutôt rapide compte tenu du nombre de candidatures chez KPMG. Je n’ai donc pas beaucoup stressé en attendant leur réponse. Néanmoins, il existe toujours un délai de traitement assez long des candidatures : il faut compter plus d’un mois entre la candidature sur leur site internet et le retour par mail ou téléphone des RH !
Ensuite, j’ai eu peur de m’y prendre trop tard. En effet, les cabinets d’audit bouclent leurs recrutements plusieurs mois, si ce n’est un an, avant la date de début de stage. Dans mon cas, j’ai commencé à postuler en janvier 2019 pour démarrer en novembre 2019. J’ai ensuite passé mes entretiens dans le courant du mois de mars 2019 et ai obtenu ma réponse définitive à la fin mars 2019. Je pense donc que les bureaux de province concluent leurs recrutements un peu plus tard que le bureau parisien. Il est cependant vrai qu’il faut s’y prendre bien à l’avance pour ne pas rater le coche !
J’ai également redouté le test de personnalité. Le test en lui-même n’est pas difficile mais il s’agit d’un exercice où l’on ne sait pas s’il y a de bonnes réponses. On est tiraillé entre l’idée d’être honnête et soi-même et celle selon laquelle le cabinet attend des réponses bien précises. Finalement, ce test n’a pas été utilisé lors de mon entretien RH, ce qui me conforte dans l’idée qu’il n’y a sans doute pas de bonnes réponses et que ces tests cherchent seulement à vérifier la cohérence des propos du candidat.
Enfin, comme tout le monde, je pense, j’ai beaucoup stressé pour les entretiens. On se met en général beaucoup de pression, car il s’agit d’une grande entreprise et l’on pense que les attentes sont immenses. Néanmoins l’entretien RH reste somme toute « classique » et une bonne préparation préalable permettra d’en venir à bout. L’entretien avec les opérationnels fut, pour moi, nettement moins formel que l’entretien RH. Je redoutais la question déstabilisante du type : « Combien y a-t-il de fenêtres sur l’Empire State Building ? » J’avais entendu dire que cette question avait mis en difficulté un autre candidat lors d’une séance de recrutement chez EY. Mais je n’ai eu aucune question de ce type. Je m’attendais aussi à devoir réaliser une étude de cas, ce ne fut pas demandé non plus. J’ai passé cet entretien avec deux managers très agréables qui m’ont mis rapidement à l’aise. Cet entretien a bien plus pris la forme d’une discussion, d’un échange, que d’un véritable entretien. Il faut garder à l’idée que les entretiens ne sont pas le cœur de métier des opérationnels. Ils chercheront davantage à discuter avec le candidat plutôt qu’à conduire un entretien. Le candidat est donc invité à prendre la parole et à poser des questions !
Une fois recruté et intégré aux équipes de KPMG, comment as-tu vécu ton stage ? Y a-t-il une différence entre l’image que tu avais de l’entreprise au premier abord et ce que tu as vu par la suite ?
Malgré leur apparence de grosses multinationales très hiérarchiques, les Big Four n’hésitent plus à faire tomber les murs entre les grades et KPMG ne fait pas exception à cette règle. Dès notre arrivée, on est impressionné par la proximité qu’il existe entre les juniors/stagiaires et les seniors mais également entre les juniors/stagiaires et les managers. Elle reste finalement normale puisqu’ils travaillent ensemble chaque jour. Le tutoiement est de rigueur et des évènements (afterworks…) comme celui de Noël permettent de parler de sujets plus décontractés.
Par ailleurs, avant d’intégrer KPMG, j’avais en tête un système de notation anxiogène mais il n’en n’est rien ! Chaque stagiaire se voit affecter un « Performance Manager » (en général un manager ou senior manager) avec qui il fixe des objectifs variés et suit son avancement grâce à plusieurs entrevues durant le stage (en général deux : une à l’arrivée et l’autre à la fin du stage). La notation intervient également après chaque mission de plus de 35h, le senior fournit un feedback au stagiaire sur sa prestation et lui donne les éventuels axes d’amélioration.
De manière générale, on se sent bien chez KPMG et on est bien loin de l’image des grosses entreprises qui broient leurs collaborateurs. Certes, on travaille beaucoup dans un grand cabinet et il faudra souvent ne pas compter ses heures, mais le cadre de travail reste toujours agréable car on peut compter sur le soutien des seniors et des autres juniors chaque jour. Il existe une vraie camaraderie entre les collaborateurs de KPMG, bien loin de la compétition qui y est souvent dépeinte.
Pour terminer, as-tu un conseil ?
Il n’est pas nécessaire d’être un crack de la comptabilité pour rejoindre un grand cabinet. Ils cherchent désormais à diversifier les profils de leurs collaborateurs. Il faudra alors démontrer aux recruteurs vos capacités d’organisation et de travail en équipe par des expériences professionnelles, associatives ou mêmes ses centres d’intérêt.
Alors à vos préparations et bonne chance !