Simon Boypa JO Paris 2024
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Simon Boypa : de Grenoble EM aux JO de Paris 2024

Simon Boypa est étudiant du Programme Grande École de Grenoble EM. En parallèle, cet athlète de haut niveau se prépare à passer les sélections pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Pour Business Cool, il a accepté de se confier sur son histoire, ses ambitions sportives, mais aussi professionnelles.

 

Le parcours de Simon Boypa

Comment résumer ton parcours académique ?

Simon Boypa JO Paris 2024J’ai obtenu mon bac S spécialité physique-chimie en 2017. Je suis ensuite entré en business school avec une spécialisation autour du sport. J’ai fait trois ans là-bas et je n’ai pas souhaité poursuivre en master. Je veux travailler dans le monde du sport, mais je me suis rendu compte qu’il fallait que j’intègre une école de commerce plus généraliste, en orientant mes expériences professionnelles autour du sport.

J’ai donc passé les concours de GEM et j’ai intégré le PGE en master, que j’effectue en 4 ans en tant que sportif de haut niveau. J’ai un parcours adapté qui permet de préparer les JO et je suis actuellement en toute dernière année. J’ai déjà rendu mon mémoire et cette année je dois valider mon TOEIC et mes spécialités.

 

Et ton parcours sportif ?

J’ai commencé l’athlétisme au collège, poussé par mon professeur de l’époque. Il a insisté pendant un an avant que je n’essaie, mais j’ai adoré. J’ai commencé au CAO 78, à Saint-Germain-en-Laye. Avant le COVID, mon club a été dissout et je m’entraîne depuis 2020 à Cergy-Pontoise.

Quand j’étais au CAO 78, j’ai fait plusieurs sélections et podiums. J’ai été premier au 4x100m du festival olympique de la jeunesse européenne, j’étais finaliste presque tous les ans dans les catégories cadets, jeunes et espoir. En 2020, j’ai mis un coup de collier sportif avec l’approche des JO et j’ai vraiment explosé en 2022. Je bossais à plein temps à l’INSEP en tant en tant que chargé de communication digitale et relations presse. J’ai été 3e aux championnats de France, 7e aux championnats du monde et 3e aux championnats d’Europe. C’était l’euphorie !

Je suis rentré avec la volonté de garder la même équipe, mais l’année dernière était particulière. J’ai fini 6e au championnat de France en salle et, sur l’été, je n’étais pas en forme. J’ai fini 5e aux championnats de France. Je m’étais vraiment surentraîné et je suis tombé en burn-out sportif. Je n’avais plus envie de m’entraîner, je ne savais plus pourquoi je faisais ça… C’était une grosse période de remise en question.

Aujourd’hui, mon but est de participer au relai 4x400m aux JO de 2024, même si je sais que je serais à mon prime sportif entre 27 et 29 ans et je vise aussi une participation en individuel aux JO de Los Angeles.

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Simon Boypa et sa relation au sport

Qu’est-ce qui t’a attiré dans l’univers de l’athlétisme en particulier ?

Simon Boypa JO Paris 2024J’ai mis un an à apprécier l’athlétisme, car c’était assez dur. Même à 12 ou 13 ans, c’était douloureux, surtout le cross-country et le demi-fond. Quand je faisais du cross-country, un coach de l’équipe m’a initié à ma première vraie séance d’athlétisme. J’ai découvert le sprint, le saut en longueur… Après deux semaines d’entraînement, je gagne ma première compétition et ça commence à me plaire.

Au début, je m’entraînais 2 à 3 fois par semaine, car je pratiquais le tennis de table à côté et j’étais en horaire aménagé pour ce sport, justement. J’ai jonglé entre les deux pendant un an, puis mon coach m’a dit qu’il fallait faire un choix si je voulais aller plus loin. L’année de mes 14 ans, j’ai opté pour l’athlétisme. Je commençais à réussir et mes meilleurs amis ont rejoint le club. C’est comme ça que je suis resté dans cet univers !

 

Comment vas-tu aujourd’hui ? Quel est ton rapport au sport après ton burn-out ?

Après les championnats du monde, j’ai coupé pendant trois semaines. C’était la première fois que je me coupais autant du sport. J’ai décidé de changer mes habitudes, à commencer par mon équipe. J’ai changé de préparatrice mentale, j’ai restreint mon équipe et j’ai donné plus de responsabilités à mon préparateur physique.

D’un point de vue psychologique, je retrouve du plaisir à aller à l’entraînement. Aujourd’hui, je veux plus m’écouter. L’objectif reste le même, mais je suis content d’avoir commis ces erreurs cet été. Je sais désormais gérer la pression et les attentes, contrairement à avant.

 

Comment gères-tu ton stress ?

Mon secret c’est d’accepter que le stress soit normal. Mon petit conseil, c’est que, la semaine de la compétition, j’essaie de ne pas en parler. Je vois du monde extérieur à l’univers de l’athlétisme. Je passe du temps avec mes proches, ma famille… Je fais également beaucoup de méditation, de visualisation et d’exercices de préparation mentale pour relâcher la pression et être prêt le Jour J.

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Sportif et étudiant : la double vie de Simon

Aujourd’hui, tu es partagé entre ta vie d’étudiant et de sportif de haut niveau. Pourquoi avoir décidé de poursuivre tes études après le bac ?

Merci papa. Merci maman. L’année du bac, je rate les championnats de France et je ne suis pas sélectionné pour les championnats d’Europe juniors. C’est un premier coup de massue que j’ai très mal vécu. C’était l’année Parcoursup et je me suis posé beaucoup de questions. Dans ma tête, j’allais faire de l’athlétisme à temps plein pendant 1 ou 2 ans et je pouvais aller aux JO Tokyo. Je ne me rendais pas compte du gouffre de niveau qu’il y avait. Je n’étais pas dans la réalité.

J’avais également l’opportunité d’étudier aux États-Unis, dans les plus grandes universités américaines, grâce aux bourses que l’on m’offrait, mais je n’étais pas assez mature pour le faire et c’était beaucoup d’incertitudes. Mes parents voulaient vraiment que je poursuive mes études et ils m’ont poussé à aller en école de commerce.

Après mon diplôme de niveau bac+3, je savais que je voulais travailler dans le monde du sport, que ce soit pour un grand club ou une grande marque. Et, pour cela, j’ai compris qu’il fallait une belle école, se faire son réseau. Je me suis à nouveau posé la question des États-Unis, mais j’ai passé les concours de Grenoble EM et je les ai réussis.

 

Comment arrives-tu à jongler entre les deux ?

J’ai un parcours atypique. J’ai toujours combiné le sport et les études, mais je ne l’ai jamais fait au sein de programmes adaptés. J’ai même jonglé entre sport et alternance. Au niveau sportif, c’était compliqué. Je me suis beaucoup blessé, car je tirais sur la corde. Quand j’ai pu rentrer à GEM, juste après le COVID, rentrée septembre 2020, c’est là où j’ai commencé à être meilleur sur le niveau sportif.

Aujourd’hui, j’ai un aménagement spécial qui permet de cocher mes disponibilités sur un logiciel, chaque semaine. Ensuite, les cours sont soit en asynchrone, où on travaille de notre côté les exercices et le professeur répond à nos questions, soit en cours magistral avec des dossiers à rendre à une certaine date. Je m’entraîne 8 à 9 fois par semaine, donc je place un maximum de cours sur mon jour de repos. L’avantage, c’est que les cours que je ne peux pas suivre sont enregistrés. Grenoble EM permet également de décaler certains rendus ou partiels.

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Simon Boypa aux JO de Paris 2024 ?

Simon Boypa JO Paris 2024

Pourquoi avoir décidé de candidater aux sélections aux JO ?

Il faut comprendre qu’on ne se lève pas un matin en se disant : « J’ai envie de participer aux JO ». Il y a énormément de travail pour être prêt le Jour J et beaucoup de critères à respecter. On va étudier tes temps, tes palmarès, tes expériences passées et tes performances sur toute la saison.

Quand j’ai commencé l’athlétisme, mon coach de l’époque m’avait dit que ce qui comptait, c’était les grands championnats. Il m’a motivé à faire les Jeux olympiques. C’est aussi une énorme fête du sport qui réunit tous les sportifs de la planète. C’est l’événement sportif le plus regardé au monde ! Et pouvoir se dire qu’on est Olympien, qu’on fait partie de ce club très fermé, c’est motivant.

 

Comment appréhendes-tu cette expérience ?

J’ai super hâte, je suis super excité. Les Jeux sont à la maison, donc c’est très cool ! Je suis vraiment dans l’excitation. Le revers de la médaille, c’est que j’imagine une potentielle blessure, avoir le COVID… Il y a plusieurs facteurs qui font que je ne pourrais pas participer. Mais, ce que je retiens, c’est le voyage que j’ai fait pour arriver jusque-là. J’ai beaucoup appris. Si je ne suis pas pris, je continuerai à apprendre et je réessaierai en 2028 et en 2032. J’ai la chance d’être encore jeune et je n’ai pas à rougir de mes résultats.

 

Comment imagines-tu la suite pour toi, que ce soit dans l’univers professionnel ou sportif ? Est-ce que tu prépares une reconversion ?

La reconversion est un sujet important. Je vais être diplômé cette année et je ne peux pas vivre de l’athlétisme. Je ne gagne que 800€ par mois. Heureusement, le club m’aide financièrement, tout comme quelques institutions publiques. Mais je n’ai pas de partenaire privé. J’ai juste un contrat textile avec une marque danoise que je remercie. Cependant, c’est uniquement du défraiement de matériel. Sans mes parents et sans mon club, j’aurais dû faire des choix entre partir en stage d’entraînement ou payer mes factures. C’est une réalité que vivent beaucoup de sportifs qui préparent les Jeux olympiques.

Ce sujet est très important. Durant les semaines de championnat, on nous pousse à nous transcender, à être à 100%, mais c’est déjà ce qu’on souhaite. Malgré tout, beaucoup de sportifs doivent choisir entre bien se préparer et payer les factures. On ne s’en rend pas compte quand on voit les salaires faramineux de certains sports, mais c’est la réalité de nombreux sportifs. Dans les pays anglo-saxons, il est totalement possible de concentrer sur la pratique du sport avant les JO. Il y a une vraie professionnalisation du sport.

Ainsi, je me prépare à entrer dans le monde du travail. Je pense trouver un job à mi-temps, dans l’univers du sport, pour continuer ma pratique à haut niveau. Je pense commencer à postuler autour de mai-juin pour débuter en septembre. Cela me permettra d’être dans une situation plus stable et d’affronter plus sereinement quotidien.

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