Le 3 décembre dernier, l’association Tribunes ESCP Europe a reçu Cédric Villani, député LREM de l’Essonne et candidat dissident de la Macronie aux élections municipales de Paris qui est revenu sur son parcours et sur sa candidature actuelle.
Mathématicien, professeur et maintenant homme politique, Cédric Villani fut directeur de l’Institut Henri-Poincaré de 2009 à 2017, lauréat de la médaille Fields en 2010, député en 2017 avant de candidater à la Mairie de Paris en 2019.
La candidature de Cédric Villani à la Mairie de Paris
Interrogé sur son choix d’être candidat dissident, Cédric Villani affirme que son but est « d’être la personne qui apporte le bon projet pour Paris ». Il a d’ailleurs beaucoup insisté sur son indépendance vis-à-vis de l’appareil politique, qui serait synonyme de crédibilité. « Paris a besoin de liberté et le fait de ne pas être dépendant d’un parti politique me permet de créer un rassemblement. »
Selon lui, avoir fait partie de la société civile et avoir travaillé sur des sujets d’avenir pour Paris, comme l’éducation, sont ses principales forces dans cette campagne qui s’avère déjà bien complexe. En effet, selon les sondages tous les candidats affichent entre 10% et 20% d’intentions de vote.
Les grands enjeux parisiens
Sur la question cruciale du logement, le candidat demande la mise en place d’actions concertées par des spécialistes, parmi lesquelles : l’encadrement des loyers, la collaboration avec les voisines communes, l’évolution de la fiscalité, l’incitation à la location des appartements vacants ou encore la régulation du géant Airbnb.
En ce qui concerne l’écologie, selon lui « la bataille des cœurs est déjà gagnée, mais la grande bataille à mener est celle de l’action efficace. » Il s’agit de faciliter la circulation, de favoriser les circuits courts et de mettre en place une vraie rénovation thermique des logements.
Le mathématicien a également abordé la question de l’autisme et plus généralement de l’intégration des personnes handicapées. En tant que président de l’association Musaïques [association sociale et culturelle, NDLR], Monsieur Villani rappelle qu’inclure les personnes neuro-atypiques c’est surtout leur donner les moyens de créer et de s’impliquer à travers l’écosystème associatif. Il faut donc des subventions pour faire vivre cet écosystème.
Pour répondre à une question du public, le député s’est engagé à diminuer drastiquement le nombre de sans-abris dans les rues de Paris. L’essentiel est de miser sur les logements sociaux, les associations d’aide et de se fixer des objectifs réalisables.
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L’intelligence artificielle, un sujet de prédilection
Dans son rapport, AI for humanity, Cédric Villani insiste sur la nécessité de créer un réseau d’instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle, de mettre en place un supercalculateur conçu spécifiquement pour les applications d’IA ou encore de rendre plus attractives les carrières dans la recherche publique afin d’éviter la fuite des cerveaux vers les géants américains. Il appelle à plus de coopération au niveau européen, notamment avec la possibilité de créer un « Airbus de l’IA ».
Cédric Villani et les mathématiques
Alors que la réforme du baccalauréat vient de se mettre en place, le député LREM s’inquiète du niveau des élèves français en mathématiques. Pour remédier à cette tendance, il propose d’abord une refonte de la formation des enseignants : « les mathématiques, cela demande des enseignants qualifiés et motivés. » Ensuite, il s’agirait de viser la réduction des inégalités par l’éducation dès le plus jeune âge.
Enfin, Cédric Villani soutient l’idée de s’inspirer du modèle de Singapour, à savoir travailler les fondamentaux en profondeur – addition, fraction, multiplication, nombres décimaux – sur plusieurs années afin de les maîtriser parfaitement avant d’étudier des notions plus complexes.
Article rédigé par Domiziano Ambroset, Tribunes ESCP Europe