Smaïn était agent de police ferroviaire pour la RATP. Il y a quelques mois, c’est le déclic. Il quitte son job et s’oriente vers les écoles de commerce. Son souhait ? Travailler dans l’univers des cosmétiques. Aujourd’hui étudiant à NEOMA, en échange au Maroc, il revient sur son parcours atypique.
Le parcours de Smaïn avant NEOMA
Peux-tu revenir sur ton parcours avant NEOMA ?
J’ai repris mes études en 2019. J’ai commencé par une formation pour adulte, il s’agissait d’un BTS en un an, donc un programme très intensif. J’ai même pu conserver mon salaire pendant un an. J’avais quitté mes études en échec scolaire. J’ai eu mon bac à la limite, vers 10. Mais durant ce BTS, j’ai eu 18 de moyenne et j’ai réalisé que les études n’étaient pas si difficiles que ça. Ça m’a donc redonné confiance en moi et j’ai voulu repartir sur une année d’études.
Arrive la pandémie. J’ai pu me préparer aux concours avec un organisme d’accompagnement qui m’a permis de cadrer mon travail. J’ai préparé le TAGE MAGE et j’ai eu un bon score. J’ai passé ECRICOME et TBS et j’ai eu toutes les écoles. Elles ont d’ailleurs particulièrement apprécié mon profil puisque j’ai eu de très bonnes notes à tous mes entretiens.
Pourquoi avoir décidé de devenir agent de police ferroviaire ?
C’est le premier job qui est arrivé à moi. Quand je suis arrivé sur Paris, je vivais chez un ami qui travaille à la RATP. J’avais besoin d’argent et je suis rentré dans le processus de la RATP. C’est une place qui est confortable quand on n’est pas qualifié. Les horaires de travail sont cools, le salaire et les avantages sont intéressants. C’est bien quand on n’a pas de diplôme, mais c’est aussi une prison dorée. Et puis, c’est un métier particulier où est confronté à la colère en permanence.
Lire aussi : Emmanuel Jacob : Gendarme et étudiant à NEOMA
L’arrivée en école de commerce
Qu’est-ce qui t’a poussé à tout quitter pour aller à NEOMA ?
Très sincèrement, c’est mon entourage. Je ne savais pas du tout ce qu’était une école de commerce, ce que c’était de faire des études. Autour de moi, être fonctionnaire, c’est déjà un accomplissement. Et j’étais heureux dans mon job, les premières années.
Mais, en allant sur Paris, j’ai pu revoir mes amis qui me parlaient de leurs études. L’un d’entre eux a fait un échange en Australie, il est devenu trader sur place et aide sa famille tous les mois. Je suis resté en contact avec lui et il m’a incité à changer ma vie à une période où j’étais moins épanoui dans mon métier. Il m’a montré qu’il y avait d’autres voies.
Pourquoi rejoindre une école de commerce ?
J’étais toujours passionné de cosmétiques et je me suis renseigné sur ces métiers. Beaucoup de gens disent que les écoles de commerce ne servent à rien, que je pouvais trouver les cours sur internet, etc. J’ai l’avis opposé. J’ai intégré l’école de commerce parce que c’est la voie idéale pour travailler dans ce secteur.
L’école de commerce donne des bases et une vue globale sur l’entreprise. Je sais parler avec des gens qui sont RH, en supply chain…. Demain, si j’ouvre une entreprise et que je me mets à échanger avec un comptable, je sais de quoi je vais parler. C’est ça une école de commerce ! Ça donne un socle de connaissances communes qui permet d’échanger avec toutes les personnes en entreprise. Ensuite, si j’ai choisi NEOMA, c’est parce que je voulais une école bien classée et que j’avais eu un coup de cœur sur cette école.
Est-ce que tu regrettes ton choix ?
Je ne regrette absolument pas mon choix. Il faut être conscient qu’être en école de commerce, c’est un atout. Quand j’étais en BTS ou en licence, j’ai galéré pour trouver mon stage. À NEOMA, j’ai juste eu à cliquer sur un bouton pour passer des entretiens à L’Oréal. L’école m’a accompagné pour faire mon CV et m’a permis de m’entraîner avec des RH. Ils m’ont donné tous les codes pour réussir.
Lire aussi : Mélodie, élève-ingénieure et championne du monde de judo
Stage, échange au Maroc… L’expérience étudiante de Smaïn
Comment s’est déroulé ton stage à L’Oréal ?
C’était mon rêve de travailler dans cet univers. Le moindre changement chez L’Oréal a un impact important sur tout le monde et c’est incroyable. J’ai réalisé mon stage chez Garnier, j’ai énormément appris. Ça a été difficile, mais j’étais accompagné du mieux possible. Si des gens ont l’opportunité de faire un stage chez L’Oréal, ils vont être surpris du niveau d’exigence et de la qualité du stage. Au niveau du salaire, tu es rémunéré un SMIC. Quand on ne vient pas du milieu des écoles de commerce, c’est important. J’ai découvert tellement de choses, j’ai pu faire des propositions sur ce qui est indiqué sur les emballages. Pour moi qui adore ces produits-là, ça a été une grande fierté. C’était un stage très enrichissant, j’ai adoré.
Tu es actuellement en échange au Maroc. Pourquoi ce pays ?
Je voulais partir en Australie, comme mon ami, mais je ne souhaitais pas copier-coller son parcours. Je suis un passionné de cosmétique et c’est au Maroc qu’on retrouve les produits de base : huile d’argan, figue de barbarie… Je voulais être présent directement dans un pays qui produit ces matières premières. Mon objectif, c’est d’essayer de proposer mes propres produits cosmétiques. J’ai envie de partager mon histoire, ma vision de la beauté et des cosmétiques.
L’entrepreneuriat fait donc partie de ton projet pro ?
Bien sûr, mais j’ai encore plein de choses à apprendre. J’aimerais passer par l’univers de l’entreprise pour acquérir de nouvelles connaissances. On ne peut pas imaginer tous les éléments qui rentrent en compte dans le succès d’un produit. Je vais devoir découvrir tout l’univers d’internet. J’ai hâte de me lancer, mais je ne suis pas pressé. Je veux vivre pleinement ce processus d’apprentissage.
Lire aussi : Dans les coulisses de la sélection de l’incubateur parisien de NEOMA BS
Les conseils de Smaïn pour ceux qui veulent reprendre leurs études
Pourquoi avoir lancé une chaîne TikTok ?
Je ne connaissais rien au montage et je me suis lancé début septembre. Je voulais partager mon histoire. Je suis arrivé en école de commerce, en me disant : « Je vais être bizarre, les gens vont me dire « on a 20 ans, il en a 30, qu’est-ce qu’il fait là ? ». C’est l’opposé. Même ceux qui viennent d’autres milieux sont bluffés. Ils sont étonnés et m’encouragent.
Je suis sûr qu’il y a des gens qui se demandent s’ils doivent reprendre leurs études, mais ils ne le font pas, car ce ne sont pas des discours qu’on a l’habitude d’entendre. Donc je voulais partager mon histoire. Ça me conforte dans mon choix, car, parfois, j’ai douté.
En une semaine, j’ai déjà eu 750K vues. Il y a beaucoup de gens, dans les commentaires, qui évoquent le fait qu’ils reprennent leurs études. Beaucoup de jeunes me disent que mes TikToks leur permettent de continuer les études. Ça a parlé aux gens et je suis très content.
@smain_demissionne En vrai ça manque un peu la RATP Money 😂 #demission #ecoledecommerce #cosmetique #skincare #france #formation #sport
Un conseil pour ceux qui s’enferment dans leur métier qu’ils n’aiment pas forcément ?
Le conseil que je pourrais donner, c’est de se demander ce qui nous fait peur. Les peurs ne sont pas rationnelles. Je me suis fait accompagner psychologiquement, car c’est difficile de remettre sa vie en question. Je me suis aperçu que mes peurs n’étaient pas rationnelles. La première peur, c’est d’être à la rue, mon psy m’a dit : « au pire, vous allez dans une agence intérim et vous travaillez ». C’est un tabou pour beaucoup, mais ça m’a permis d’aller plus loin dans mon projet et de le faire de façon apaisée.
Lire aussi : NEOMA : une rentrée sous le signe du développement durable
