Reed Hastings a révolutionné le monde du divertissement avec le lancement de Netflix, en 1997. Le géant du streaming n’était au début qu’une simple société de vente de DVD sur Internet. C’est en 2007 que la société se diversifie et s’ouvre à de nouveaux services. Zoom sur le parcours de Reed Hastings, le génie qui se cache derrière cette plateforme qui a transformé nos usages.
Reed Hastings détient aujourd’hui 1% de Netflix qui est entrée en bourse en 2002. Avant son aventure Netflix, il avait vendu sa première société de logiciels qu’il lance en 1991, Pure Software, et qui avait connu un grand succès. Mais l’ingénieur qui résidait en lui n’était pas forcément en accord avec le poste de PDG qu’il occupait. Il se remémore : « J’ai essayé de me virer deux fois, mais sans succès. » La société est vendue finalement à hauteur de 700 millions de dollars, en 1997.
En 1997, il crée Netflix qui fonctionnait à l’origine comme un service d’abonnement de DVD et est devenu, au fil du temps, un service de streaming vidéo proposant de nombreux films, émissions et séries ainsi que de contenu original. Elle compte aujourd’hui 221 millions de clients à travers le monde.
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Biographie de Reed Hastings : Enseignement, entrepreneuriat…
Reed Hastings est né le 8 octobre 1960 à Boston. Il est le fondateur de Netflix et est membre du conseil d’administration de Facebook. Il est né dans une famille très aisée, fils d’un père avocat ayant travaillé dans l’administration de Richard Nixon pour le ministère de la Santé, de l’Éducation et du Bien-Être. « Il vient de la plus haute société américaine, on pourrait presque parler de noblesse », souligne Gina Keating, une ex-journaliste de l’agence Reuters, qui l’a suivi de longues années avant de sortir un livre sur son aventure entrepreneuriale, « The Epic Battle for America’s Eyeballs » (Portfolio Hardcover, 2012).
Reed Hastings décide de rejoindre l’Université Bowdoin dans le Maine où il décroche un diplôme de mathématiques. Ensuite, il intègre le corps des Marines avant d’enseigner durant trois ans les mathématiques comme volontaire du Peace Corps au Eswatini. Il reprend par la suite ses études à l’Université Stanford en intelligence artificielle. Il fonde, en octobre 1991, Pure Software, une société dont le but était de faciliter l’utilisation du système d’exploitation et qui a donc été revendue en 1997 pour 700 millions de dollars.
Le jeune entrepreneur se retrouve avec une belle somme en poche, il décide alors de se lancer dans un nouveau projet avec l’aide de son associé, Marc Randolph. L’idée de Netflix lui est venue après avoir payé 40 dollars un film qu’il avait loué et rendu trop tard.
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Reed Hastings : la folle aventure Netflix et la séparation avec Marc Randolph
Si, à l’origine, Netflix était un service de location de DVD par abonnement et par correspondance, Marc Randolph et Reed Hastings ont opéré un changement pour créer une plateforme de divertissement sur laquelle les internautes pourraient accéder librement à une bibliothèque de contenus achetés à bas prix aux studios qui ne reconnaissaient pas la valeur de ce qu’ils avaient entre les mains.
Dans les années 2000, Reed Hastings prend le contrôle de Netflix et écarte son associé, Marc Randolph, marquant ainsi son terrain. « Au tout début, l’entreprise était dominée par le marketing et les créatifs. Ce sont eux qui ont inventé l’interface, qui ont vraiment réfléchi à la façon dont les gens utiliseraient le site. Reed n’avait aucun appétit pour cet aspect des choses. Aux yeux des ingénieurs, en revanche, il était une rockstar », explique Gina Keating.
Reed Hastings avait de grandes ambitions pour Netflix et avait pour volonté de faire de son entreprise une multinationale. C’est un pari réussi étant donné que la plateforme compte à son actif aujourd’hui des millions d’utilisateurs à travers le monde. Le CEO de Netflix est un passionné d’algorithmes. En 2005, il passe ses vacances de Noël, non pas à profiter de sa famille, mais à concevoir une formule mathématique supérieure à celle inventée par ses ingénieurs. Netflix est désormais connu pour la puissance de ses algorithmes qui suggèrent aux utilisateurs du contenu qu’ils sont susceptibles d’apprécier.
Au milieu des années 2010, Netflix a opté pour la création d’oeuvres originales : films, séries, dessins animés, contenus interactifs et maintenant jeux vidéos… Désormais, Reed Hastings a fait de Netflix l’un des plus gros studios de production de tout Hollywood. La plateforme ne dépend plus du contenu d’autres grosses firmes qui se sont lancées elles aussi dans la course au streaming.
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Les enseignements et leçons de management de Reed Hastings
D’après le livre No Rules Rules: Netflix and the Culture of Reinvention, il est important pour l’entreprise de donner une certaine liberté à ses employés. Leur performance passe avant tout par la confiance. Chez Netflix, les employés n’ont pas de congés maladie ni de vacances imposées. Chacun est libre de gérer son temps comme il le souhaite.“Nous n’essayons pas de rendre nos employés heureux, nous essayons de les rendre productifs.” Reed Hastings, quant à lui, ne renonce pas à ses jours de congé et pose six semaines par an pour prendre du recul et se focaliser sur son bien être “physique et mental”. Il affirme ainsi que ces longues pauses le rendent beaucoup plus efficace.
En outre, Netflix adopte une politique de transparence. Si, dans certaines boîtes, les données financières sont secrètes, ce n’est pas le cas au sein de plateformes de streaming. Cela crée ainsi un plus grand sentiment de responsabilité et d’appartenance.
L’une des méthodes de management adoptées par Netflix et Reed Hastings est le keeper test (test du gardien) : Reed Hastings ne veut garder dans son entreprise que les collaborateurs pour lesquels leurs responsables seraient prêts à tout pour les conserver dans leur équipe.
Une autre méthode utilisée par Reed Hastings est les 360 degree feedback dinners. Il s’agit de dîners annuels où se retrouvent les membres de chaque équipe pendant de longues heures. À tour de rôle, chaque membre de l’équipe prend la parole et donne son opinion sur une personne en particulier, en lui listant ses forces et ses faiblesses. « Au départ, j’étais choquée. Mais après avoir interviewé 200 personnes, je me suis rendu compte que les gens aimaient cet exercice. La première fois, vous vous rendez à ce dîner un peu tendu. Mais en réalité, chacun essaie d’être généreux et d’aider la personne qui est critiquée. Ce dîner demande du courage, mais il permet aussi à chacun de mieux se connaître », se remémore Erin Meyer.
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Les principes clés de Reed Hastings
L’organisation de Reed Hastings repose sur trois principes importants :
- Attirer les meilleurs talents et les conserver peu importe le coût.
- Promouvoir la transparence organisationnelle.
- Supprimer les contrôles (jours de vacances, contrôles hiérarchiques).
En 2001, Netflix a dû supprimer 120 postes. Alors que Reed Hastings était convaincu que ces départs allaient avoir un impact sur l’ambiance au travail, c’est le contraire qui a eu lieu. En choisissant d’éliminer ceux qui produisaient un travail passable, le PDG a constaté une augmentation de « la densité de talent ». Ce qui signifie que la qualité de travail de chacun, qu’elle soit bonne ou mauvaise, est contagieuse. Ceux dont le travail est moyen affecte forcément tous les autres et la qualité des discussions de groupe perd en pertinence.
Reed Hastings a appliqué ce même principe au cofondateur de Netflix, Marc Randolph. Il a convaincu ce dernier de rendre 650 000 actions qu’il possédait à l’époque et de renoncer à ses fonctions hiérarchiques.
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Le caractère très particulier de Reed Hastings
Reed Hastings adopte une stratégie de rémunération attrayante et recrute des personnes dévouées et passionnées. Mais l’ambiance au travail n’est pas forcément chaleureuse. Le PDG détaille : « Nous ne sommes pas une famille ». L’entrepreneur à succès est extrêmement exigeant et ne supporte pas les « connards brillants ». C’est pour cette raison que les licenciements sont très fréquents et les indemnités importantes. À titre d’exemple, en septembre 2001, Reed Hastings avait mis un terme au contrat de 40% de ses effectifs.
Par ailleurs, le patron de Netflix n’a pas toujours pris les bonnes décisions, comme le démontre l’exemple de sa terrible décision, en 2011, d’augmenter de 60% le tarif d’abonnement combiné DVD-streaming. Il n’était qu’une question de temps avant que Netflix ne perde 800 000 abonnés et voie son cours en Bourse chuter de 74%.
Reed Hastings a une personnalité très forte et légèrement égocentrique : « Le fait d’avoir eu si souvent raison le pousse quelquefois à l’arrogance. Avant que ses communicants ne le corrigent, il avait parfois tendance, avec les journalistes, à lever les yeux au ciel et lâcher : « Quelle question stupide ! » », note Keating dans son ouvrage. Il reconnait tout de même que d’autres ingénieurs sont capables de développer un algorithme plus puissant que celui de Netflix, comme l’a démontré la compétition qu’il a organisée en 2006, proposant 1 million de dollars à ceux qui amélioreraient de 10% le pouvoir prédictif d’un de ses programmes.
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La fortune de Reed Hastings
D’après les dernières estimations, la fortune de Reed Hastings s’élèverait à 3,5 milliards de dollars. Le fondateur de Netflix doit son patrimoine financier intéressant notamment à ses parts possédées dans l’entreprise qui est cotée en Bourse.
L’effondrement de Netflix en Bourse
L’action du géant du streaming a perdu 40% de sa valeur ces derniers mois. Cette chute intervient après l’annonce des résultats du premier trimestre 2022 et la perte de 200 000 abonnés. Le leader du secteur qui espérait gagner 2,5 millions d’abonnés en a perdu pour la première fois en dix ans. Reed Hastings et le groupe expliquent notamment que cette baisse est due à la suspension de son service en Russie, à la suite de la guerre en l’Ukraine.
En outre, les plateformes ont fleuri dans le streaming et l’inflation a eu un impact négatif sur les performances de la société, qui décide de prendre une grande décision : faire appel à des financements publicitaires. « Netflix indique qu’il prévoit encore 2 millions d’abonnés de moins au 2e trimestre et commence à trouver des solutions pour faire payer les 10 millions d’utilisateurs qui en profitent gratuitement en partageant les codes d’accès », a souligné Kenneth Leon, analyste pour CFRA qui a abaissé son estimation de prix de l’action.
Reed Hastings, le fondateur et PDG de Netflix démissionne
Face aux scandales qui ont entouré Netflix ces derniers temps (vague de licenciements, dépenses, management toxique…), son fondateur et codirecteur général, Reed Hastings a annoncé son départ. C’est lors de la présentation des résultats du Q4 2022 que l’entrepreneur a fait savoir que l’entreprise serait désormais pilotée par Greg Peters et Ted Sarandos. Ce dernier se focalise d’ailleurs sur les contenus proposés par Netflix qui est en train de se faire dévorer par un acteur qu’on n’avait pas vu venir : Prime Video. De son côté, l’expertise de Greg Peters tourne plutôt autour de la publicité.
Cependant, si Reed Hastings quitte Netflix, l’entreprise ne devrait pas changer de cap. Son objectif reste la chasse au partage de comptes dans l’objectif de s’assurer une rentabilité financière. Néanmoins, cette technique pourrait pousser les utilisateurs chez la concurrence qui propose des tarifs bien plus attractifs avec des contenus qui deviennent intéressants.