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« La France est très exigeante avec ses business schools », Alice Guilhon, présidente de la Cdefm

Fin janvier, la Cdefm a partagé son traditionnel bilan annuel et ses projections pour l’année 2024. Alice Guilhon, présidente de l’association qui représente 36 écoles de management, 170 000 étudiants et 4 000 professeurs permanents, était aux côtés de son vice-président, Vincenzo Vinzi, pour notamment rappeler les actions engagées concernant le développement des formations supérieures privées à but lucratif.

Fondée en 2020 sur le modèle de la Cdefi, la Cdefm regroupe des écoles membres de la CGE, délivrant au moins un diplôme visé et gradé master par la CEFDG et, à quelques exceptions près, proposant également des Bachelors visés et gradés licence. « C’est le ticket d’entrée », rappelle Alice Guilhon, présidente de l’association mobilisée contre la montée en puissance d’écoles privées non reconnues.

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Établissements supérieurs privés à but lucratif : la Cdefm demande un nouveau label « pour réguler »

« Le niveau exigé de la part de nos écoles concernant le taux d’encadrement, d’employabilité, d’ouverture sociale, le nombre de publications de nos enseignants-chercheurs, l’engagement dans des politiques de sites ou encore les travaux sur les innovations pédagogique est très élevé. Je ne suis pas certaine qu’il existe ailleurs dans le monde un pays aussi exigent que la France avec ses écoles de management ! souligne Alice Guilhon, par ailleurs directrice générale de SKEMA. Et les business schools françaises sont toujours au rendez-vous des injonctions qui tombent. RSE, innovation… Nous superformons en matière d’exigences académiques en France et sur la scène internationale. » La Cdefm cherche d’ailleurs à alléger le poids des évaluations qui mobilisent les écoles à raison d’une fois par mois, en moyenne, toute l’année. Des discussions sont en cours sur ce point avec la CEFDG et le Hcéres, indique Alice Guilhon.

Paradoxalement, le code de l’Education français permet relativement facilement l’ouverture d’écoles d’enseignement supérieur, ce qui laisse la porte ouverte à certaines dérives, dénoncées par la Cdefm notamment dans cette tribune publiée en février 2023 dans Le Monde. « C’est un sujet préoccupant. On parle d’éducation, du futur de la société, de la compétitivité industrielle de la France. Les familles doivent pouvoir être informées et identifier les 400 ou 500 officines qui, aujourd’hui, délivrent des certificats en management sans qu’ait lieu aucun contrôle. Le Ministère s’est emparé du dossier. »

Pour lutter contre ces dérives, la Cdefm milite pour la création d’un nouveau label qui serait de fait attribué aux écoles membres. « Les établissements qui veulent faire de la formation supérieure ne devraient pas pouvoir le faire sans avoir ce label. Nous comprenons le besoin de programmes plus courts, plus ‘vocationnels’, plus professionnalisant, mais il faut réguler» Et si les nouvelles formations ou écoles ne l’obtiennent pas, elles pourraient se voir interdire l’ouverture. La question sera étudiée par la Cdefm en commun avec la CGE, la Cdefi et France Université. Le fruit des échanges sera connu fin mars.

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Correspondances RNCP et taxe d’apprentissage, deux sujets sensibles pour la Cdefm

En ce début 2024, la Cdefm a par ailleurs « tiré la sonnette d’alarme » concernant un dossier pris en main par le ministère du Travail. Ce dernier se charge d’établir des correspondances entre les compétences listées sur ses fiches RNCP et certains « blocs de cours » dispensés dans les écoles de management. « Ce sujet peut devenir sensible. Il n’y a pas lieu de faire des correspondances tous azimuts alors qu’il existe au sein de nos écoles des processus de sélection bien précis de nos étudiants », alerte Alice Guilhon.

La Cdefm, par la voix de sa présidente, a par ailleurs partagé son inquiétude concernant l’efficacité des nouvelles modalités de collecte de la taxe d’apprentissage, une source de revenus essentielle pour ces établissements. « Cette taxe est vitale pour nous, et nous avons obtenu des garanties que la taxe versée aux écoles de management sur 2022 serait reconduite pour 2023. Nous espérons que le dialogue pourra se poursuivre avec la plateforme SOLTéA pour que l’affectation  soit efficace et que les écoles ne soient pas en danger s’il devait y avoir un changement dans le versement des allocations. »

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Le soutien de la Cdefm au modèle prépa, qui a besoin d’évolutions (concours, communication…)

Fin de l’acompte SIGEM pour les boursiers, gel du nombre de places ouvertes aux concours BCE et Ecricome en 2023 et 2024… Ces derniers mois, la Cdefm a pris des décisions « pour accompagner l’évolution d’un modèle auquel nos écoles croient beaucoup », soutient Alice Guilhon. L’importante baisse des effectifs en prépa ECG constatée à la rentrée 2021, avec des effets jusqu’aux concours 2023, a conduit les écoles recrutant en leur sein une part importante de leurs promotions à agir.

Début 2023, la « menace » d’une nouvelle réforme des prépas ECG, trop hâtivement décidée au goût des représentants de la filière (et finalement abandonnée), a rapproché la Cdefm et l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) qui ont engagé des axes de travail commun. Des groupes de travail se penchent sur différentes thématiques : le niveau attendu en mathématiques, la qualité de vie en prépa, la communication sur le cursus, « qui doit être présenté comme une filière en 5 ans et non 2 ans, puis un ‘stop’, puis ‘autre chose’ », et enfin, l’évolution des concours. « Il faut oser aborder la question pour faire évoluer les choses. Nous le faisons conjointement avec l’APHEC dans le but d’avoir, avant cet été, des propositions d’évolutions à partager, qui pourront être mises en œuvre pour le concours 2026. »

Avec des effectifs repartis à la hausse en 2023, « les prépas sont rassurées », constate Alice Guilhon. « Nous discutons très régulièrement avec nos collègues de l’APLCPGE (Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires) et de l’APHEC, avec lesquels nous menons une réflexion de long terme sur le modèle des classes préparatoires. La campagne de communication #preparetoi, que nous avons conjointement lancée à automne, montre notre engagement collectif pour la filière qui doit rester ouverte aux évolutions sur différentes questions : quel niveau de maths exiger ? Quelles spécificités conserver ?… »

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Loi immigration, RSE… les autres sujets sur la table pour la Cdefm

Fin décembre/début janvier, après examen de la « loi immigration » par le Sénat et l’Assemblée nationale, l’enseignement supérieur français s’est fortement mobilisé contre les mesures concernant les étudiants internationaux. Avant la décision du Conseil constitutionnel qui, le 25 janvier dernier, a écarté l’ensemble de celles-ci, Alice Guilhon, interrogée sur le sujet, se montrait particulièrement inquiète à propos des quotas et de la « caution retour » : « On nous demande de recruter des professeurs étrangers, de dispenser des programmes en anglais, d’engager des collaborations partout dans le monde, d’avoir un rayonnement international mais, on nous dit ‘accueillir des internationaux, c’est compliqué‘ ! Nous ne pilotons pas une filière d’immigration clandestine et ne souhaitons pas affoler ces étudiants, dont certains, sur nos campus, nous ont demandé s’ils devaient se préparer à partir… »

Pour traiter l’ensemble des sujets qui animent les écoles de management membres, la Cdefm s’est organisée en mobilisant ses membres au sein de différents comités d’experts. Plus de 300 travaillent jusqu’à 20% de leur temps sur des sujets identifiés par le CA : transition écologique/RSE, relations internationales, ressources humaines, DAF, qualités/accréditations, relations entreprises… « Au total, 150 réunions de CodEx ont lieu chaque année. Le CA se réunit à deux reprises par an spécifiquement pour étudier les résultats des travaux et statuer sur les actions à engager », indique Alice Guilhon.

Après le transfert de Christophe Germain, remplacé à la tête d’Audencia par Sébastien Tran, la vice-présidence de la Cdefm a été prise par Vincenzo Vinzi, DG de l’ESSEC. Isabelle Huault, Alexandre de Navailles et Jean Charroin, respectivement aux manettes d’emlyon, de KEDGE BS et de l’ESSCA, ont par ailleurs rejoint au cours des derniers mois le Conseil d’Administration, composé au total de 9 représentants d’écoles. La Cdefm convoquera sa prochaine assemblée générale courant mars, pour déterminer la composition du prochain CA. « Il n’y a pas de bataille pour la présidence », glisse Alice Guilhon, qui prévoit de se représenter à la tête de l’association.

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