Suite au vote de la nouvelle loi immigration, l’enseignement supérieur français exprime son indignation et partage publiquement ses inquiétudes concernant les conséquences de cette loi, notamment pour les étudiants étrangers accueillis dans les établissements français. Adoptée par le parlement à la suite de nombreux rebondissements et d’alliances politique jugées ambiguës, la loi suscite des réactions vives de la part des plus grandes institutions éducatives de l’Héxagone comme la Conférence des Grandes Écoles (regroupant 243 établissements), France Université, Panthéon ASSAS ou encore Sciences Po.
Les voix s’élèvent, se multiplient et gagnent en intensité dans les secteurs d’activité concernés par la loi immigration, votée en commission mixte paritaire (CMP) à la suite d’une motion de rejet propulsée par la gauche. Que ce soit les médecins à propos de la très célèbre Aide Médicale d’État (AME) ou, ici, les Universités et Grandes Écoles à propos de l’accès aux formations françaises pour les étudiants étrangers, les inquiétudes se rejoignent pour créer un front de protestation uni et qui se veut influant.
Que dit la loi immigration pour les étudiants étrangers ?
Il est essentiel de rappeler les points clés de la loi en ce qui concerne les étudiants étrangers. La nouvelle législation vise à apporter des modifications substantielles aux procédures d’immigration. L’instauration, pour les étudiants étrangers, d’une caution pour la délivrance d’un titre de séjour concentre les crispations « lesdites dispositions portent atteinte à la réalité économique de la France », lit-on dans le communiqué de la Conférence des Grandes Ecoles sur le sujet. Le montant de cette « caution de sortie » n’a pas encore été défini.
Chaque année, on dénombre entre 300 000 et 400 000 étudiants étrangers qui choisissent la France pour poursuivre leur formation. Le choix d’introduire un quota pour juguler le flux de talents et de futurs dirigeants souhaitant s’instruire dans notre pays vient « contredire la stratégie nationale d’attractivité de l’enseignement supérieur, Bienvenue en France, annoncée par le gouvernement en 2018 et visant à accueillir 500 000 étudiants internationaux en mobilité en France à l’horizon 2027 » ajoute la CGE.
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Vives réactions des universités et grandes écoles
Les acteurs de l’enseignement supérieur craignent que ces changements troublent la diversité culturelle et académique au sein des établissements français. À l’image de la tribune publiée par HEC, l’ESCP et l’ESSEC dans les colonnes du Parisien. Les trois mastodontes des business schools dénoncent conjointement « des entraves disproportionnées qui risquent de compromettre durablement l’avenir de l’enseignement supérieur français et de freiner l’ambition de notre nation de se positionner comme leader mondial dans la formation des nouveaux cadres de la transition écologique et technologique », en pointant du doigt les quotas et l’instauration des cautions de sortie pour les étudiants étrangers.
De son côté, France Université, association regroupant les présidents de toutes les universités françaises, déplore que « la version proposée à cette heure vienne s’attaquer aux valeurs sur lesquelles se fonde l’Université française : celles de l’universalisme, de l’ouverture et de l’accueil, de la libre et féconde circulation des savoirs, celles de l’esprit des Lumières ». Au-delà, des valeurs et des aspirations, les présidents d’universités signataires du communiqué (publié sur le site de l’organisation) diffusent un message clair : « la France gagnera à faire de l’université le fer de lance de sa diplomatie scientifique, culturelle et d’influence. »
L’Université Paris-Panthéon-Assas considère, au même titre que ses homologues, que la loi immigration représente un danger pour l’enseignement supérieur et la recherche française. À l’issue d’un vote, le conseil d’administration manifeste son profond désaccord avec les mesures du Parlement « qui constituent des restrictions disproportionnées à l’accueil des étudiants internationaux en France » risquant « de compromettre gravement l’attractivité de la recherche et de l’enseignement universitaires français ».
L’avenir de cette loi et son impact sur le monde universitaire restent des sujets cruciaux à surveiller dans les prochains mois. D’autant que le Conseil constitutionnel a été chargé par l’exécutif de corriger les articles de la loi qui serait anticonstitutionnels.
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