Arnaud Fouillade est diplômé d’Audencia. Ce passionné de sport a toujours rêvé de travailler dans cet univers. Après un passage dans l’audit, il est aujourd’hui directeur financier adjoint du PSG (Paris Saint-Germain). Il se confie sur son quotidien au sein du club mythique !
Le parcours d’Arnaud Fouillade
Quel est votre parcours académique ?
Je suis allé en classe préparatoire après un bac S, puis j’ai rejoint Audencia. Je me suis alors orienté vers une spécialisation finance via le master Audit qui venait d’être créé en partenariat avec le Big Five, à savoir les 5 plus grands cabinets d’audit que sont KPMG, EY, PwC, Deloitte et Mazars. J’ai ainsi effectué mon stage de fin d’études chez PriceWaterhouseCoopers, cabinet que j’ai intégré directement à la fin de ce stage en tant que Junior.
L’objectif initial était d’intégrer un cabinet d’audit pour acquérir un maximum de compétences en un temps très court, découvrir un grand nombre de secteurs d’activité avec des problématiques diverses et variées, et manager des équipes. J’avais ainsi en tête de rester 5-6 ans et de valider un grade de Manager pour basculer ensuite en entreprise et éventuellement chez un client. Finalement, j’y ai travaillé le double, car j’ai trouvé une atmosphère et une ambiance de travail familiale et j’ai surtout rencontré des personnes inspirantes et stimulantes qui sont devenues des amis. Le sport étant une passion, j’ai eu la chance d’auditer des entreprises de ce domaine comme Nike, Le Coq Sportif, puis le PSG. Puis, au bout de 11 ans chez PwC, un poste s’est ouvert au PSG en tant que responsable comptable. J’étais en tour du monde, je me suis posé des questions sur mon projet professionnel global et j’ai finalement postulé depuis l’ordinateur d’un hôtel au fin fond de l’Amazonie. Après mon retour et un process complet avec un certain nombre d’entretiens, j’ai eu un retour positif.
Êtes-vous supporter du PSG ?
Être « supporter » a aujourd’hui une connotation presque péjorative, car on associe beaucoup de passion autour de ce mot et malheureusement parfois un peu d’excès et de dérive. Je suis passionné de football de manière générale et j’aime bien sûr le Paris Saint Germain. J’ai joué au foot pendant mes catégories Jeunes à un niveau Régional jusqu’à faire partie de la sélection départementale de l’Aube, avant d’intégrer les classes préparatoires. Mais ce sport est toujours resté dans un coin de ma tête, avec le projet d’associer travail et passion. C’est aussi pour cela que j’ai énormément hésité au moment de quitter PwC. Après 11 ans de carrière, je passais mes diplômes avec l’objectif d’être associé d’ici 3 ou 4 années, mais le cœur a pris le pas sur la raison.
C’est un choix que vous regrettez ?
J’ai changé de job en pleine pandémie. Les premiers mois ont été complexes : changement d’environnement, découverte d’un nouveau métier, d’une nouvelle équipe, le coronavirus qui a frappé de plein fouet le monde du sport, défaillance de Médiapro sur droits TV, match sans public… En outre, je suis arrivé en pleine période de clôture comptable. Soyons honnêtes, les six premiers mois ont été un énorme challenge, mais ils m’ont permis d’apprendre en accéléré ce que j’aurais peut-être appris en 2-3 ans, et trois ans plus tard, c’est un choix que je ne regrette absolument pas.
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Le quotidien d’un directeur administratif et financier (DAF)
Le métier de DAF peut paraître un peu ennuyeux. Pourquoi vous êtes-vous dirigé dans cette voie ?
Je dirai que le métier de comptable a une connotation ennuyeuse. Car la plupart des gens restent figés sur une image du comptable d’il y a plusieurs années, voire des dizaines d’années. Mais c’est un métier qui a énormément évolué et est beaucoup plus riche que ce qu’on peut croire. Par ailleurs, la comptabilité n’est aujourd’hui qu’une partie de mon périmètre. J’ai également sous ma responsabilité le contrôle de gestion qui possède une vision plus projective de notre activité. J’aime à dire que je maitrise le passé et le présent avec la comptabilité et le futur avec le contrôle de gestion.
Il y a par ailleurs une dimension systèmes d’information qui est clé dans mon métier aujourd’hui, avec par exemple, la mise en place d’un nouvel outil de purchase-to-pay qui m’invite à être en contact avec tout le club puisqu’il concerne les opérationnels avec la prise de commande jusqu’au paiement avec les équipes Finance, le déploiement de nouveaux outils de notes de frais, de consolidation ou encore demain de suivi budgétaire. Je suis enfin également en interaction permanente avec nos commissaires aux comptes, nos avocats, nos fiscalistes, des homologues d’autres clubs de Ligue 1 ainsi que les instances françaises (DNCG, FFF, LFP) et européennes (UEFA). Toutes ces relations au quotidien et la pluralité des problématiques font du métier de DAF un métier riche et passionnant où l’apprentissage est permanent.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Aujourd’hui, j’ai en charge l’intégralité du « Groupe PSG » qui comprend huit sociétés : PSG Football (équipe masculine et équipe féminine, ainsi que les jeunes), Merchandising, Judo, Handball, Training Center (nouveau centre d’entraînement à Poissy), ainsi que la SESE (société qui gère le Parc des Princes), le fonds de dotation et la fondation. Au total, cela représente plus de 600 salariés pour 650 millions d’euros de chiffre d’affaires environ sur la saison 2021/22 et on devrait se rapprocher des 800 millions d’euros en 2022/23.
Je n’ai jamais l’impression de vivre la même journée. Au PSG, le niveau d’activité est constant et intense. Je ne vois pas les journées passer.
Nous avons énormément de projets en cours, du Training Center, à nos changements d’outils ou encore la période de transferts. Pendant le mercato par exemple, une urgence peut tomber et il faut que le département financier simule l’impact d’une signature d’un joueur ou de sa sortie dans la journée, tant en termes de compte de résultat, de cash que de ratios suivis par l’UEFA.
Le mercato est une période très stimulante qui permet d’être au cœur du réacteur. C’est pour cela que j’ai signé au PSG, pour vivre des moments intenses comme ceux-là et participer à un projet global qui nous dépasse. L’arrivée de Lionel Messi en est le parfait exemple, j’ai eu la chance de travailler sur la partie cryptomonnaie notamment. En quelques jours, il a fallu mesurer les impacts financiers d’un tel montage et essayer de l’optimiser. Nous sommes ainsi le premier club à avoir rémunéré un joueur en crypto. C’est grisant !
Combien de temps s’écoule entre la première approche et l’officialisation d’un joueur ?
C’est un travail quotidien mené par notre direction sportive qui peut nécessiter beaucoup de négociations entre les différentes parties prenantes, le Club, le joueur, les agents, le Club vendeur. Le département Finance est impliqué sur les simulations d’impact des opérations, achat comme vente ou renouvellement et notre rôle est de nous assurer du respect des règles édictées par l’UEFA et d’optimiser les montages financiers réalisés.
Quelle est la recette du succès du PSG dont la valorisation décolle ?
Le Paris Saint-Germain a connu la plus grosse progression au niveau des clubs sur ce sujet. Le Club a ainsi été valorisé en mai 2023 par le magazine Forbes à 4,2 milliards de dollars, en 7e position parmi le top 10 des clubs de football les plus valorisés au monde en 2023. Nous sommes ainsi 1er en termes de revenu sponsoring ainsi qu’en revenu billetterie.
Le partenariat avec Jordan brand a également été une réussite forte en termes de communication et de développement à l’international.
Nous sommes également à la recherche de nouveaux business territoriaux. L’arrivée de Neymar, Mbappé et Messi nous a conféré une autre aura. Le Japan Tour a aussi été un franc succès, tant sur le plan humain que financier. À n’en pas douter, nous rééditerons l’expérience.
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Les opportunités et recrutements au PSG !
Quelles sont les opportunités professionnelles offertes au PSG ?
Pour un étudiant en école de commerce, sur le périmètre financier, beaucoup de postes sont ouverts, notamment pour les stages de césure ou de fin d’études, que ce soit sur la partie contrôle de gestion ou comptabilité. Ces opportunités peuvent être ensuite converties en CDI, pour certains.
J’ai également ouvert un poste de stagiaire pour m’accompagner au quotidien dans mes missions. Après son expérience l’an passé, l’étudiant qui travaillait avec moi a décroché un job d’agent de joueur. Une expérience de six mois au PSG est un vrai plus pour son CV !
Comment se déroule le process de recrutement pour intégrer le PSG ?
Le process est le suivant : premier entretien avec notre département des Ressources Humaines, puis un entretien avec le management opérationnel auprès duquel on sera rattaché. Le process est très court pour des stages. Le mien était bien plus long. J’ai rencontré une personne des RH, mon futur responsable, le directeur général délégué Jean-Claude Blanc, ainsi que certains membres du board. Au total, j’ai eu 5 entretiens pour un process qui s’est étalé sur deux mois et demi.
Est-ce que le fait d’être estampillé PSG est un plus dans le recrutement ?
On ne recrute pas que des passionnés de football. Nous ne voulons pas nous cloisonner et passer à côté de profils intéressants ayant une vision tout aussi pertinente qu’un passionné. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas supporter du PSG que l’on a moins de chance d’intégrer le Club. Dans l’univers professionnel, on sait faire la part des choses. Mais il est vrai que, comme je l’ai mentionné auparavant, l’environnement de travail est intense, passionnant, surprenant. Être passionné de football est un vrai plus pour absorber la charge de travail parfois conséquente.
Un dernier conseil pour les étudiants qui nous lisent ?
Une carrière se construit. J’ai toujours ambitionné de travailler dans l’univers du foot et j’ai construit ce chemin petit à petit. Il faut se montrer patient, poser des pierres, progressivement. Il ne faut pas penser qu’en sortant d’école, tout est acquis. Il faut savoir faire ses preuves, avoir une vision à moyen terme.
Ne pouvant pas intégrer immédiatement le monde du sport aux responsabilités que j’escomptais, j’ai cherché à développer une expertise. J’ai ainsi postulé pour intervenir sur la mission d’audit de Nike chez PwC, puis Le Coq Sportif, puis le PSG Football, et j’ai par la même occasion créé mon réseau. Je suis passé manager et senior manager sur ces mêmes missions et un jour l’opportunité s’est présentée. Et dans ces moments-là, il faut saisir sa chance, ne pas avoir peur, et se lancer. C’est facile aujourd’hui de dire ces mots, car si je me replace 3 ans en arrière, le choix n’était pas simple, mais encore une fois, quelle bonne décision ! Je résumerai donc mon conseil en 3 mots : travail, implication et audace.
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