Nicolas d’Oriano vient tout juste d’obtenir son diplôme de SKEMA. Nageur de haut niveau, il a notamment participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Il revient sur sa passion pour ce sport et la manière dont il a jonglé entre ses études et la natation.
Le parcours académique de Nicolas d’Oriano
Peux-tu revenir sur ton parcours ?
Je suis parti de chez mes parents à 15 ans pour aller au Lycée et au Pôle France de Toulouse. Après le bac, je voulais m’orienter en GEA, mais c’était en 2015-2016 et c’était l’année des Jeux de Rio, donc j’ai préféré couper pour me concentrer sur le sport. Je suis arrivé à Marseille et j’y suis resté pendant deux ans. À cause des horaires d’entraînement, il était impossible d’aller en cours et je me suis donc coupé du système scolaire.
J’ai ensuite changé de club, pour aller à Antibes et j’ai pu intégrer le BBA de SKEMA, tout en m’entraînant 25 à 30 heures par semaine. C’était la seule formation qui me permettait de jongler entre les cours et le sport. J’ai pu suivre un cursus presque normal, sans dédoubler mes années. Mon objectif est d’intégrer, à la rentrée 2023, un master en finance de marché.
Comment arrives-tu à jongler entre les cours et la natation ?
Cette année, je suis à Raleigh [SKEMA possède un campus à Raleigh, aux USA, NDLR], c’est différent. C’est beaucoup plus facile. Les entraînements sont faits pour qu’on ne rate aucun cours. Ils débutent à 5h30.
Sinon, en France, lors de mes trois premières années d’études, je devais concilier 11 entraînements par semaine, 3 musculations et les cours. Je ratais 60% à 70% de mes cours qui étaient de 13h à 17h, alors que mon entraînement commençait à 15h. Durant toute ma scolarité, je n’ai fait que la moitié des cours. J’ai été habitué à travailler seul de mon côté pour tout rattraper.
Il m’est déjà arrivé de passer des examens sur des jours de compétitions, de devoir rendre des devoirs et de travailler pendant des championnats. C’était un défi, mais cela m’a conféré une capacité à travailler qui me sera utile dans le monde du travail.
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Les débuts dans la natation
Qu’est-ce qui t’a poussé à pratiquer la natation ?
J’habite à côté de la mer, près de Toulon. Ma mère a fait de la natation et elle voulait que son enfant sache nager. J’ai donc commencé à l’âge de 3 ou 4 ans. Vers l’âge de 7 ans, j’ai fait du football. Je préférais ce sport et je voulais arrêter la natation, mais le plaisir de la compétition m’a poussé à continuer. J’ai toujours voulu être le meilleur et j’ai été le meilleur dans mon groupe, puis dans mon département, en région, en national, jusqu’à atteindre les Jeux olympiques en 2016.
Durant ta carrière, tu as été un temps au Cercle des Nageurs de Marseille (CNM), un des plus grands clubs de natation français. Qu’est-ce que ça t’a fait de l’intégrer ?
J’ai fait les Dauphins du TOEC, le Cercle des Nageurs d’Antibes et le CNM. C’est le plus iconique, mais le CN Antibes et les Dauphins sont également d’immenses clubs. C’est un univers ultra professionnel. C’est le seul endroit en France qui aborde la natation comme un sport professionnel. Les relations avec le club sont bonnes, mais on est là pour la performance. Le jour où ça ne marche plus, on te le fait savoir et à raison, puisque nous sommes payés comme des professionnels. On attend donc des résultats.
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Championnats de France, JO… Les grandes compétitions
Tu es triple champion de France et double champion d’Europe junior. Comment abordes-tu ces grandes compétitions ?
J’ai énormément travaillé et ça a pu me desservir. J’ai passé la moitié de ma carrière en surentraînement. Après, chaque course est différente. Il n’y en a pas une seule qui se ressemble. La première est généralement la plus difficile, car on ne sait pas où on se situe par rapport aux autres nageurs. Chaque course est vraiment différente, certaines sont juste un enfer et on n’a qu’une envie, c’est que ça se termine. Cela dépend vraiment de son état, de sa forme.
Quelle est ta routine sportive avant ces championnats ?
La préparation s’étale généralement sur 3 à 4 mois. Le travail est long et dur au début. On nage sur beaucoup de kilomètres et les entraînements sont très longs. Lors du deuxième mois, ça change et le travail est plus court, mais plus intense. Les trois dernières semaines qui précèdent la compétition, on est dans l’affûtage. On garde l’intensité, mais le temps d’entraînement est réduit.
Tu as participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Comment ça s’est passé ?
Au moment des Jeux, c’était le chaos dans ma tête. J’avais décidé de quitter les Dauphins du TOEC, pour rejoindre le CNM. C’est une décision importante pour moi. Je ne m’étais pas préparé à participer aux JO. Même si c’était mon objectif, je ne pensais pas me qualifier. La fin de saison a été compliquée. La course ne s’est pas bien passée. Le lendemain, j’avais la plus grosse blessure de ma carrière : les ligaments croisés.
C’est très compliqué de sortir d’une course où on sait qu’on a contre-performé. Quand je rate ma course, je me dis que j’ai déçu ceux qui sont restés éveillés pour me regarder. Juste après, je dois affronter les regards, les micros. Le stress des JO, le fait de changer de structure et la déception de la course ont sans doute participé à ma blessure.
As-tu tenté Tokyo 2020 ?
J’ai tenté de participer, mais je n’ai pas fait les temps de qualification nécessaires. J’ai vécu tellement de choses. J’ai débuté la saison olympique 2020-2021 avec un décollement de la rétine et une opération d’urgence qui a conduit à une immobilisation de plus d’un mois. Tout ça s’est passé après trois mois de confinement, sans entraînement.
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L’avenir de Nicolas d’Oriano
Quid de Paris 2024 ?
Si j’ai les moyens de faire les JO, je le ferais. Ce n’est pas quelque chose qui se refuse. Le choix va plutôt venir de mon projet pro. Aujourd’hui, il faut que j’organise ma vie en dehors de la natation. Aucun nageur n’en vit, hormis quelques grands noms. J’ai de très grandes ambitions sur le côté professionnel. Je veux continuer avec un master. Cependant, j’ai une petite voix dans ma tête et je cherche à savoir si les Jeux valent le coup de mettre de côté mon projet professionnel de côté. Après les JO, j’aurai 27 ans.
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Comment te vois-tu dans quelques années ?
Après 2024, peu importe ce qui se passe durant les JO de Paris, je ne nagerai plus. Je vais sûrement être pris par mes projets professionnels. Je veux vraiment faire un master en finance de marché, même si je reste ouvert à la finance d’entreprise.
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