De plus en plus d’entreprises développent un shadow comex, un comité de direction parallèle dont l’objectif est de venir challenger l’organisation et proposer des pistes de réflexion innovantes, tant du côté managérial que business. Depuis quelques années, la Banque de France a opté pour ce dispositif et a mis en place le CPJ, le Comité Perspectives Jeunes.
En 2018, la Banque de France a déployé le Comité Perspectives Jeunes (CPJ), un shadow comex composé de jeunes collaborateurs de l’institution qui doivent avoir moins de 35 ans et moins de 10 ans d’ancienneté. « L’objectif est d’avoir un CPJ diversifié en matière de représentation femmes-hommes, de département, d’ancienneté et d’âge », explique Julie Haag-Chatelain, participante à la première promotion du CPJ et actuellement à la direction de la stratégie de la Banque de France.
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Questionner les pratiques de la Banque de France grâce au shadow comex
La Banque de France est une institution historique qui, après plus de 200 ans d’existence, peut avoir besoin d’un regard neuf sur les dernières innovations qui sont susceptibles de bouleverser son activité. « Le CPJ traduit la volonté de se doter d’un regard différent de la part de jeunes salariés. Ils peuvent apporter leur éclairage sur certains sujets ou leur analyse sur des aspects de l’entreprise qui semblent perfectibles », précise Audrey Metzger, directrice de la stratégie de la Banque de France.
Avec ce CPJ, l’institution souhaitait avant tout permettre aux nouvelles générations d’apporter leur vision sur des thématiques variées comme la place des jeunes au sein de la Banque de France, le digital, l’intelligence artificielle, la transversalité, l’autonomie et sa mise en œuvre ou encore les nouveaux modes de travail. Ces questions sont aussi importantes pour la fidélisation des talents et la qualité de vie au travail que pour l’exercice d’activités cœur de métier de la Banque de France. « Cela peut aider le comité de direction à nourrir un diagnostic de notre environnement et des défis auxquels nous devons répondre », complète Audrey Metzger.
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Faire confiance aux nouvelles générations
La mise en place d’un shadow comex est un défi pour les entreprises, car il nécessite de mettre en place un comité parallèle dont les analyses peuvent potentiellement questionner la vision stratégique d’une organisation ou son management. À la Banque de France, « la confiance a très vite été donnée aux membres du CPJ. Nous voulions entendre une population avec laquelle nous échangeons peu habituellement », indique Audrey Metzger.
Certains changements opérés ces dernières années à la Banque de France proviennent directement des conclusions du CPJ, comme l’accélération du déploiement des ordinateurs portables pour toutes les équipes dès 2018 ou la mise en place d’un système de mentorat. Néanmoins, si les membres du shadow comex prennent très au sérieux leur travail d’analyse des éléments qui peuvent bouleverser une entreprise, les préconisations de leurs études peuvent ne pas toujours être prises en compte.
Globalement, ceux qui ont été ou sont encore membres du Comité Perspectives Jeunes de la Banque de France considèrent qu’une telle expérience ne se refuse pas. « C’est très enrichissant et cela m’a aidé à me représenter toutes les activités de la Banque de France et de mieux appréhender la stratégie », observe Clémence Papon, membre de la saison 3 du CPJ et chargée d’acculturation digitale.
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CPJ : quel bilan pour le shadow comex de la Banque de France ?
Quatre ans après le lancement de la première promotion du CPJ, la Banque de France dresse un bilan très positif de ce shadow comex, tant du côté de la direction de la stratégie que des membres qui y ont siégé. « L’implication forte du comité de direction, et l’accompagnement des anciens et de la direction de la stratégie transforment l’expérience. Cela permet aussi de rencontrer des personnes qu’on n’aurait jamais rencontrées. », analyse Clémence Papon.
Le succès est tel que la direction de la stratégie, accompagnée des membres du CPJ, contribue largement à la création d’un club des shadow comex qui réunit les shadow comex de grandes entreprises. L’objectif ? Partager les bonnes pratiques, développer un réseau informel et échanger sur les sujets cruciaux toujours dans l’objectif d’améliorer les organisations.