Après une prépa scientifique, un double-diplôme CentraleSupélec-ESCP et un bref passage dans l’univers du conseil, Samy Ouardini s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale pour démystifier un univers qui paraît obscur pour de nombreux Français : l’épargne. Il nous en dit plus sur sa startup, Ramify.
Le parcours de Samy Ouardini
Quel est ton parcours ?
Je suis allé au lycée, en bac scientifique au Maroc, à Rabat. J’ai ensuite fait une prépa scientifique, car mes professeurs me disaient que ça ne me fermerait pas de portes. J’ai donc été en prépa à Toulouse, puis j’ai rejoint CentraleSupélec en 2012. Mon rêve était d’intégrer une business school et j’ai donc rejoint ESCP. J’ai adoré mon expérience à l’école grâce à laquelle j’ai pu voyager en Corée, à Londres, aux États-Unis et réaliser de nombreux stages pour essayer plein de métiers, en conservant une composante finance. Après mes études, en 2016, j’ai intégré le cabinet Oliver Wyman.
Pourquoi as-tu finalement choisi le conseil ?
Durant mes études, j’ai eu des expériences dans la finance, le conseil et même une boîte Tech spécialisée dans l’énergie aux USA. Ces trois domaines m’intéressaient, mais j’avais toujours la volonté de trouver un secteur qui ne me ferme aucune porte. J’avais l’entrepreneuriat en tête et j’ai réalisé que le conseil me permettait de travailler sur plusieurs types de projets et que cela me préparait mieux que la finance.
Qu’est-ce qui t’a poussé à sauter le pas de l’entrepreneuriat ?
J’ai toujours pensé à l’entrepreneuriat. Je savais que je ne passerais pas plus de 3 ou 4 ans dans le monde du conseil. L’entrepreneuriat m’attire surtout par le fait de créer une équipe. J’ai fait beaucoup de sport collectif et choisir les membres qui vont t’accompagner dans un projet, c’est ce que je préfère, c’est ce qui me motive.
Tu es passionné par les Fintechs ? Découvre le parcours de Cyril Chiche dans notre podcast !
Tout savoir sur Ramify
Tu as donc fondé Ramify. Ramify, qu’est-ce que c’est ?
Ramify est une plateforme d’investissement et d’épargne 100% digitale qui met à disposition de tous les utilisateurs et des épargnants tous les outils de simulation, comparaison et visualisation pour les aider dans la prise de décision relative à l’investissement et à l’épargne. Notre site permet à n’importe quelle personne de mettre en place des stratégies d’investissement et d’épargne, sans avoir de connaissance en finance. Notre but est de permettre aux gens d’accéder à ce monde, sans se faire avoir.
Pourquoi as-tu créé une Fintech autour de l’investissement et l’épargne ?
Je m’intéressais déjà à ce sujet au collège. Très vite, je gérais mes finances personnelles en faisant mes recherches de mon côté. Beaucoup de proches me posaient des questions et je voyais qu’ils ne comprenaient pas forcément le sujet.
Pendant le confinement, j’ai reçu énormément de questions sur le sujet et j’avais créé des modèles Excel avec Olivier, mon associé. Ça a bien fonctionné et nous avons pensé qu’une plateforme avec des algorithmes de spécialisation pouvait vraiment aider les gens. Aujourd’hui, 77% des Français considèrent que leur éducation financière est moyenne ou faible. Ils ne maîtrisent pas des sujets comme l’assurance vie ou le PER [Plan épargne retraite, NDLR].
Quelles sont les fonctionnalités proposées par Ramify ?
Aujourd’hui, nous proposons deux produits : l’assurance vie et les PER. La cryptomonnaie et les SCPI devraient arriver cette année, les PEA et les livrets rémunérés, l’an prochain. Notre ambition est d’avoir une offre complète mi-2022.
À qui s’adresse Ramify ?
Sur le long terme, le but c’est de pouvoir adresser les besoins de tous les épargnants. Nous proposons des offres Ramify gratuites pour les étudiants qui sont prêts à mettre 1 000€ pour commencer. Notre cible est davantage constituée des CSP+ qui vont pouvoir déposer plus d’argent et financer notre développement. Au final, notre objectif est de proposer trois offres : Ramify Free, avec un minimum d’investissement de 1 000€, pour ceux qui débutent, Premium, pour les CSP+, et Black, pour les gens qui ont plus de 100 000€ à déposer. Ici, l’idée sera de faire du sur-mesure.
Ramify aujourd’hui… et demain
Comment vous financez-vous aujourd’hui ?
Nous avons réalisé une petite levée de fonds et récolté du love money auprès de proches qui croient en notre projet, mais nous avons tout de même réussi à réunir des business angels plus confirmés, comme un des fondateurs de meilleurtaux.com.
Quand on regarde la concurrence, on voit qu’il y a une période de réassurance qui dure un an et demi à deux ans, où l’objectif est de se faire connaître. C’est que nous faisons depuis deux mois. Notre but est d’avancer le plus vite possible et de réaliser une levée de fonds pour scaler la vente et les opérations et ensuite arriver en série A. La question qui va se poser, c’est : est-ce que je joue la stabilité ou est-ce que je fais une autre levée de fonds pour aller encore plus vite et viser l’Europe ?
Comment imagines-tu l’avenir de Ramify ?
Fin 2022, notre but c’est de se faire une place dans l’environnement épargne/gestion d’actifs en France. Après avoir créé des simulateurs et comparateurs qui créent la confiance, l’objectif est de créer une boîte solide. Une fois qu’on a cette base, l’objectif est potentiellement d’aller en Europe. Il faut juste trouver les bons partenaires pour proposer les mêmes services en Espagne, en Italie ou en Belgique.
L’autre sujet qui est au cœur de notre vision long terme et auquel on croit beaucoup, mais qu’on ne peut pas activer sans cette fameuse phase de réassurance, c’est le B2B2C. Nous voulons proposer une offre complète de bien-être financier pour permettre aux entreprises de gérer l’épargne salariale ou la participation de leurs employés. C’est un marché que personne n’exploite !
Un défi qui s’impose, c’est aussi celui de recruter des talents pour accompagner cette stratégie
Nous sommes dans une industrie très compétitive en termes de salaires. Ramify est entouré de fonds et de banques. C’est d’ailleurs le challenge des Fintechs. En France, la finance, c’est JP Morgan ou BNP Paribas. Les gens ne veulent pas travailler dans des startups, car ils ne seront pas autant payés que dans de grosses banques.
De notre côté, nous avons décidé de mettre en place un process de recrutement très clair et exigeant. Cela nous a pris beaucoup de temps de trouver les bonnes personnes pour nous accompagner, mais nous nous sommes rendu compte que la clé du succès résidait dans les collaborateurs et il faut trouver le temps pour recruter la bonne personne. Le conseil que je donnerai aux gens qui veulent porter un projet sur le long terme, c’est que le recrutement est une rampe de lancement.