Au centre de toute stratégie d’entreprise, comprendre le fonctionnement des économies d’échelle est central pour toute bonne analyse microéconomique. On t’explique le phénomène et toutes ses spécificités !
Quand parle-t-on d’économie d’échelle ?
Le terme est assez transparent : lorsqu’on produit un bien, on fait des économies d’échelle quand produire plus fait baisser le coût de production moyen. Phénomène particulièrement important pour les entreprises, il doit être au centre des calculs faits par toute entreprise avant de décider de quelle quantité sera produite, ou de si elle doit augmenter ou baisser.
Economie d’échelle, coût marginal, rendement d’échelle
Quelle différence entre coût moyen et coût marginal ?
Attention, il est ici question de coût moyen, et non de coût marginal : le coût moyen, c’est simplement le coût de l’ensemble de la production divisé par le nombre d’unités produites. Le coût marginal, lui, se penche sur le coût qu’il faudrait déployer pour produire une unité supplémentaire. S’il est important, quand on se penche sur les économies d’échelle, de regarder le coût marginal, pour trouver un équilibre, c’est bien le coût moyen qui est ici évoqué. Cela étant, si produire plus fait baisser le coût moyen, c’est que le coût marginal est déjà assez bas.
Le coût marginal est un type de coût qui ne varie pas de manière linéaire, et qui peut être très différent selon la place qu’il occupe dans la production. Dans le cas de la presse, par exemple, le coût marginal du premier exemplaire d’un journal (également appelé « coût prototype ») est infiniment plus élevé que le coût pour le second exemplaire, parce que le domaine est dépendant d’un très grand nombre de coûts fixes (journalistes, presses, locaux, etc.), et que ces coûts sont déjà avancés lorsque le premier exemplaire du journal est prêt à être diffusé.
C’est quoi, le rendement d’échelle ?
On parle aussi parfois de « rendement d’échelle » : le terme désigne à peu près la même chose, mais pas exactement. En effet, les économies d’échelle sont mesurées en valeur monétaire (en sommes d’argent économisées), là où le rendement d’échelle ne considère que le rendement brut.
Quand on s’intéresse au rendement d’échelle, on cherche simplement à produire plus efficacement, là où, en s’intéressant aux économies d’échelle, on cherche à produire plus efficacement uniquement si cela permet de faire des économies. Ce n’est pas très différent, mais les résultats qui en ressortent peuvent être très grandement influencés par l’outil de mesure : si les coûts marginaux sont très élevés par exemple, même en ayant plus de rendement, il est possible qu’il reste rentable d’être moins productif. Concernant toutes ces notions, tout est question d’équilibre.
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D’où viennent les économies d’échelle ?
Compenser les coûts fixes : l’ambition des économies d’échelle
La plupart du temps, comme évoqué un peu plus haut, les économies d’échelle surviennent pour compenser les coûts fixes (pour rappel, les coûts fixes sont les coûts qu’une entreprise doit engager indépendamment de la quantité produite). Assez mécaniquement, plus la production est élevée, plus les coûts fixes sont noyés dans les marges, et moins leur importance se fait ressentir. Ainsi, produire plus est très souvent un moyen de rentabiliser les investissements matériels (dans des locaux par exemple) ou humains (CDI, alternants, etc.), et ce dans tout type d’entreprise.
Maximiser les économies d’échelle en mutualisant les services
Un des meilleurs moyens de maximiser les économies d’échelle consiste à mutualiser les services : par exemple, dans le cas d’une fusion-acquisition, faire le choix de fusionner deux sièges sociaux peut relever d’une économie d’échelle, dès lors que la grande taille de l’entreprise étudiée fait disparaître une partie des coûts fixes (loyer, électricité et employés) et va donc baisser le coût unitaire d’un bien produit par chacune des entités de l’entreprise. Pour le dire vulgairement, plus une entreprise est grosse et possède de ramifications, plus il est aisé de faire des économies d’échelle.
Les commandes en gros, parmi les grandes responsables des économies d’échelle
C’est bien connu : quand on consomme en grande quantité, le coût unitaire finit par chuter, parce qu’un fournisseur est toujours intéressé par conserver un gros client, quitte à lui faire un rabais selon ce qu’il peut se permettre. C’est une autre des conséquences des économies d’échelle : pousser ses collaborateurs à rogner, pour nous, dans leurs marges, parce qu’on est pour un temps une position qui nous est particulièrement favorable. Et sans grande surprise, si le coût de revient des matériaux fond, c’est les coûts marginaux et les coûts moyens qui vont baisser. Ce mouvement peut être particulièrement bénéfique dans le calcul de la quantité à produire : car comme suggéré plus haut, les économies d’échelle sont maximisées si le coût marginal devient plus faible.
Quelles sont les limites de l’économie d’échelle ?
Il existe toutefois une limite à cette tendance : en effet, de nombreux économistes s’accordent sur l’existence d’une limite, à partir de laquelle produire plus et agrandir la taille de l’entreprise ne permet plus de faire d’économies sur le long terme. C’est ce qu’on appelle atteindre une « taille critique », et c’est un statut convoité par un très grand nombre d’entreprises. Car si, passé ce cap, les coûts ne baissent pas, indifféremment de la quantité produite, c’est parce que l’entreprise a optimisé au maximum ses quantités de production, et surtout qu’elle a acquis une position qui lui confère l’avantage majeur d’avoir les coûts les plus faibles, et donc d’avoir un plein contrôle sur son positionnement marketing.
Comment les économies d’échelle fragilisent les petits fournisseurs
On en avait déjà parlé sur Business Cool dans notre article sur la grande distribution : en général, l’armée de petits producteurs n’ont pas les moyens de mettre le rapport de force de leur côté et, alors que c’est ceux qui auraient le plus besoin de petites économies, pour les raisons évoquées plus haut (parce qu’ils ne peuvent pas accéder aux économies d’échelle, et qu’une petite structure est bien souvent plus sujette aux aléas), ils finissent par ne jamais pouvoir proposer des prix compétitifs, pour des raisons purement économiques. Une situation paradoxale, injuste, mais surtout incontrôlable : dès qu’on voit la production augmenter, on finit mécaniquement par réaliser des économies. A moins d’élever le volume de production, la situation semble inextricable pour ces TPE & PME, définitivement en première ligne.
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