Il y a 10 ans, Sciences Po Rennes ouvrait le Campus des Transitions à Caen, un bâtiment unique qui vise à offrir une formation pluridisciplinaire, entre sciences politiques et enjeux climatiques et numériques, aux étudiants. Son directeur, Nicolas Escach, revient sur les forces et la pédagogie d’un campus unique en France.
Les origines du Campus des Transitions
Pourquoi avoir créé le Campus des Transitions ?
Nous sommes partis d’un constat : la question de l’énergie a une résonnance particulière en Normandie. Il y a dix ans, il y avait une perspective d’emploi dans le nucléaire et l’éolien. Il fallait former les personnes capables d’accompagner ces nouvelles énergies. Progressivement, le Campus des Transitions s’est élargi à la question du développement durable. Ce sujet est transversal. Aujourd’hui, beaucoup d’établissements s’ouvrent à ces réflexions, mais, il y a 10 ans, c’était extrêmement innovant de créer un campus uniquement dédié aux questions de durabilité.
Qu’est-ce que le Campus des Transitions de Sciences Po Rennes ?
C’est un campus qui propose un cursus en quatre ans. Les étudiants viennent directement à Caen en deuxième année. Ils bénéficient d’un un socle de connaissances pluridisciplinaires autour des sciences politiques, ainsi qu’une initiation aux transitions. Dès la troisième année, ils partent un an à l’étranger. Ils peuvent passer les douze mois en échange, dans une université partenaire, ou réaliser six mois en école et six mois en stage dans un autre pays. Sur le Campus des Transitions, la quatrième année est une année de projets sur lesquels les étudiants travaillent directement depuis les territoires. Ils vont en France et à l’étranger pour répondre à des commandes d’entreprises ou d’organisations.
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Étudier sur le Campus des Transitions
Quels sont les spécialisations proposées sur le Campus des Transitions ?
Les étudiants se pré-spécialisent en quatrième année, puis choisissent une spécialisation en cinquième année. Sur le Campus des Transitions, elles sont au nombre de trois :
- Stratégies innovantes des territoires urbains
- Concertation et territoires en transition
- Génération future et transition juridique
Avec ces 3 spécialités là, nous avons une approche complète des transitions, à la fois en termes d’espace, mais aussi sur les sujets comme les interactions avec les acteurs de la transition, le rapport à la gouvernance, la question du cadre juridique ou le droit des espaces, etc.
Comment sont recrutés les étudiants qui viennent sur votre campus ?
Certains viennent de Sciences Po Rennes, après leur première année, d’autres postulent après leur khâgne. Nous pouvons intégrer les étudiants en deuxième année, mais également en quatrième et cinquième année. Nous basons nos recrutements sur plusieurs critères : une solide culture générale, une certaine sensibilité aux questions de transition et aux sujets liés à la gouvernance. Notre méthode de recrutement nous permet d’avoir des groupes de 30 à 35 étudiants maximum. Ainsi, nous proposons un accompagnement très fort.
Les débouchés sont variés. Nos diplômés travaillent dans le public, comme dans des entreprises, dans des associations ou des startups. Certains se lancent d’ailleurs dans l’entrepreneuriat. Nous préparons à beaucoup de métiers
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Une pédagogie différente
Les parcours sont très centrés autour des pays du nord de l’Europe, comme la Scandinavie ou l’Islande. Pourquoi ?
Notre politique internationale est axée autour de trois piliers : les pays d’Europe du Nord, les pays et universités qui traitent des questions liées à la paix et les pays d’Asie. Si nous nous sommes tournés vers le nord de l’Europe, c’est parce que la Normandie collabore depuis longtemps avec les pays baltes, arctiques et nordiques. En outre, cette zone du monde s’est rapidement saisie des questions liées au climat, à la participation citoyenne et aux transitions. C’est en Europe du Nord qu’ont été créés beaucoup de textes autour du développement durable.
La pédagogie au sein du Campus des Transitions est également très différente d’un IEP classique, n’est-ce pas ?
Elle est très ouverte. On ne s’interdit rien en termes d’ouverture pédagogique. Ce n’est pas un campus militant. Nous ne cédons pas aux effets de mode, mais nous travaillons avec des professionnels : entreprises, élus, collectivités, artistes, etc. Nous introduisons régulièrement de nouvelles méthodes, de nouveaux outils, de nouveaux cours, qu’on ne trouve part ailleurs en France. Depuis peu, nous parlons du biomimétisme, de design cyclable – c’est-à-dire la manière de construire une ville à partir de l’esprit d’un cycliste -, mais aussi de préservation de la biodiversité.
Notre enseignement est immersif. Nous travaillons dans nos murs, mais aussi hors des murs. Nous emmenons nos étudiants dans des lieux de méditation, des parcs, des fermes, des tiers lieux ou des lieux de savoir. Nous faisons également intervenir des artistes au sein du Campus des Transitions. La culture est un point fort en matière de transitions.
Nous tentons également de décloisonner les savoirs théoriques, les savoirs manuels et les savoirs pratiques. Il n’est pas rare que nos étudiants aillent à la rencontre d’élèves de lycées professionnels qui travaillent botanique ou qui sont paysagistes. Pour nos 10 ans, nous allons emmener une dizaine d’étudiants en bateau de la Normandie jusqu’au Danemark, pour étudier la manière dont les océans évoluent et dont les côtes répondent à cette évolution.
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