Il y a deux ans, on t’expliquait pourquoi les frais de scolarité des écoles de commerce étaient aussi importants et pourquoi ils étaient condamnés à augmenter. Mais l’inflation pourrait changer la donne et pousser à une hausse bien plus prononcée de ces droits d’entrée.
Ces deux dernières années, entre la pandémie, la guerre en Ukraine et la crise économique, certaines écoles de commerce ont fait le choix d’augmenter leurs frais de scolarité, même pour les étudiants étant déjà en deuxième année. C’est notamment le cas de HEC Paris, qui avait pris cette décision en juillet 2022. Mais ce mouvement sera-t-il généralisé dans toutes les écoles de commerce en 2023 ? C’est la question que s’est posée l’équipe de Major-Prépa.
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Pourquoi les frais de scolarité des écoles de commerce sont-ils aussi élevés ?
Le premier élément à garder en tête est que le coût d’un master en école de commerce, entre les frais liés au corps professoral ou aux infrastructures, est estimé à environ 20 000€ par étudiant et par année. À l’université, cette même formation coûte 10 000€. Seule différence, dans le second cas, presque 95% de la formation est prise en charge par l’État et donc le contribuable. Il faut également noter que les business schools françaises affichent des frais de scolarité parmi les moins chers du monde.
Le budget d’une école de commerce se décompose comme suit : la masse salariale (50% à 60%), la technologie déployée par les business schools (8% à 10%), les locaux (5% à 10%), les départements supports, aka le marketing, la communication ou le recrutement (5% à 10%) et les frais liés aux bourses ou à d’autres dépenses.
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Comment expliquer les hausses faramineuses de frais de scolarité ?
Avant d’en savoir plus sur l’impact de l’inflation sur les frais de scolarité des business schools françaises, il convient de comprendre ce qui pousse à l’augmentation. Si tu n’as pas lu notre article publié quelques années plus tôt, voici un petit rappel.
Plusieurs facteurs influent sur la hausse des frais de scolarité en école de commerce. Le premier est le fait que, si les autres établissements d’enseignement supérieur disposent d’aides de l’État, les subventions accordées aux business schools françaises ont grandement baissé ces dernières années.
L’autre phénomène expliquant l’augmentation des frais de scolarité, c’est bien sûr la compétition internationale. C’est un cercle vertueux (mais vicieux pour le portefeuille des étudiants) : en recrutant les meilleurs enseignants-chercheurs (et donc les plus onéreux) et en attirant des étudiants de haut niveau, l’école est plus visible à l’international et séduit les meilleurs professeurs et étudiants internationaux. Il faut également rester compétitifs sur des sujets comme l’expérience pédagogique, la technologie mise à disposition des étudiants, les séjours académiques, quitte à déployer de nouveaux établissements à l’étranger, les services…
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L’inflation et les frais de scolarité en école de commerce
Parmi les dépenses les plus importantes des écoles de commerce, on retrouve les salaires et les locaux (loyer, eau, électricité, gaz…). Ce sont deux postes de dépenses qui ont considérablement augmenté ces derniers mois. Quand la rémunération a été revue à la hausse pour suivre l’inflation, le coût des charges a doublé, voire triplé pour certains établissements.
Alors l’inflation va-t-elle pousser les écoles de commerce à augmenter les frais de scolarité ? Malheureusement, la réponse est oui. En effet, le contexte économique se confronte aux ambitions des business schools, ce qui ne pousse pas le montant des droits d’accès à la baisse. Pour le dernier numéro du Major n°13, magazine de Major-Prépa que tu peux consulter ci-dessous, la journaliste Stéphanie Ouezman a interrogé les directeurs d’écoles ou responsables de Programme Grande École, la formation phrase des écoles de commerce françaises. Globalement, les frais de scolarité vont augmenter jusqu’à 6% à 7% pour certains établissements.
BSB, de son côté, parle d’indexer les frais de scolarité sur l’inflation ou de réfléchir à un mécanisme qui permettrait de moduler ces frais à la hausse ou à la baisse. L’ESSEC évoque une augmentation de 6,5%, tandis qu’une partie des business schools parlent plutôt d’une hausse de l’ordre de 2%, ce qui reste bien en deçà de l’inflation enregistrée en 2022 à 5,2%.
Cependant, il convient de remettre ces chiffres dans leur contexte. Si certaines institutions évoquent des augmentations de frais de scolarité raisonnées, celles-ci s’inscrivent le cadre de hausses généralisées depuis plusieurs années. D’après l’enquête de frais de scolarité de Major-Prépa, le coût d’une formation à NEOMA a grimpé de presque 30% entre 2018 et 2022. C’est également le cas à l’ESSEC.
Il convient toutefois de noter que l’année 2023 sera également marquée par une hausse importante du coût de l’énergie pour ces institutions. Il se pourrait donc que les hausses envisagées soient finalement revues en 2023, voire en 2024.