Lors de la cérémonie de remise de diplôme de HEC Paris le 9 juin, la toute jeune diplômée Anne-Fleur Goll a tenu un discours poignant concernant les enjeux climatiques et la responsabilité des étudiants et des écoles envers ces problématiques.
Le 9 juin s’est tenu la cérémonie de remise des diplômes des étudiants de HEC Paris. À cette occasion, les étudiants prennent la parole pour faire entendre leur voix avec le reste de la promotion et faire passer des messages qui leur tiennent à coeur. Il s’agit d’une tradition que même Emmanuel Faber, diplômé de HEC, a honoré, en juin 2016. Il avait fait un discours profondément humain, faisant référence à des années sombres de sa vie : « Qu’est-ce qui m’a le plus marqué pendant mes trois ans à HEC ? C’est ce coup de fil que je n’aurais jamais voulu recevoir, à 21 heures […] et où j’ai appris que mon frère venait d’être interné pour la première fois en hôpital psychiatrique, diagnostiqué avec une schizophrénie lourde. Ma vie a basculé. »
Cette année, le discours le plus poignant revient à Anne-Fleur Goll, diplômée de HEC en 2020 et Climate consultante chez Deloitte. Elle faisait partie des trois diplômés à s’exprimer lors de la cérémonie de remise des diplômes.
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Discours d’une diplômée de HEC : Un ton de révolte et une envie de changer les choses
Lors de la prise de parole d’Anne-Fleur Goll, l’ensemble des étudiants et leurs familles respectives étaient fortement touchés par ses propos et adhéraient à ses idées. Elle est partie du constat que HEC et les autres écoles de commerce formaient les étudiants à des métiers qui contribuent fortement à empirer la crise écologique. Et pour cause, certaines entreprises partenaires de l’école font partie des plus gros pollueurs et les étudiants considèrent que les cours dispensés restent en décalage avec l’urgence environnementale que nous traversons.
Elle explique : « Après quelques mois d’insouciance campusarde à HEC, j’ai ressenti un profond désarrois en prenant conscience que les métiers vers lesquels menaient mes études étaient la principale cause de cet effondrement environnemental. Je découvrais en parallèle les mécanismes des marchés financiers et les sommes faramineuses qui continuent à financer les énergies fossiles. Je voyais les mêmes entreprises à la Career Fair dans les classements des plus grands pollueurs. »
Face à ce constat effroyable, elle appelle l’ensemble des étudiants à s’engager dans les voies professionnelles en faveur de la transition écologique. Les diplômés des Grandes Écoles ont en effet une rôle à jouer étant donné que leur diplôme leur ouvre de nombreuses portes et que c’est de leur responsabilité de changer les choses. Elle souligne : « J’ai choisi un métier dans la transition pour me joindre à ce mouvement collectif. Il me donne de la force au quotidien, apaise mon éco-anxiété et accroît ma conviction que, plus nous seront nombreux à travailler dans cette même direction, plus vite nous irons. »
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Écologie et valeurs au coeur des préoccupations des étudiants
Si Anne-Fleur Goll incite les diplômés de son école à suivre ces trajectoires professionnelles, c’est qu’elle juge qu’ils sont encore marginaux face aux cohortes de consultants en stratégie, analystes financiers ou encore business developers comme le démontre l’enquête de la CGE en 2021. « Nous avons dans ces décennies de vie professionnelle l’opportunité de marquer l’Histoire, d’arrêter de perpétuer un système financier et commercial qui dépasse largement les limites planétaires et stopper cette spirale qui va affecter l’Humanité pour les siècles à venir », souligne-t-elle.
Anne-Fleur Goll a reçu une standing ovation après son discours, démontrant que cette prise de conscience est loin d’être un événement isolé. Elle reflète également le profond décalage entre les formations reçues par les étudiants et leurs attentes. L’enquête du BCG et de la CGE démontre que les étudiants sont de plus en plus conscients des enjeux environnementaux : 63% des étudiants sont prêts à accepter un poste plus précaire s’il est porteur de sens. Du côté des alumni, ce chiffre s’élève à 62%.
En ce qui concerne le secteur d’activité dans lequel souhaitent s’orienter les jeunes diplômés et les étudiants, l’univers de l’environnement se place en première place et de loin. 71% des élèves de Grandes Écoles déclarent vouloir y travailler contre 81% des alumni. Pour les étudiants, le top 5 est ensuite constitué du secteur des énergies (55%), de l’humanitaire (54%), du conseil (53%) et de l’automobile/aéronautique (45%). Chez les alumni, le classement est légèrement différent. Ils souhaitent travailler dans le secteur de l’environnement, puis l’énergie (73%), le conseil (59%), l’agriculture/agroalimentaire (56%) et enfin l’humanitaire (55%).
Les étudiants et les diplômés de Grandes Écoles sont engagés et cet investissement se traduit par leur vision de la politique RSE des entreprises. Ils sont de plus en plus sensibles à cette notion. D’après les témoignages du rapport du BCG et de la CGE, les étudiants considèrent qu’en matière de transformation environnementale, les grands groupes sont ceux qui peuvent changer les choses, mais qui sont les moins engagés sur ce sujet. Quand bien même elles démontrent un engagement, il est encore perçu comme opportuniste et peu sincère par 54% des étudiants et 51% des diplômés, une question qui peut donc porter préjudice aux entreprises qui souhaitent attirer les talents de demain.
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