Créée en 1973 par 11 écoles d’ingénieurs et 1 école de commerce (HEC Paris) avec pour objectif de promouvoir et d’accompagner le développement du modèle des Grandes Écoles françaises secouées par les événements de mai 1968, la Conférence des Grandes Écoles fête cette année ses 50 ans. Un demi siècle après sa création, où en est la CGE, qui rassemble aujourd’hui 235 établissements ? Réponses recueillies en direct du congrès anniversaire de organisé les 13 et 14 mars.
1973-2023 : les principales réalisations et missions de la CGE
L’année qui a suivi sa création, la CGE a accueilli l’Ecole Normale Supérieure en son sein, ouvrant l’accès à des écoles dites spécialisées. Elles sont une quarantaine au sein de la conférence aux côtés des écoles d’ingénieurs et de management. Rapidement, la CGE s’est organisée en commissions dédiées aux différentes thématiques occupant ses membres (international, insertion, ouverture sociale, diversité…) au sein desquelles elle développe des travaux de réflexion et de suivi de l’activité. Elle en partage les fruits de différentes manières : via des livres blancs, comme celui dédié à l’ouverture sociale paru en 2010, des baromètres comme celui de l’égalité femmes/hommes, publié pour la première fois en 2015 ou ses enquêtes insertion, dont la première remonte à 1993. Grâce à elles, la CGE fait le point année après année sur les premiers pas de chaque nouvelle promotion de diplômés de ses écoles membres dans la vie professionnelle.
La CGE poursuit aussi depuis 1983 et la création du label Mastère Spécialisé une importante mission d’accréditation destinée à valoriser ses formations. En 2002, c’est le label MSc qui a vu le jour. Puis le label DD&RS et le label 4Digital, détenu à ce jour par 10 écoles. « Outre la réflexion au sein des commissions et le développement d’outils de labelisation, la troisième mission de la CGE, qui a été engagée sous la présidence d’Anne-Lucie Wack, concerne les actions de lobbying », précise Laurent Champaney, président de la conférence depuis juin 2021. Les Grandes Écoles n’ont en effet plus seulement affaire au ministère de l’Enseignement supérieur, mais aussi à celui du Travail, pour les question liées à l’Apprentissage notamment ; à celui de la Santé, pour évoquer la thématiques des étudiants en situation de handicap. « Un travail important est également conduit auprès des parlementaires, souligne Laurent Champaney, pour faire entendre la voix des Grandes Écoles auprès de celles et ceux qui portent les décisions gouvernementales liées au supérieur. »
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La CGE veut définir une feuille de route pour les 50 prochaines années
« À l’occasion de ses 50 ans, la CGE a mis en place un programme destiné à célébrer ses réalisations mais aussi réfléchir à l’avenir des Grandes Écoles. Nous avons pour objectif de définir une feuille de route pour les 50 prochaines années : quels sont les nouveaux services à apporter aux étudiants ? Comment mieux faire valoir l’importance de notre rôle ? », expose Laurent Champanay qui confirme sa candidature pour un second mandat à la présidence de la CGE. L’association élira son prochain bureau lors d’une assemblée générale qui se tiendra en juin 2023.
Comment la Conférence des Grandes École va-t-elle s’y prendre pour aborder les 50 années à venir ? Elle a programmé des rendez-vous à différents moments de 2023 qui la conduiront au dévoilement des pistes et de l’agenda de travail retenus lors des assises de son cinquantenaire se tenant le 13 octobre prochain. « Le congrès des 13 et 14 mars doit nous permettre de formuler des défis d’avenir dans un contexte où de nouveaux enjeux émergent pour l’éducation. C’est un temps de retrouvailles autour de 5 grandes tables rondes. Un rendez-vous que nous avons voulu institutionnel et résolument tourné vers le futur », indique Tamym Abdessemed, commissaire de cet anniversaire et directeur d’Excelia Business School.
Le 16 mai 2023, la CGE fêtera ses 50 ans au sein des établissements membres. Chacun est invité à mettre en avant « une initiative emblématique de son arrimage au modèle des Grandes Écoles ». À l’issue de cette journée, la CGE souhaite rassembler toutes les propositions d’engagement pour l’avenir émanent de ses membres qu’elle invite à imaginer la Grande École du futur. En parallèle, une consultation nationale sera lancée pour recueillir les attentes des parties prenantes à leur sujet.
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Statut EESPIG, titres RNCP, avenir des prépas… les questions qui font l’actu 2023 de la CGE
Pour beaucoup, de l’extérieur, les membres de la CGE restent des écoles privées lucratives. « Or, 2/3 d’entre elles sont publiques sous la tutelle d’une dizaine de ministères différents au total. Et toutes ont soit par statut, soit par mandat, des missions de service public à opérer. Nos actions de lobbying doivent nous aider à mieux véhiculer qui nous sommes », indique Laurent Champaney. La CGE demande notamment un élargissement du statut d’EESPIG qui est jugé trop restrictif.
La question des titres RNCP est également sur la table. Pour la CGE, le rachat ou la location de ces titres n’est pas un problème en soit lorsque que la qualité est au rendez-vous. Mais qui pour s’en assurer ? « C’est un travail de fourmi que la CGE opère pour ses labels. Pourquoi ne pas le prendre en charge également pour le RNCP… » envisage le président de l’association.
Quid des prépas qui souffrent aujourd’hui d’un recul de leur niveau d’attractivité ? « Nous nous sommes toujours positionnés comme un soutien aux classes préparatoires. Et il faut envisager ce choix d’orientation comme l’intégration au sein d’un cursus en bac+5. Notre modèle de Grande École est fondé sur l’intégration via un concours et cela crée une vraie émulation. Que des jeunes soient allergiques à ce système, cela ne me semble pas un drame car il existe d’autres voies, peut-être moins rapides, mais plus professionnalisantes. Plusieurs modèles existent et il faut les faire coexister car ils ont tous leurs avantages. Deux années intensives permettent aux élèves issus des classes préparatoires de développer des compétences uniques qu’ils sont capables de mobiliser rapidement ensuite au sein de nos écoles. Même si nous nous sentons parfois en concurrence avec nos alliées que sont les classes prépa, on espère que ce modèle va continuer d’exister », conclut Laurent Champaney.
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