Portraits Inspirants

Les entrepreneurs à succès #1 – Jacques Saadé, fondateur de CMA CGM

Le 24 juin 2018, on apprenait la disparition d’un géant des mers. Le fondateur de CMA CGM désormais 4ème acteur mondial du transport maritime laissait derrière lui un groupe de plus 30 000 salariés. Revenons sur la sucess story de Jacques Saadé, un visionnaire qui a bâti un empire de plus de 18 milliards d’euros en l’espace de 40 ans. 

 

Destitué de son affaire familiale en Syrie, Saadé s’exile au Liban 

Diplômé de la London School of Economics en 1957, il reprend l’entreprise familiale de son père en Syrie. Rapidement, les Saadé se font confisquer leur affaire par le régime Al-Assad dans le cadre d’un vaste plan de nationalisation de l’économie syrienne. Ils fuient donc au Liban. 

« J’ai vu le gardien à l ‘entrée. Je lui ai demandé s’il savait que l’usine avait été nationalisée. Il m’a dit oui. J’ai voulu entrer pour prendre mes affaires. Il a dit non, et c’est la dernière fois que je voyais l’usine de l’extérieur »

Sous les conseils de son père, il part effectuer un stage à New York pour découvrir le transport maritime. Il y découvre l’utilisation du conteneur par l’armée américaine. 

« J’ai pensé que le conteneur était une excellente idée pour le transport car c’était fermé, facile, rapide. »

 

 

Arrivée à Marseille, création de la compagnie maritime d’affrètement (CMA) et rachat de la compagnie générale maritime (CGM) 

Jacques Saadé fonde la compagnie maritime d’affrètement en 1978. Les débuts sont modestes. L’entreprise comporte au début 4 salariés et un seul navire sur une ligne régulière reliant Marseille à Beyrouth. Il ouvre une seconde ligne traversant le canal de Suez en 1983 puis une troisième 1986 reliant l’Europe du Nord et l’Asie. Il inaugure le premier bureau commercial de CMA à Shanghai en 1992. Il mise sur une croissance externe pour faire grandir son entreprise. Il rachète alors CGM à très bas prix en 1996 dans le cadre de sa privatisation par le gouvernement Juppé II.

 

 

De l’acquisition de Delmas aux grandes difficultés de 2009

En 2005, CMA CGM rachète Delmas à Bolloré pour 600 millions d’euros et étend son activité au continent africain. Le groupe familial devient alors troisième acteur mondial du transport maritime. L’entreprise de monsieur Saadé est cependant confrontée à de sérieuses difficultés à la suite de la crise de 2008. Le commerce maritime est brutalement ralenti et les taux de fret divisés par 5 entrainant une baisse du chiffre d’affaire de 30% pour le transporteur français. La dette de CMA CGM explose en 2009 et atteint plus de 6 milliards d’euros. La raison ? Le groupe dont le taux de croissance annuelle avoisinait les 25% les années précédentes avait 59 bateaux en commande. Les proches de Jacques Saadé affirment qu’il a toujours abordé cet épisode avec sérénité et fermeté. Il dirige sans relâche les négociations avec les banques et les institutions publiques pour obtenir un rééchelonnement de la dette plutôt que de tenter une annulation de commande auprès des constructeurs asiatiques réputés très coriaces. L’entrepreneur franco-libanais avait vu juste puisqu’en 2010, les performances commerciales du groupe dopées par un taux de fret plus élevé s’amélioraient.

 

 

L’héritage de Jacques Saadé, un groupe familial qui ne cache pas ses ambitions 

La stratégie de CMA CGM est claire: atteindre une taille critique pour faire face à une trop grosse volatilité des taux de fret. C’est dans cette optique que le singapourien NOL (18ème armateur mondial) est racheté en 2015 par le groupe basé à Marseille. Cependant, les négociations ne sont pas menées par Jacques mais Rodolphe son fils devenu directeur général et membre du conseil d’administration en 2010. Le fondateur de l’armateur marseillais s’est toujours montré foncièrement attaché à un modèle de gouvernance familiale. Lors de la crise qu’a traversé le groupe, le natif de Beyrouth s’est efforcé de repousser les investisseurs potentiels pour garder un contrôle familial. Maintenant, il est temps pour Rodolphe Saadé de poursuivre les aspirations de son père. « Rien ne se fait de grand qui ne soit une espérance exagérée ! ». C’est en citant Jules Vernes que Saadé aimait terminer ses discours. Courageux, ambitieux, visionnaire: il avait tous les attributs d’un navigateur hors pair.

 

Notre deuxième épisode sur Jean-Claude Decaux, l’inventeur des Abribus et entrepreneur au caractère bien trempé.

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