Depuis 2019, la Conférence des Grandes Écoles publie un baromètre des stéréotypes de genre qui existent au sein des Grandes Écoles, en partenariat avec l’Association Française des Managers de la Diversité (AMFD) et Clermont School of Business. Dans cette 4e édition conduite par Tanguy Bizien, Pascale Borel et Marie Loprin, l’étude met en lumière un déclin des convictions égalitaires chez les femmes, ainsi que la recherche de nouveaux modèles d’ambition.
Des convictions paradoxales chez les hommes et les femmes
Alors que 79% des 2680 répondant(e)s issus de 89 établissements de la CGE croient en une stricte égalité des compétences entre femmes et hommes, certaines qualités sont encore attribuées à l’un ou l’autre. La confiance en soi, la gestion du stress et l’autorité relèveraient davantage des traits masculins, tandis que l’empathie, l’écoute et la sensibilité reviendraient principalement aux femmes. Ce sont les mêmes clichés que l’on retrouve dans la société ; d’où la nécessité de leur faire barrière dès l’enfance et les premières instances de socialisation.
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Le poids des stéréotypes sur les étudiantes
L’étude révèle une « double contrainte » chez les étudiantes : d’un côté, elles projettent sur elles-mêmes davantage de stéréotypes que les étudiants. D’un autre côté, ces derniers attribuent aux étudiantes plus de stéréotypes qu’elles ne le font envers eux. En d’autres mots, les femmes sont plus exigeantes envers elles-mêmes et les hommes sont plus exigeants envers les femmes qu’envers eux-mêmes. Cette combinaison d’auto-stéréotypes et hétéro-stéréotypes met en lumière la difficulté pour les étudiantes de s’extirper d’un cercle vicieux de perceptions figées, qui favorise l’auto-censure et freine leur projection dans certaines fonctions de management ou de direction.
Les différences de modèles d’ambition chez les étudiants et les étudiantes
Au total, 2735 étudiant(e)s ont répondu à la question ouverte sur leurs modèles de l’ambition. Parmi les répondant(e)s ayant cité une figure connue, on observe une différence notable selon le genre : les étudiants évoquent majoritairement des figures individualistes et très visibles, comme Elon Musk (3,73%) ou Napoléon (3,5%), tandis que les étudiantes se tournent vers des modèles incarnant l’engagement collectif, la justice ou le progrès scientifique, tels que Simone Veil (3,3%) ou Marie Curie (2,1%).
Mais le constat qui surprend le plus reste le déclin de popularité des figures d’ambition : près d’un tiers d’entre eux n’ont pas mentionné de figure célèbre, privilégiant plutôt des personnes de leur entourage ou des personnalités plus discrètes.
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Les Grandes Écoles : position et responsabilité dans les stéréotypes de genre
Autre constat étonnant révélé par l’enquête : les Grandes Écoles apparaissent comme des milieux relativement neutres, les stéréotypes semblant se manifester surtout « hors les murs ». Les étudiant(e)s pointent principalement la société, les réseaux sociaux et, plus largement, les médias comme vecteurs de ces stéréotypes de genre. Les Grandes Écoles, moins exposées à ces stéréotypes selon l’étude, doivent donc jouer un rôle actif dans leur communication, notamment sur les réseaux sociaux et en mettant en place des actions de formation et de sensibilisation.
Ce baromètre confirme ainsi – sans grande surprise – que les stéréotypes de genre pèsent davantage sur les femmes que sur les hommes. Il est essentiel d’agir dès l’école maternelle et primaire, car ces stéréotypes s’inscrivent dans les premiers modes de socialisation. Plus tard dans la vie académique, les Grandes Écoles jouent un rôle déterminant pour préparer une génération capable de concilier ambition et égalité.
