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Conférence Tribunes ESCP #4 – Xavier Bertrand

Le 4 décembre dernier, l’association Tribunes ESCP Europe recevait l’ancien ministre et actuel président du Conseil régional des Hauts-de-France, Monsieur Xavier Bertrand. À l’issue de cette rencontre, plusieurs thèmes ont pu être abordés par les étudiants, notamment l’état actuel de l’Europe, son rôle en tant que Président de région, ou encore plus globalement son ressenti face à la conjoncture sociale et politique.

 

Quel constat faire au sujet de l’Europe ?

En tant qu’europhile convaincu, Monsieur Bertrand a tenu à réaffirmer sa confiance pour le projet européen, actuellement bousculé par diverses échéances, notamment le Brexit. En effet, il a vigoureusement rappelé les réussites de cette entité en évoquant la paix, le développement économique qui a fructifié du fait de cette union ou encore les facilités de transport liées à l’adoption d’une monnaie commune. Selon lui, la lenteur que l’on peut reprocher à certains dossiers serait d’origine franco-française, rappelant la complexité de notre technostructure nationale.

Il serait nécessaire de charger l’Europe de certains dossiers délicats en faisant confiance à sa force de décision. Face aux GAFA, elle aurait en effet su réagir tout comme il serait possible qu’elle intervienne dans le conflit qui oppose la Chine aux États-Unis. Dès lors, même si la concertation de vingt-six états peut s’avérer fastidieuse, le résultat n’en serait que plus puissant. Il souhaite ainsi que l’Europe renoue avec sa souveraineté afin de conserver son rayonnement.

 

Quel avenir pour les relations entre les Hauts-de-France et le Royaume Uni ?

À l’aube d’échéances décisives concernant le Brexit, l’actuel président des Hauts-de-France a rappelé le caractère « spécial » qu’a toujours revêtu l’appartenance du Royaume-Uni à l’Europe. En effet, les négociations qu’ils ont effectuées, les clauses qu’ils n’ont pas souhaité intégrer, illustrent une historique relation ambivalente avec l’Europe. En somme, ils étaient « européens à leur façon ». En tant que deuxième puissance économique du continent, il ne considère pas le Brexit comme une bonne nouvelle mais condamne toute punition les concernant, appelant au respect de cette décision.

Face aux potentiels problèmes qui pourraient toucher sa région une fois le Brexit exécuté, Monsieur Bertrand a assuré avoir déjà anticipé certaines contraintes. En effet, il rappelle à juste titre que la région des Hauts-de-France est le territoire limitrophe le plus proche de la Grande Bretagne qui devra nécessairement continuer à commercer et à échanger avec le reste du continent et du monde. Pour préparer le départ potentiel d’entreprises du Royaume-Uni, il aurait commencé à négocier la création d’une zone franche à Douvres ou aurait encore cherché à insuffler un dynamisme dans la ville de Lille qui pourrait jouir de ces départs (constructions d’écoles pour européens, loyers moins chers que dans les autres capitales européennes).

Selon lui, le Brexit n’est pas ce qui met aujourd’hui le plus en danger l’Europe. Il a pointé de ce fait plusieurs problèmes qui nuiraient à une cohésion comme les délocalisations vers certains pays de l’Est ou encore la crise migratoire qui se trouve encore sans réponse.

 

Quelle expérience tirer de la fonction de président de région ?

Les régions possèdent aujourd’hui trois principaux domaines de compétences articulés autour des thèmes de l’économie, du transport et des lycées. Néanmoins, malgré la clarté qu’a apporté la réforme de 2015, en tant que président de région, Monsieur Bertrand s’est plaint du « parcours du combattant » que rencontrent les entrepreneurs en France face à la compétitivité d’autres pays.

Donner plus de responsabilité aux régions serait dès lors un moyen de contracter les étapes de l’installation et ainsi de ne pas manquer certaines opportunités. Pour ce faire, il a notamment cité l’exemple de l’installation de Tesla en Europe qui a choisi l’Allemagne du fait des délais administratifs trop longs en France. Il rêve alors d’une région plus autonome afin de pouvoir être réellement attractive en mettant en avant toutes ses compétences et qualités sans souffrir des problèmes administratifs structurels.

 

Quel regard porter sur la crise sociale ?

Du fait de son expérience en tant qu’homme politique, la discussion s’est poursuivie autour du thème de la crise sociale qui bouscule la France. Selon Monsieur Bertrand, le temps n’est plus à la résignation mais bien à la remise en cause qui prendrait deux formes principales : le vote pour l’extrême droite et la manifestation. Cette situation serait expliquée par des conditions de vie de plus en plus précaires, un pouvoir d’achat affaibli même dans le cas d’un emploi. Il déclare alors ne pas vouloir faire une croisade contre l’extrême droite, mais vouloir résoudre les causes de l’extrême droite : misère, chômage… Face à cette conjecture particulière, Monsieur Bertrand a mis en garde face à la possible disparition de la droite si elle ne gagne pas aux prochaines élections présidentielles, ce qui serait synonyme d’un déplacement de l’opinion public vers l’extrême droite. Néanmoins, l’objectif ne serait pas de gagner mais bien de remettre le pays sur pied, de réinsérer de la justice sociale ; un projet qui ne serait pas favorisé par le quinquennat renouvelable.

Enfin, la réforme des retraites a occupé les derniers temps du débat puisque Monsieur Bertrand a dénoncé une « hypocrisie » de la part du gouvernement qui laisserait les Français dans le flou. Selon lui, face à l’allongement de la durée de vie, deux possibilités de réforme des retraites se présentent : baisser les salaires ou retarder l’âge de départ à la retraite. Selon lui, les salaires étant déjà bas, la deuxième solution s’impose. Il propose alors de mettre en place, dans dix ans, un âge de départ fixé à 64 ans sauf pour des métiers qui usent et abiment ou encore ceux que l’État jugera d’une telle importance qu’un départ prématuré est légitime (police, gendarmerie, armée). C’est avant tout un besoin de justice qui doit animer selon Monsieur Bertrand chaque réforme et qu’il ne retrouve pas dans celle amorcée par le gouvernement d’Édouard Philippe.

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Rédigé par Clémentine Villas, Tribunes ESCP Europe

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