Pilote de ligne Christelle
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Christelle, diplômée de l’EM Normandie et pilote de ligne

Christelle Findeling est diplômée de l’EM Normandie, mais sa carrière a pris une tout autre trajectoire. Aujourd’hui, elle est pilote de ligne et commandant de bord pour Air France. Elle revient sur son aventure qui l’a menée à côtoyer les nuages, mais aussi sur les a priori qui subsistent sur les femmes dans une profession encore très masculine.

 

Le parcours de Christelle, de l’EM Normandie au métier de pilote de ligne

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Après l’EM Normandie, je n’ai pas cherché de travail.  Je me suis penchée sur l’aspect théorique à maîtriser pour devenir pilote de ligne. Il fallait passer une dizaine d’examens qui se déroulaient tous les trois mois. J’étais seule avec mes livres à la maison et je les ai passés en candidat livre. Il m’a fallu trois ans pour tout passer. C’était parfois dur, car mon profil d’étudiante en école de management faisait de moi une matheuse, alors qu’on me demandait d’être forte en physique.

Après la théorie, j’ai dû passer à la pratique. Je me suis d’abord inscrite dans un aéroclub pour commencer à piloter. J’ai ensuite réalisé des stages homologués, des stages assez onéreux, avant de passer mon brevet de pilote privé, puis mon brevet de pilote professionnel. Enfin, j’ai dû passer mon brevet de pilote professionnel qualifié aux instruments, puis la qualification travail en équipage. Désormais, cette procédure s’appelle le CPLIR.

J’ai dû attendre deux ans avant d’arriver chez Brit Air. En fait, pour pouvoir piloter un avion, il faut être qualifié sur un avion. C’est une procédure qui coûte cher, mais les compagnies aériennes peuvent les financer. Ainsi, en intégrant Brit Air, ils ont payé ma qualification et je devais quatre ans à la compagnie. En parallèle, j’ai passé les process de recrutement d’Air France et j’ai été prise. J’ai donc quitté Brit Air au bout d’un an, en remboursant ma qualif.

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Pourquoi faire une école de commerce pour exercer en tant que pilote de ligne ?

Ma passion n’était pas née à cette époque-là. J’ai découvert l’aéronautique grâce à l’EM Normandie. J’ai réalisé un stage étudiant en tant qu’hôtesse de l’air pour Air France. Mon tout premier vol était un aller-retour Paris-Madrid. À l’époque, il y avait plus de personnel et notamment un mécanonavigant. Sur mon premier vol, c’était une femme et j’étais subjuguée.

 

Vous vouliez tout abandonner pour devenir pilote. Comment l’ont pris vos parents ?

En revenant de mon stage, en fin de première année, je voulais devenir pilote et j’en ai donc parlé à mes parents. Ils m’ont dit de finir mon école, tout en précisant que je pourrais faire ce que je voulais après. J’ai donc continué à réaliser mes stages en tant qu’hôtesse de l’air pour Air France, puisque c’était bien rémunéré et j’ai pu être autonome financièrement et ainsi payer mes deux dernières années d’études à l’EM Normandie ainsi que ma formation de pilote.

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Devenir pilote chez Air France 

Est-ce complexe d’intégrer Air France ?

Il y a beaucoup d’étapes. J’ai démarré en 90 et j’étais vraiment prête en 97. Il faut vraiment rester motivé et continuer à y croire. Tout d’abord, il y a la sélection Air France avec des entretiens avec des psys, des cadres qui sont commandants de bord. Il faut également réaliser des tests psychotechniques et des tests psychomoteurs.

Ensuite, une fois qu’on arrive, on passe deux mois sur un simulateur au sol et deux mois avec un instructeur. Il y a ensuite un contrôle, puis nous sommes lâchés ! On commence en tant que copilote sur petit ou moyen-courrier, puis long-courrier, avant d’être commandant de bord moyen-courrier et des petits avions et, enfin, commandant de bord long-courrier. Notre licence est remise en jeu tous les ans puisque nous faisons une simulation de contrôle tous les six mois et une simulation de renouvellement de licence chaque année.

 

Comment s’est passé le premier vol ?

C’est un soulagement. On se sent légère. Au début, on est fébrile, le costume de commandant de bord est un peu grand, mais on prend rapidement ses marques.

 

Le quotidien d’un pilote de ligne

À quoi ressemble la journée type d’une pilote de ligne ?

Il n’y a pas de routine. À chaque fois qu’on part en vol, tout est différent. Il faut bien identifier le fait qu’il y a deux métiers. Le premier est celui de pilote moyen-courrier qui pilote beaucoup. On va faire jusqu’à quatre étapes par jour, tandis qu’un pilote long-courrier réalise en général une étape par jour. Le vol peut durer 12 heures et il n’y a pas de pilotage en tant que tel. On met le pilote automatique et c’est plus un métier de surveillance.

Certains éléments restent les mêmes pour les deux types de pilotage. Le matin, il faut préparer les vols, analyser les données de remplissage, les conditions météo. On choisit ensuite le carburant et on répète l’opération pour chaque vol.

 

On dit que c’est un métier qui provoque beaucoup de stress. Comment le gérer ?

Il va surtout venir des conditions météo difficiles. Ce que j’aime le moins, ce sont les tempêtes qui sont de plus en plus fréquentes. En revanche, nous sommes formés et préparés aux pannes. Une étude a prouvé que, sur les derniers accidents d’avion, il y avait un gros problème de communication entre le pilote et le copilote. Ainsi, le facteur humain est beaucoup plus pris en compte désormais.

Aujourd’hui, chez Air France, nous avons le CRM, pour Crew Ressource Management. Ce sont des cours obligatoires pour l’aviation civile. Chaque année, nous avons droit à des modules de gestion du stress, de la fatigue, de prise de décision. Nous apprenons aussi à reprendre le dessus sur nos émotions.

 

Pilote, un métier très masculin

Il y a peu de femmes dans votre profession. Avez-vous déjà subi des remarques à cause de votre genre ?

C’est plus ou moins flagrant. À une certaine époque, quelques pilotes ne voulaient pas voir de femme dans leur cockpit. S’il y a deux copilotes, un homme et une femme, le commandant de bord va systématiquement donner les instructions de vol à l’homme. Si j’ai mon manteau et qu’il cache mes gallons, on me prend pour la cheffe de cabinet…

Cependant, on dit que ce n’est pas un métier de femme, je dis si, au contraire. Il y a de nombreux avantages à exercer ce métier. Nous ne sommes que 7% de femmes chez Air France à être pilotes, mais ici, nous sommes classées en fonction de notre numéro d’arrivée. Le fait d’être une femme n’impacte ni la rémunération ni l’avancement.

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