Peu médiatique, l’empire saoudien est très implanté dans le capital des startups de la Silicon Valley et tisse de nombreux partenariats plus divers les uns les autres. Focus sur un investisseur qui apporte autant qu’il peut desservir.
Un fonds saoudien central pour le développement des startups
Le PIF (Public Investment Fund) est un fonds absolument massif dans le monde des startups : 6e plus gros fonds du monde, il a notamment participé, par ses diverses branches, à des levées de fonds pour des startups et grandes entreprises comme Uber, Snapchat, Twitter et peut-être bientôt certains des GAFAM (notamment Google, Microsoft, Amazon, etc.).
Le fonds a notamment travaillé avec le groupe Softbank pour la fondation du Vision Fund, à hauteur de près de 45 milliards de dollars, soit la moitié du fonds total. En d’autres termes, une partie des méga-levées qu’on a vues au cours des dernières années n’auraient pas pu avoir lieu sans la participation de l’Arabie saoudite à certains fonds.
Une discrétion des fonds d’Arabie saoudite assez critiquée
Les sommes sont telles que les startups ne peuvent quasiment plus se passer de Softbank, voire même directement de l’Arabie saoudite. C’est toutefois une certaine hypocrisie qui est dénoncée par des investisseurs, à l’image de Keith Rabois. Pour eux, il est anormal que ces entreprises reçoivent de l’argent directement issu de l’Arabie saoudite sans pour autant le déclarer.
Car si les grandes entreprises font le choix de ne pas divulguer la source de leurs investissements, ils la connaissent bel et bien. Ils acceptent donc que leurs innovations soient financées par un régime aussi hautement problématique que celui porté par l’Arabie saoudite. Une situation qui bénéficie directement au pays : en s’insérant à ce point dans le cœur entrepreneurial aux États-Unis, il pratique le soft power. On avait déjà parlé sur Business Cool du rôle des investisseurs dans la sélection des innovations et donc de leur pouvoir sur le monde futur, et si les fonds saoudiens parviennent à acquérir un pouvoir de vie ou de mort sur certaines entreprises, cela risque de soulever bon nombre de problèmes à l’avenir.
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Être le sponsor des startups : l’ambition de l’Arabie saoudite
Si l’on parle de ces problèmes aujourd’hui, c’est car un événement y amène : en effet, le fonds Sanabil, faisant partie du PIF, a révélé un grand nombre de ses investissements, y compris dans des entreprises comme Bird, Varo ou encore General Atlantic, dans une liste publiée sur son site Internet. Certaines des informations dont on dispose aujourd’hui sont donc assez nouvelles. Au grand dam des entreprises, les partenariats semblent donc grandement intéresser les fonds saoudiens sur le plan stratégique.
La volonté d’ingérence économique déjà évoquée semble alors en ligne avec une envie globale qui habite plusieurs pays du Moyen-orient : celle de se racheter une image à l’international, afin de renforcer son soft power. Si la stratégie ne fonctionne pour l’instant pas très bien (rappelle-toi de l’ampleur des critiques autour de la coupe du monde au Qatar), être associé à l’image de grosses entreprises va forcément être bénéfique pour de telles puissances, dans le cadre de cette stratégie.
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