Wiliam Eldin
Entrepreneurs inspirants

Rencontre avec William Eldin ancien de Coyote et fondateur de XXII

Que fait-on de nouveau au XXIe siècle ? Qu’est-ce qui va caractériser notre époque ? Ces grandes questions sur la nouveauté, sur les révolutions à venir, un écosystème entier de startupers et autres curieux résolus se les posent au quotidien. Parmi ces enjeux et thèmes majeurs, celui de l’intelligence artificielle occupe une place centrale. Sur toutes les lèvres, elle suscite à la fois étoiles dans les yeux et peur de l’avenir.

 

Au sein des écoles de commerce, elle pose surtout des questions sur l’impact dans le monde de l’entreprise ainsi que, par ricochet, sur les compétences attendues chez les futurs employés. Quels changements l’ère qui s’ouvre à nous va-t-elle entraîner ? Qu’attendre des étudiants sortant d’école de commerce en termes de profil et de compétences ? Ces questions, nous les avons posées à William ELDIN, ancien managing partner de Coyote et désormais CEO de XXII (prononcez « twenty-two »), entreprise experte en technologies de vision grâce à l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et virtuelle.

 

Bonjour William, merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, peux-tu présenter ton parcours, si atypique, à nos lecteurs pour qu’ils apprennent à te connaître ?

Bonjour à tous et merci de me lire. J’ai 33 ans, je suis papa de Noah, 3 ans et marié à Mélanie, que j’ai rencontrée au collège ! J’ai commencé, vers 12 ans, à créer un groupe de musique (électro-analogique), puis, à 16 ans, un label et des sons qui ont pas mal tournés. Ensuite, j’ai fait pas mal de radio, NRJ, Fun radio… en tant qu’animateur. À 18 ans, je me fais attraper pour un excès de vitesse et l’idée de monter un magasin spécialisé en détecteur de radar me parait de bon sens. Je deviens le petit spécialiste français et, quatre ans après, en 2008, après avoir monté quatre magasins, je rencontre Fabien Pierlot, fondateur de Coyote avec qui je m’associe. À partir de 2013, je m’intéresse à la vision par ordinateur, premièrement chez Coyote, puis je décide de vendre mes actions pour monter XXII, qui est d’ailleurs le nom de mon groupe de musique de l’époque. XXII c’est la boite de ma vie, à la conquête de l’intelligence humaine par l’imitation de ses capteurs ! Je commence par la vision, notre capteur majeur.

 

De la radio à l’intelligence artificielle en passant par l’antiradar… Si tu devais donner le fil conducteur de toutes tes expériences, quel serait-il ?

Toujours positif, beaucoup d’énergie, une rage profonde et une transparence sans faille. Il y a aussi le culte de la vitesse, j’adore aller vite et construire. C’est difficile à transmettre par écrit, mais c’est quelque chose qui se vit, j’aime tellement la vie que j’imagine que tout est possible, tant qu’on est régulier. Sur la timeline technologique, je peux essayer d’expliquer comme ça :

Passion + rage = Musique + vitesse = groupe de musique + matériel de son analogique = électronique (BAC) + radio (pour le côté musique) + vitesse = antiradar, des boitiers électroniques pour rouler vite + besoin d’innover et de créer = détection automatique de l’environnement (panneaux, dangers) = vision par ordinateur + entreprendre la conquête de nos intelligences = XXII

 

 

Parlons désormais de XXII, comment t’es venue l’idée ? Et comment vois-tu l’évolution de cette aventure ?

On a acheté un algorithme de détection de panneaux de limitation de vitesse avec Coyote, en 2013, et j’ai réalisé que la vision par ordinateur et le deeplearning imitaient le processus d’analyse naturel de l’Homme. Avec bon sens, je me suis construit des réflexions et des concepts, puis, dès que j’ai vu clair en cette technologie, il n’y avait plus d’alternative. Il fallait foncer. La vision par ordinateur sera l’intelligence artificielle la plus efficace, car elle reproduit la vision du monde de l’humain et elle sait l’imiter si on lui apprend par des masses de données. C’est fou ! Tu veux apprendre à un algorithme ce qu’est une tasse, tu composes ton dataset de tasses le plus riche possible, différentes tasses, différentes luminosités, angles, etc. Tu « montres » ça à un réseau de neurones et, ensuite, une fois que le réseau de neurones a « appris », tu lui montres des images où il y a des tasses, alors il va reconnaitre le pourcentage de ressemblance avec la base de données d’apprentissage et te dire que ça correspond à une tasse, car ça ressemble à plus de 80%, en moyenne, à ta base de données. C’est magique, complexe et à la fois tellement simple…

 

En France, le courant technologique est fort et semble prendre de plus en plus de vitesse ces dernières années. Au-delà de ton cas personnel, comment juges-tu les performances de l’écosystème français dans l’intelligence artificielle notamment ? A-t-on tant de retard que cela sur les USA, par exemple, dans le Big Data si fondamental pour l’IA ?

Il y plusieurs « groupes », je commence par le groupe du bullshit. Mettre AI, te permet, apparemment, de prendre en valorisation. Donc ils n’en font pas beaucoup, mais ils en parlent. Ensuite tu as le groupe avec le bon mix business/recherche qui avance et qui, honnêtement, n’a rien à envier à qui que ce soit ! La France est loin d’être larguée. Et, ensuite, tu as les entreprises issues de la recherche et, là, c’est très poussé techniquement, mais ça ne sait pas faire de business.

Oui la donnée est vitale pour faire de bons systèmes avec du deeplearning, mais les travaux de recherche avancent vite sur le deeplearning et la donnée commence à pouvoir être augmentée virtuellement… Bref, on tend vers un affaiblissement de la dépendance à la donnée. Les cartes peuvent être rebattues très rapidement.

 

Pour te poser la fameuse question choisie par Frédéric Taddeï, au début de chacune de ses émissions « Europe 1 Social Club », que j’aimais beaucoup écouter, et que j’ai mis en début d’article : « que fait-on de (vraiment) nouveau au XXIe siècle ? », selon toi ?

On se parle sans se connaitre et sans notion de distance. On mélange les cultures, on se construit de nouveaux repères et, pour autant, on ne modifie que peu nos éducations, notre ouverture et in fine notre intelligence. C’est la qualité de nos interactions qui progresse mal, à cause de la masse, on est trop, alors on essaye d’imiter notre intelligence par la technologie pour combler le manque…

 

Ensuite, en tant qu’entrepreneur, tu es également employeur et donc recruteur. Qu’attends-tu des jeunes employés que tu recrutes ?

De la transparence, de l’envie et du bon sens ! Soyez naturels, soyez souriant, soyez simples, documentez-vous avant de venir nous voir et choisissez votre prochain poste avec passion, c’est le seul driver d’une motivation régulière et de la performance !

 

Tu as été intervenant pour un MOOC grand public sur l’intelligence artificielle. Penses-tu que nous manquons de formation ou d’ouverture d’esprit sur le sujet ?

Oui ! Oui ! Oui ! C’est pourtant simple comme technologie, car ça nous ressemble. J’en veux un peu au monde de la recherche, car je trouve qu’ils complexifient les sujets et nous écartent, nous, le grand public, de la compréhension. On renversera le modèle par l’éducation, je ne comprends pas la lenteur du domaine et j’essaie tant bien que mal de faire avancer le sujet.

 

Projetons-nous dans le monde de demain, dans lequel l’intelligence artificielle sera omniprésente. Qu’est-ce qui changera fondamentalement dans le quotidien de nos lecteurs, potentiels cadres d’entreprise ? Pour caricaturer : formidable opportunité ou danger imminent ?

Magique, j’imagine un monde sans « via » technologique, un monde où la biologie est notre technologie. Un monde où on a supprimé ce qui, artificiellement, nous réunit, aujourd’hui. Plus de téléphones, on parlera autrement, plus de clés, on ouvrira les portes grâce à notre visage, plus de téléviseurs, on aura l’information partout. On aura tellement imité notre biologie qu’on saura l’augmenter par l’autoapprentissage.

 

Pour terminer, aurais-tu un mot ou un conseil à adresser à nos lecteurs, se posant des questions sur les entreprises qui sortiront d’école dans les semaines à venir ?

Ce qui est important, la base, c’est d’être heureux. Trouvez votre vibration, votre stimulation et adressez-vous avec passion à votre futur. Il n’y a pas de recette miracle. Écoutez ce qu’il y a au fond de vous et, même si vous échouez plusieurs fois, ce n’est pas grave, recommencez. J’ai l’impression que je vous cite un texte réchauffé, mais ce n’est pas ça. J’ai failli vous quitter plusieurs fois, mourir, et aujourd’hui celui qui se plaint n’a plus mon respect. C’est trop beau ce que l’on vit, avec ou sans peine, on est là, pour faire avancer notre civilisation, notre espèce. Alors pour revenir aux basiques, il suffit d’être simple, sain et motivé. Appréciez la vie et prenez-la du bon côté, c’est agréable.

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