L’université Paris Dauphine-PSL a annoncé début février la création d’une double licence conjointe avec la Tony Parker Academy sur la thématique sport et management. Ouverture programmée pour la rentrée 2025, date à laquelle l’Academy de l’ex-basketteur, déjà implantée à Lyon (69), ouvrira ses portes à Saint-Ouen (93). Tony Parker a répondu aux questions des étudiants de Dauphine Discussion Débat le temps d’une soirée consacrée à la présentation de ce futur programme. Un échange qui a aussi largement tourné autour de la vie sportive et entrepreneuriale de l’ex-meneur star des Spurs de San Antonio !
Après être revenu sur les temps forts de sa carrière sportive et avoir évoqué sa nouvelle vie d’homme d’affaires (il est à la tête de l’entreprise, Infinity Nine Group), Tony Parker, qui a fêté ses 40 ans en 2022, a également livré ses conseils aux jeunes qui cherchent à s’orienter et à trouver les meilleurs débouchés professionnels, notamment dans l’univers du sport. Business Cool était présent dans l’amphi 8 de l’université Dauphine PSL, plus que bondé pour la venue de cette figure star du basket international ! On partage avec toi les meilleurs échanges de la soirée…
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« Avec mon entreprise, je rêve en grand ! »
D’où vient le projet de la Tony Parker Academy ?
Je suis animé par l’envie de transmettre, de donner tout ce que je peux à la nouvelle génération, d’aider à l’épanouissement de jeunes auxquels j’ai envie d’offrir une plateforme pour réussir. Je veux aider à former des gens talentueux dans les territoires, y compris ceux qu’on peut encore considérer comme des ghettos. C’est pour ça que je suis fier que mon Academy s’installe à Saint-Ouen. C’est une ville qui se transforme grâce aux JO Paris 2024 et aux actions de son maire, Karim Bouamrane. C’est un homme qui m’inspire beaucoup par sa capacité à rassembler au sein de sa ville des gens de pays, de religions, de mentalités différentes.
Grâce à la Tony Parker Academy, les jeunes sont mis face à des métiers, ils sont très tôt exposés au monde professionnel. Nous avons des partenariats avec Adidas, L’Oréal, LVMH… et j’ouvre mes contacts pour que mon carnet d’adresse bénéficie au maximum aux étudiants. Grâce à l’ensemble de mes activités (club de basket, station de ski, hippisme, maison de champagne…), ils ont la possibilité d’entrer en contact avec près de 200 entreprises qui gravitent dans l’univers d’Infinity Nine Group. Cela leur assure une insertion sur le marché du travail et un avenir professionnel à tous, que ce soit dans le domaine du sport ou de l’art de vivre. Je peux vous assurer que les chefs d’entreprise que je côtoie adorent les profils de sportifs avec une discipline de travail qui leur a été inculquée très tôt.
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Quel principe guide vos investissements ?
C’est simple : j’investis dans des univers qui ont de l’impact sur notre société et qui inspirent les jeunes. Je concentre donc mes actions et projets autour de trois domaines qui me passionnent : le sport, l’éducation et l’art de vivre. Aujourd’hui, avec ma société, Infinity Nine Group, nous nous concentrons sur ces trois pôles qui sont très porteurs économiquement également et qui sont aussi associés à une économie bienveillante. Je parle en particulier pour la boisson que j’ai développée. Je trouve important de promouvoir quelque chose de sain auprès de la nouvelle génération.
Mais je ne m’impose pas de limites : je suis encore jeune et j’ai l’avenir devant moi pour faire grandir mon groupe. Je dis toujours aux jeunes de rêver en grand. Je fais pareil avec mon entreprise. Ce que je n’oublie pas c’est qu’à travers mes actions doivent transparaitre mes valeurs : passion et la motivation avant tout !
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Comment avez-vous fait la transition entre votre vie de sportif et celle d’homme d’affaires ?
Je l’ai préparée très tôt dans ma carrière. À 24 ans, j’ai rencontré Magic Johnson qui a ouvert une centaine de franchises Starbucks aux USA. Il m’a conseillé de penser rapidement à me constituer un réseau. « Personne ne va te rappeler quand tu seras un sportif retraité ! » J’ai entendu cet « avertissement ». D’autant que la retraite est connue pour être une petite mort pour beaucoup de sportifs de haut niveau. Du jour au lendemain, tout s’arrête. Et c’est encore pire si c’est imposé par une blessure.
À 25 ans à peine, j’ai donc commencé à rencontrer beaucoup de CEO, à faire des dîners pour élargir mon réseau, parler business, comprendre les rouages. J’ai choisi d’investir dans l’ASVEL (club de basket-ball de Lyon-Villeurbanne) en 2014 [des rumeurs indiquent que Tony Parker pourrait prochainement vendre ses parts, N.D.L.R.], puis dans le groupe féminin de ce club, puis d’autres investissements ont suivi… Jusqu’à me conduire au choix de prendre ma retraite de sportif en 2019, un an avant la date officielle prévue par mon contrat avec les Hornets de Charlotte, que j’avais rejoints peu de temps auparavant.
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« Le mental ne se travaille pas : on l’a ou pas »
Votre principal conseil pour réussir dans la vie ?
J’ai grandi avec un père américain et une mère hollandaise, et j’ai gardé le meilleur des deux mondes : un rapport très positif aux expériences de la vie et une niaque donnant des ailes pour tout réaliser du côté de mon père ; une capacité à garder les pieds sur terre et à ne pas être trop dur avec soi-même en cas de coup dur, grâce à ma mère. En dehors de cet état d’esprit qui m’a aidé à avancer et à me dépasser, je dirais qu’il faut la passion avant tout ! C’est le seul vrai moteur. Tout petit déjà, je rêvais de NBA. Je regardais tous les matchs possibles et mes parents n’ont rien fait de particulier pour ça. J’avais déjà le mental. C’est pour ça que je dis souvent que le mental ne se travaille pas : on l’a ou pas.
Autre conseil qui fonctionne pour moi : écrire ses objectifs car ça aide à visualiser et se projeter. Et ne pas hésiter à se mettre en difficulté, en particulier quand on pense être arrivé au sommet. En 2005, j’ai décidé de changer ma mécanique de tir alors que nous venions d’être champions de la NBA pour la 2e fois avec les Spurs. À 23 ans, je menais la meilleure équipe du monde. J’ai travaillé pendant des mois avec un « shooting coach« . Je me suis mis en grande difficulté, j’avais les larmes aux yeux en allant m’entrainer. Je faisais des tirs honteux mais je n’ai rien lâché. Cette année-là, je suis devenu « All Star » pour la première fois…
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Votre pire souvenir sportif ? Et le meilleur ?
En 2013, les Spurs retrouvent la finale de la NBA pour la première fois depuis six ans. J’ai 30 ans, l’équipe a vieilli, je sais que ce sera l’une des dernières finales pour moi. On mène de 5 points et il reste 28 secondes de jeu. Notre coach nous dit quelques mots. Je vois la célébration post-victoire s’organiser dans les coulisses. Le match était pour nous à 99,5%… C’est notre adversaire qui gagne. Contre toute attente et contre toutes les prévisions statistiques, le Heat (Miami) a remporté cette finale contre les Spurs.
Un long été de doute à débuté pour moi : j’hésitais à accepter la proposition d’aller en équipe de France pour le championnat d’Europe après cette défaite cuisante. Finalement, je rejoins mon équipe de cœur avec laquelle nous avions remporté un titre très significatif pour moi, quelques années auparavant. En 2013, nous éliminons l’Espagne en demi-finale et battons la Lituanie en finale. C’était une compétition mémorable. L’année d’après, on gagne la NBA avec les Spurs. Voilà notamment pourquoi, quand quelque chose de mauvais m’arrive, je sais qu’il en adviendra du positif. Même si ça doit arriver des mois ou des années après !
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« Investir en France reste ma priorité »
Foot, basket, ski… Pourquoi investissez-vous en France plutôt qu’aux États-Unis ?
Si des gens comme moi n’investissent pas en France, c’est le début de la fin ! J’adore ce pays, mon pays, il a énormément de potentiel et beaucoup de jeunes veulent bosser et réussir. Pourquoi pas réaliser des investissements aux États-Unis dans quelques années, en effet. Mais, pour le moment, c’est la France qui reste ma priorité. Même si je regarde du côté de l’Afrique où je serai début mars en déplacement avec le président Macron. L’Angola et le Sénégal pourraient être des pays où j’aimerais installer mon Academy. La Chine aussi, avec laquelle j’ai beaucoup travaillé par le passé.
Comment intégrer la Tony Parker Academy ?
Il faut avoir la passion et être capable de la partager dans la vidéo que nous demandons à tous les candidats de nous envoyer. Quand je recrute quelqu’un, je regarde si tu as le moteur, si tu te bas pour les rebonds, pour chaque balle perdue ! Pour certains, les études sont compliquées, mais, si c’était à refaire, je ferais en sorte de poursuivre mes études le plus longtemps possible. À 17 ans, j’ai dû arrêter pour passer pro. À 19 ans, j’ai intégré la NBA. Je ne regrette rien, même si la vie de sportif de haut niveau est bien plus difficile que beaucoup se l’imaginent.
Pour vous répondre plus concrètement : nous cherchons les meilleurs talents pour la Tony Parker Academy. Nous sommes ouverts à tous les profils, passionnés, motivés, à la recherche de l’excellence et qui adhèrent à nos valeurs. Si vous êtes capables de transmettre tout cela, l’avenir vous sourira !
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