Il y a quelques mois, nous apprenions la décision de l’EM Strasbourg d’augmenter ses frais de scolarité, une hausse qui intervient chaque année dans toutes les école de commerce. Pourtant, en septembre, une nouvelle annonce de l’école indique que les frais de scolarité de l’institution resteront inchangés pour le PGE et seront maintenus à 8 500€ pour cette année académique. Qu’est-ce qui a motivé un tel choix ? Son DG, Babak Mehmanpazir, revient sur cette décision.
Les raisons derrière le maintien des frais de scolarité de l’EM Strasbourg
Vous avez annoncé revenir en arrière sur la hausse des frais de scolarité et rester à 8 500€ l’année de PGE. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
L’idée d’augmenter les frais de scolarité s’était inscrite dans le projet de mon prédécesseur. Cela avait été convenu sous réserve de l’accord du conseil d’administration de l’université. À mon élection, nous avons engagé une discussion sur la politique d’ouverture sociale de l’école. Il a été convenu avec la gouvernance qu’il serait opportun d’avoir un projet plus ambitieux en matière de politique d’ouverture sociale afin d’accompagner une éventuelle hausse des frais de scolarité. Nous avons donc choisi, mi-juillet, de ne rien changer et de rouvrir ce chapitre plus tard.
Si cela s’est passé mi-juillet, nous n’avons communiqué sur ce sujet qu’en septembre. Mon but n’était pas d’augmenter ou diminuer les frais de scolarité pour avoir plus d’attractivité. Cela s’inscrit dans une volonté d’afficher une politique d’ouverture sociale ambitieuse. Nous avons souhaité prendre le risque de ne pas augmenter les frais de scolarité avec la possibilité, si on le fait plus tard, de peut-être les rendre modulables en fonction des revenus des familles. C’est plus juste, plus équitable et plus durable, et c’est d’ailleurs un élément qui figurait dans mon projet d’élection. Plus d’annonces seront faites en décembre et le maintien des frais de scolarité s’inscrit en totale cohérence avec mes projets.
Il y a la question de la perception : rester à des frais de scolarité « bas », ce n’est pas toujours envoyer un bon signal. Comment adresser cette problématique ?
Au niveau international, les frais de scolarité bas offrent un avantage très compétitif. C’est surtout au niveau national que les frais de scolarité bas pouvaient s’assimiler à une offre de formation à bas prix. Nous ne sommes pas le hard discounter de l’enseignement. Mais une hausse des frais de scolarité doit s’accompagner d’une politique d’ouverture sociale ambitieuse.
Y aura-t-il une hausse des frais de scolarité l’an prochain ?
Toutes les écoles augmentent les frais d’inscription, car nos budgets dépendent du nombre d’étudiants et de ces frais. Beaucoup d’écoles vont augmenter le nombre d’étudiants et les frais de scolarité. Cette tendance-là n’est pas surprenante, car l’augmentation des frais de scolarité répond aussi à une situation d’inflation et à la hausse de nos coûts de fonctionnement. Le relèvement du point d’indice des fonctionnaires a par ailleurs fait augmenter nos dépenses pour les salaires au sein de l’EM Strasbourg. Toutefois, on trouve qu’il est plutôt raisonnable d’attendre en 2024-2025 pour avancer sur ce sujet.
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Maintien des frais de scolarité : quel impact sur le budget de l’EM Strasbourg ?
Est-ce que cette décision change quelque chose pour votre budget prévisionnel 2023-2024 ?
Il y a un impact sur le budget qui est assumé collectivement avec l’école et l’université. Nous pouvons le compléter avec d’autres financements comme une subvention plus importante de l’université, par exemple. En outre, nous ne pouvons pas faire de bénéfices. Le surplus financier gagné par l’école les précédentes années va dans ce « pot commun » qui nous sert en cas de besoin.
Comment appréhendez-vous le « remplissage » l’an prochain ?
Le faible taux de remplissage de la rentrée 2023 avait été anticipé l’an dernier par toutes les écoles. La tendance est à l’augmentation du nombre de places ouvertes dans toutes les écoles. Comment réagir face à cette tendance ? Cela sera annoncé au mois de décembre avec de nouveaux projets.
Ce que l’on peut dire, c’est que l’EM Strasbourg avait anticipé cet événement avec l’augmentation du nombre d’étudiants en apprentissage sur le master universitaire, le développement de la formation continue, et le développement à l’international, notamment pour le bachelor et PGE. Ce sont là les différents ruisseaux qui viennent alimenter notre portefeuille de programmes en nombre d’étudiants. Cependant, nous avons tous été surpris de l’ampleur de la baisse de recrutements en prépa pour certaines écoles.
Face à ce problème se pose la question d’attractivité, que nous allons améliorer. Mais la baisse ne va pas s’arrêter là pour les écoles du top 20. Les business schools veulent augmenter leur taille et augmenter les recrutements, ce qui est totalement normal. Ce ne sera pas notre stratégie. Dans notre cas, nous devons poursuivre le développement à l’international des masters, l’apprentissage et les formations executives. Nous comptons diversifier notre portefeuille de formations, sans oublier les opérations de levée de fonds, les opérations de développement avec les entreprises, les contrats de recherche… C’est une autre manière de développer des ressources. Nous nous devons d’être inventifs, créatifs et innovants. Plusieurs annonces seront faites en décembre, mais nous restons sereins.
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