Comme en 2020, les concours 2021 seront fortement perturbés. En cause ? La crise du coronavirus, mais surtout l’apparition de certains variants qui compliquent les choses, notamment au niveau de l’organisation des écrits, mais aussi des oraux. Jean-François Fiorina, DGA de Grenoble EM et président du concours Passerelle, évoque les coulisses de l’organisation des concours 2021.
Savez-vous s’il y aura des oraux pour les concours AST et post-prépa en 2021 ?
L’objectif est de maintenir les concours tels que nous les connaissons, tant au niveau des écrits que des oraux. Cependant, nous sommes dépendants des directives du ministère que nous n’avons pas encore reçues. Si la situation se corse, nous avons toujours la possibilité de basculer les oraux en ligne. Nous savons que les oraux sont déterminants pour rejoindre les écoles. C’est le moyen de faire connaissance avec elles. Mais notre objectif est de permettre aux étudiants de passer ces oraux sans stress. S’il y a confinement ou couvre-feu, cela rajoute une incertitude à une situation stressante. Il faut pouvoir prendre en considération ces éléments pour permettre aux étudiants d’être jugés de façon équitable. Plusieurs solutions s’offrent à nous : le maintien, le transfert en ligne, voire l’annulation, qui est une situation extrême.
Il est compliqué d’annoncer aux étudiants l’impossibilité de réaliser les oraux en ligne pour des raisons d’équité, alors qu’il leur est demandé de passer leurs partiels en ligne.
Nous savons que c’est compliqué pour les étudiants par rapport aux oraux. Mais la question des partiels était très complexe. Il n’était pas évident de jongler entre partiels en ligne qui peuvent présenter certaines dérives ou le présentiel qui est rejeté massivement par les élèves pour des questions de sécurité.
Les oraux impliquent des personnes de l’école, des étudiants, mais aussi des collaborateurs d’entreprises. Il faut veiller à leur sécurité. Nous allons donc travailler tous ensemble pour apporter une réponse commune et cohérente à l’inquiétude des étudiants.
Comment va se dérouler le concours Passerelle en 2021 ?
Les modalités de Passerelle 2021 sont toujours celles que nous avions annoncées en octobre, c’est-à-dire la possibilité de passer l’examen en distanciel ou en présentiel, sur plusieurs sessions, dans les écoles membres de Passerelle ou dans des centres dédiés. La grande force de ce concours est la diversité des options proposées, ce qui permet aux étudiants de différents horizons de tenter leur chance.
Parcoursup vient d’ouvrir, une aubaine pour Passerelle Bachelor ?
Il est possible d’obtenir cinq écoles via un seul choix sur Parcoursup. Nos bachelors sont ouverts à une grande diversité de profils. Les lycéens qui ont fait biologie, ceux qui ont fait SES ou géopolitique sont les bienvenus. Mon conseil aux étudiants est tout de même de maximiser leurs chances. Pour l’instant nous n’avons aucun retour, puisque la plateforme vient d’ouvrir ses portes.
Quid de Passerelle Grande École ?
Les inscriptions ont démarré le 30 novembre et nous nous inscrivons dans une bonne tendance. Dans ce monde complexe, il y a un refuge vers les marques de qualité que sont les écoles de commerce. Nous avons d’ailleurs eu une très belle édition 2020 avec des chiffres inégalés depuis 10 ans.
Vous évoquez souvent le « monde d’après ». À quoi ressembleront les concours dans le futur ?
Il y a deux évolutions. Tout d’abord, celle des concours qui est liée aux réformes du bac et des classes préparatoires. Cela nous impose une refonte du concours bachelor pour prendre en compte toutes les spécialités, mais aussi des écrits post-prépa. Nous travaillons sur ce sujet pour 2023 avec tous les acteurs : BCE, Ecricome et le Chapitre des écoles de management de la CGE.
Il faut également prendre en compte une stratégie d’orientation des élèves. Le risque que nous allons avoir, c’est de nous retrouver avec des étudiants qui seront peut-être moins bons en culture générale, mais qui auront développé une expertise dans deux spécialisations après le bac. La réflexion que nous devons avoir, c’est sur la proposition des écoles. Pourquoi ne pas faire comme les universités américaines et leur permettre de pousser plus loin leur spécialisation tout en maintenant un haut niveau de compétences transversales ? Il y aura peut-être de nouvelles formations qui capitaliseront sur ces spécialisations.
Quelle autres évolutions des concours anticipez-vous ?
C’est celle de la remise en cause des concours et de leurs admissions dans leur forme actuelle. Comment évaluer ces profils de plus en plus divers ? Les concours sont fortement décriés, même s’ils restent la formule la plus objective pour juger la qualité d’un candidat aujourd’hui. Néanmoins, Sciences Po a ouvert le débat en supprimant les concours.
Vous parliez d’une transformation des cursus ?
Le contenu des formations a beaucoup évolué. Auparavant, les étudiants cherchaient un accès privilégié à l’emploi et une expérience internationale grâce aux écoles de commerce. Il a fallu ensuite intégrer des notions de société, liées à l’éthique ou au développement durable. Désormais, il faudra sensibiliser nos élèves aux questions de management ou de gestion des conflits à distance.
La situation va également impliquer une évolution du modèle pédagogique. Il ne faut pas opposer face à face et online. Je pense que nous nous dirigeons vers une méthode qui associe les deux. Cependant, cela peut accentuer la fracture entre les très bons élèves autonomes qui sauront s’adapter et ceux qui auront besoin de plus d’accompagnement.
Aujourd’hui, notre mission est de sensibiliser les étudiants aux questions technologiques, mais aussi à la dimension géopolitique pour qu’ils aient cette compréhension nécessaire du monde.
Pour revenir aux concours, le rapport Hirsch a été publié avec l’idée d’attribuer des points bonus pour les boursiers. Qu’en pensez-vous ?
Je suis très partagé sur ce rapport et je pense qu’il faut prendre le temps d’étudier les choses. Cependant, ne nous créons pas de problèmes en tentant d’en solutionner un. Il est déjà prévu d’intégrer des éléments liés à la diversité lorsque nous transformerons les concours.
Justement, les questions liées à la diversité ne sont-elles pas des problématiques d’orientation qui interviennent dès le lycée ?
Nous devons travailler sur l’orientation en amont ! Il y a beaucoup de stéréotypes autour de la formation en école de commerce. Notre environnement ne bénéficie pas toujours d’une bonne image et j’ai pu le constater en allant dans les lycées. L’orientation est une approche globale qui ne doit pas être silotée, mais abordée sous le prisme des métiers. Cette logique de spécialisation peut changer les choses. Les professeurs peuvent évoquer les métiers et les compétences possibles et permettre aux élèves de nourrir cette réflexion sur leur orientation. Le problème aujourd’hui c’est que, dès la Troisième, les élèves qui intègrent une filière sont condamnés à exercer un type de métier et c’est ici que nous pouvons arriver à une sorte de reproduction sociale.
Un dernier mot sur les concours 2021 ?
Que les candidats se rassurent et pensent à eux ! Ils doivent se concentrer sur leurs études, surtout pour les étudiants qui souhaitent intégrer nos écoles en admissions parallèles et dont l’intégration dépend de l’obtention du diplôme. Nous pensons à eux et nous sommes en train de travailler sur les modalités du concours 2021 que nous communiquerons en temps voulu. Arrêtons les inquiétudes et les fuites en avant, pas de démotivation et pas de découragement !