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Interview d’Isabelle Huault, nouvelle présidente du directoire d’emlyon

Le 1er septembre marque la rentrée des classes, mais aussi l’arrivée d’Isabelle Huault, ex-présidente de l’Université Paris Dauphine-PSL, à la tête d’emlyon business school. Campus, international, digital, rentrée et relation avec les actionnaires : la nouvelle DG d’emlyon fait le point sur ses ambitions pour l’école !

 

Qu’est-ce que vous inspire ce nouveau défi qui se présente à vous ?

Isabelle Huault emlyon
© Romain Etienne

Tout d’abord, j’aimerais dire que j’ai vécu une très belle expérience au sein de l’Université Paris Dauphine-PSL avec des équipes formidables. Aujourd’hui, je rejoins emlyon, je suis très attachée à l’école, car j’en suis moi-même diplômée ! J’ai également présidé plusieurs jurys d’admission et de diplomation, j’ai été membre du Conseil d’Administration pendant plusieurs années, et j’ai toujours gardé des liens étroits avec les membres de la Faculté. Il s’agit finalement d’un retour à l’alma mater. C’est un nouveau défi d’accompagner cette école au modèle pédagogique précurseur, et avec une Faculté de très haut niveau. emlyon a par ailleurs connu de nombreux bouleversements : elle a changé de structure juridique, elle a opté pour un nouveau modèle de financement, elle a également été attaquée ces derniers mois, de façon souvent très injuste, et je suis impressionnée par sa capacité d’adaptation. Je crois que le plus important est de préserver ses missions fondamentales (la recherche et la formation tout au long de la vie), son positionnement et sa qualité académique. Aujourd’hui, je suis heureuse d’affronter ce nouveau défi avec emlyon.

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à dire oui à emlyon ?

Au-delà de mon attachement à l’école, c’est le projet qui m’a attirée, celui d’une « global business university » qui promeut la pluridisciplinarité, la créativité, d’une école ancrée dans la société avec des partenaires impliqués et motivés. Le projet, ainsi que les moyens alloués et la qualité des investisseurs, m’ont incitée à répondre positivement pour occuper la fonction de Présidence du directoire.

Je dois dire que j’ai aussi été très impressionnée par mes échanges avec les équipes, les étudiant(e)s, par leur qualité et l’attachement viscéral qu’ils éprouvent envers l’école. Leur volonté est de porter emlyon à son meilleur niveau. C’est également le cas des alumni.

 

Vous parlez de transition. Quelles sont justement les relations entre emlyon et des investisseurs qui l’accompagnent, Qualium et Bpifrance, après cette année difficile ?

Nos partenaires comprennent que l’école se situe dans une phase de transition et qu’il faut se donner du temps pour stabiliser la situation. Ils sont conscients qu’emlyon a connu des changements managériaux récents et que, comme toutes les Grandes écoles, nous traversons une crise sanitaire. Ils observent la capacité de l’école à reconstituer son équipe de direction de façon très rapide et à attirer des profils de grande qualité. Nous avons recruté une directrice du PGE, et une directrice des programmes diplômants en un temps record. L’école a aussi maintenu toutes ses accréditations internationales. Reste bien sûr la question du renouvellement du grade master par la CEFDG pour trois ans, la Commission observant aussi cette phase de transition, et se demandant si la qualité du PGE sera préservée. Si le jugement est apparu sévère eu égard à la qualité de nos programmes, nous comprenons cette décision et nous démontrerons que le modèle de l’école est le bon et que notre trajectoire sera vertueuse.

J’ajouterai que nous renforçons notre Faculté, en ayant réalisé 10 recrutements nets de professeurs, cette dynamique étant appelée à se poursuivre. Le Conseil de Surveillance de l’école est très attentif au maintien de la qualité de l’école, à son positionnement, sans ingérence dans le management. La préservation de la qualité académique et des accréditations fait d’ailleurs partie des critères figurant dans le pacte des actionnaires. Je suis contente de pouvoir dialoguer avec nos actionnaires de manière très constructive. Ils sont source de retours extrêmement intéressants pour notre stratégie et c’est une chance extraordinaire pour emlyon d’être accompagnée dans les projets de développement de nos campus et de nos formations.

 

Comment ont-ils réagi à votre arrivée ?

L’idée est de tourner une page, de partir sur de nouvelles bases et de rétablir la sérénité, à la fois en interne et au sein de l’environnement institutionnel. Ils ont bien évidemment participé à mon recrutement et ont adhéré au projet que j’ai présenté pour l’école. J’ai fait mention de l’importance de préserver l’excellence académique, de maîtriser la croissance, d’être vigilant sur la sélectivité et nous sommes alignés. C’est le discours que j’ai tenu et j’y suis attachée. C’est ma ligne directrice pour l’école.

 

Justement, qu’allez-vous faire de vos 100 premiers jours ?

J’ai commencé à mener un diagnostic que je vais poursuivre. J’ai déjà échangé avec la Corpo [organe chargé de porter la voix de la vie associative d’emlyon auprès de son administration, ndlr], le staff, la Faculté et je vais rencontrer l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème d’enseignement supérieur lyonnais, mais aussi les partenaires institutionnels, les entreprises…

Notre priorité est de réussir la rentrée, mais nous allons également mener plusieurs chantiers, notamment celui du développement de la formation en alternance. Nous souhaitons aussi consolider nos campus à l’étranger. Le grand projet structurant et stratégique pour l’école est celui du Hub Gerland, un campus inclusif et durable au cœur de la cité, ouvert sur la ville de Lyon dans un quartier en plein développement. Nous suivons ce dossier avec beaucoup d’intérêt et d’attention. Mon rôle est de faire en sorte que chacun s’approprie ce beau projet qui est l’incarnation du campus de demain.

Enfin, je vais élaborer collégialement un plan stratégique pour l’école que je présenterai au conseil de surveillance, en janvier 2021. Celui-ci s’adossera au plan early maker 2023 qui s’articule autour de trois piliers : digitalisation, globalisation, hybridation. J’ajouterai un quatrième pilier sur un sujet qui me tient à cœur qui est la question de l’engagement responsable, social et environnemental.

 

Vous parlez des projets immobiliers, quel est l’impact de la crise sur l’avancée des travaux du Hub Gerland ?

Nous avons pris quelques mois de retard qui sont liés au confinement, mais nous sommes bien engagés dans cette démarche et le permis de construire a été déposé. Je veux emmener l’ensemble de la communauté emlyon dans ce beau projet qui nous permettra d’être proche d’autres belles institutions avec lesquelles nous espérons engager des collaborations.

Initialement, le campus devait être inauguré pour les 150 ans de l’école, en 2022. Cependant, si les célébrations sont maintenues pour cet anniversaire important pour emlyon, il est probable que l’inauguration du Hub Gerland se fasse plutôt à l’été 2023, le contexte d’incertitude lié notamment à la crise sanitaire nous incitant à la prudence sur le planning.

 

Vous avez mené de nombreux recrutements côté académique. Quels sont vos projets pour l’école sur ce plan ?

L’enjeu était de renforcer et renouveler l’équipe de direction. Annabel-Mauve Bonnefous, Sylvie Jean et moi-même sommes alignées sur l’une des valeurs clés de l’école : l’excellence académique. Par ailleurs, nos programmes de formation vont être irrigués par la dimension d’hybridation et la pluridisciplinarité en instillant d’autres disciplines que le management dans les programmes, comme l’ingénierie, le design, les humanités, les sciences sociales ou le droit. Cela se fera en nouant des partenariats avec d’autres institutions académiques ou des partenaires internationaux, à l’image de ce que nous avons déjà réalisé avec notre MSc en transition énergétique porté avec l’ECAM Lyon. Nos principes concernant les programmes sont qualité, sélectivité, hybridation et RSE.

 

Quid de l’international ?

À court terme, nous allons consolider les campus de Casablanca et de Shanghai en développant les formations proposées sur ces antennes de l’école. Nous avons également un projet assez avancé en Inde, puisque nous nous sommes positionnés à Bhubaneswar sur un centre d’excellence en management du sport avec la Xavier University. Actuellement, nous sommes en phase de discussions avec le même partenaire pour créer un campus à Bombay.

À long terme, nous allons bien évidemment explorer d’autres territoires qui font sens pour nous et nos orientations en termes de recherche et de formation. Nous nous intéressons fortement à l’Amérique latine.

Du côté des recrutements internationaux, cette année, nous sommes sur une dynamique qui correspond à nos prévisions. Cependant, notre volonté est d’amplifier le recrutement d’AST internationaux de très bon niveau pour notre PGE. Aujourd’hui, les étudiants viennent naturellement à nous grâce à notre marque qui traduit notre qualité académique, mais nous devons nous organiser de façon plus volontariste si nous voulons augmenter leur part dans les objectifs globaux. Cette diversité géographique est source d’enrichissement pour nos étudiants.

 

Comment envisagez-vous cette rentrée perturbée à emlyon ?

Nos équipes sont fortement mobilisées depuis le confinement. Une task force a été mise en place pour soutenir les équipes pédagogiques. Il est important de noter que, durant la phase de confinement, emlyon a su basculer très rapidement vers des cours en ligne.

Pour la rentrée, nous privilégions le présentiel pour les primo-entrants. Pour les étudiants en première année du PGE, les cours se feront d’abord à distance, puis ils rejoindront le campus dès mi-octobre. Nous mettons également en place le présentiel pour les étudiants en BBA. C’est important pour les étudiants de bénéficier de l’expérience emlyon, mais la situation dépend bien sûr de l’évolution des conditions sanitaires. Concernant les étudiants internationaux, nous les incitons à venir sur notre campus français, mais ils peuvent se rendre sur nos campus à l’étranger, s’ils sont empêchés de venir en France. Cela leur permettra d’accéder à toutes nos ressources sur place.

 

L’enseignement digital est l’un des points forts d’emlyon. Comment l’école compte-t-elle capitaliser dessus pour l’année qui se profile ?

Chaque programme adaptera ses modalités pédagogiques en fonction de ses spécificités. Il est assez clair que le distanciel n’est pas juste un basculement du présentiel vers l’enseignement à distance et requiert de la créativité sur le plan pédagogique. Nous voulons l’utiliser aussi de manière complémentaire aux cours en présentiel. Notre volonté est d’articuler harmonieusement le synchrone, l’asynchrone, le présentiel et le distanciel.

 

Comment imaginez-vous emlyon dans quelques années ?

J’imagine emlyon positionnée parmi les meilleures business schools européennes. Dans le top 10 européen. C’est ce que nous visons collectivement, avec le maintien de l’excellence en recherche qui doit toujours irriguer nos formations. J’observe que la Faculté emlyon est une des meilleures dans le domaine du management en France et en Europe. Nos programmes de formation sont innovants et attractifs et l’école doit avoir un réel impact sur la société ! Grâce à la pédagogie early maker et un cursus qui mise sur l’action, l‘expérimentation, l’hybridation, les projets, le développement des compétences tout au long de la vie, nous diplômons des étudiants qui sont capables de façonner le monde de demain.

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