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Marie Delaroche (ISAE-SUPAERO) revient sur sa simulation de vie sur Mars !

Durant près de 4 semaines, du 12 février au 11 mars 2023, six étudiants de l’ISAE-SUPAERO, ainsi qu’un alumni de l’institution, ont embarqué à bord d’une mission analogue de simulation de vie sur Mars. Ces derniers se sont rendus dans le désert de l’Utah avec pour objectif de tester de nombreuses expériences scientifiques, en collaboration avec des laboratoires et industriels, dans les mêmes conditions que s’ils étaient sur la planète Mars ! Business Cool s’est entretenu avec Marie Delaroche, étudiante à l’ISAE-SUPAERO qui a fait partie de cette mission, afin d’en apprendre davantage sur son parcours, ses objectifs et son retour sur cette expérience pas comme les autres.

 

Le parcours d’une étudiante de l’ISAE-SUPAERO

Quel est ton parcours ?

J’ai un parcours scolaire un peu particulier, car je n’ai pas fait mes études en France. J’ai fait presque toute ma scolarité à l’étranger, plus précisément à New York, où j’ai réalisé tout mon primaire, collège et lycée. Par la suite, je suis rentrée en France à mes 18 ans, j’ai fait une classe préparatoire en deux ans, pour ensuite rejoindre l’ISAE-SUPAERO.

 

Pourquoi avoir choisi l’ISAE-SUPAERO ?

ISAE-SUPAERO, c’est un vieux rêve. J’ai toujours été passionnée d’espace, depuis que je suis toute petite j’adore l’astronomie. Quand j’étais en seconde, j’ai réalisé mon premier stage qui m’a permis de découvrir le monde des adultes. Ce stage, j’ai eu la chance de pouvoir l’effectuer au CNES à Toulouse. J’ai alors demandé comment on fait pour intégrer le monde du spatial. Mon tuteur m’a répondu qu’en France, il n’y a pas 36 solutions, il faut passer par ISAE-SUPAERO. C’est donc resté dans ma mémoire. En prépa, je me suis d’ailleurs beaucoup battu pour intégrer cette école.

 

Est-ce que l’univers aérospatial t’intéresse au point d’en faire ton métier ?

Dans le monde du spatial, c’est très large, il y a énormément de possibilités de carrière. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de travailler dans une agence spatiale, peut-être le CNES ou l’ESA. Ce qui m’intéresse, c’est de faire le lien entre la communauté scientifique et leurs moyens, leurs objectifs, ainsi que de faire partie du processus de décision, qui est pour le coup plus politique voire même géopolitique. Ce qui m’intéresse c’est de me mettre à la frontière entre ces deux mondes là et de faire le lien pour faciliter la communication.

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La mission de simulation de vie sur Mars dans le désert de l’Utah

En quoi consiste la mission que tu as réalisée dans le désert de l’Utah ?

C’est une mission à caractère principalement scientifique. Le but pour nous était d’arriver, à notre niveau d’étudiants en école d’ingénieurs, à contribuer à la recherche autour du spatial. Notamment, en nous mettant en contact avec des chercheurs qui ont, eux, des expériences qui nécessitent des opérateurs, dans un milieu confiné et hostile. Pendant cette mission d’un mois, notre objectif était de contribuer un maximum à leur recherche. On avait une quinzaine d’expériences que l’on a emportées avec nous et qu’on a réalisées pendant notre mission. Le but étant de réussir à recréer le plus fidèlement possible un environnement hostile, confiné et extrême. Pour que les expériences soient le plus justes et le plus fidèles possible pour les chercheurs.

 

Comment cela s’est-il déroulé ?

Ça s’est très bien passé, d’un point de vue scientifique, on a atteint une bonne partie de nos objectifs malgré forcément quelques aléas et certaines conditions auxquelles on a dû s’adapter sur place. Évidemment, ces aléas et ces problèmes font vraiment partie de la mission. Dans une vraie mission spatiale, il y aura des problèmes, il y aura des aléas et le fait d’être confrontée à ça rend la simulation encore plus fidèle.

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Quelles expériences scientifiques as-tu menées là-bas ?

Il y a plusieurs grandes catégories, on avait des expériences de facteurs humains, des études assez poussées de notre physiologie et la façon dont on réagit à l’environnement. En fait, on a porté énormément de capteurs sur nous pendant la mission, qui enregistrent le rythme cardiaque, la variabilité du rythme cardiaque et tout un tas d’autres facteurs. Dans le cadre de ces expériences de facteurs humains, on répondait à des questionnaires quotidiens sur la qualité de notre sommeil, sur la façon dont on se sent, dont on perçoit l’équipe, etc.

On a également mené des expériences de physique atmosphérique. Puisque le désert est un endroit parfait pour mener ce genre d’expérience, particulier sur l’étude du champ magnétique, qu’on a mené en extérieur, ce qui nécessitait des sorties extra-véhiculaires.

Enfin, pour vous donner un dernier exemple, on a mené une expérience en collaboration avec le CNES, qui était une expérience d’échographie. C’est-à-dire que, dans l’espace, pour des missions beaucoup plus longues, si un jour l’humanité est amenée à se rendre sur Mars, les délais de communication seront tels que dans l’ISS, par exemple, les astronautes ont besoin de réaliser des échographies, pour suivre leur état de santé. Ils se font téléopérer par des spécialistes qui sont au sol, car faire une échographie demande une très grosse formation, c’est assez compliqué.

Pour des missions de longues durées, les astronautes ne pourront plus faire ce suivi-là à partir du sol, car les délais de communications sont trop longs. Il faudra donc qu’ils puissent le faire eux-mêmes. Des chercheurs du CNES ont donc développé un prototype de logiciel qui pourrait aider les astronautes à faire eux-mêmes leur échographie à l’aide d’une intelligence artificielle et d’une interface en réalité augmentée. Nous l’avons testé, alors que l’on n’est pas médecin, on ne sait pas faire d’échographie et, ça, c’était une expérience vraiment intéressante.

 

Pourquoi as-tu décidé de réaliser cette simulation ?

Ça me semblait assez évident en tant que passionné d’exploration spatiale et de spatial en général. C’était l’opportunité qu’on nous a proposée en première année et je me suis dit que c’était exactement le genre d’expérience que j’ai envie de vivre pour me plonger dans ce milieu-là. Non seulement pour la partie mission et se sentir un peu astronaute, mais également pour toute la partie préparation, qui dure plus d’un an. Là, on est confronté au milieu du spatial, on a pu échanger avec des chercheurs, des personnes avec des postes à responsabilité qui nous ont appris énormément de choses. On a pu assister à des congrès. C’est vraiment pour les choses que j’allais apprendre et les personnes que j’allais rencontrer que j’ai décidé de réaliser cette mission, je savais que ça allait être passionnant.

 

Qu’as-tu retiré de cette expérience ?

Ça s’est terminé il y a près de deux semaines maintenant, on perd un peu la notion du temps, c’est assez étrange. Dans mon équipage, on ne réalise pas encore, c’est assez difficile de se rendre compte de ce que l’on a vécu. Je dirais qu’en termes de contenu scientifique, je suis très fière de ce que l’on a réussi à faire. D’un point de vue personnel, je dirais qu’on a créé un équipage extrêmement soudé, c’est devenu plus que des amis, plus que des collaborateurs, plus que des camarades, c’est quelque chose d’encore plus fort. Ce sont des liens devenus indéfectibles.

Je dirais que, pour nous, ça a été une expérience qui nous a permis, à notre petite échelle juste d’étudiant, d’arriver à contribuer à un écosystème et un monde qui paraît assez inaccessible. Cela nous a permis de faire un pas dans cet environnement-là, et de contribuer à notre échelle. Ça a été quelque chose de très fort pour nous de pouvoir se dire qu’on a pu commencer à apporter quelque chose.

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L’avenir de Marie Delaroche après l’ISAE-Supaero

Qu’est-ce qui t’attend désormais ?

Je viens de commencer une année de césure pour pouvoir faire des stages et avoir des expériences professionnelles, avant de terminer mes études. Actuellement, je suis en stage dans un milieu qui n’a rien à voir avec le spatial, pour découvrir un autre univers. Mais, en deuxième partie de césure, je souhaite vraiment réaliser un stage dans une agence spatial, peut être le CNES ou l’ESA si c’est possible.

La mission MDRS se perpétue tous les ans à l’ISAE-SUPAERO. Ils vont avoir besoin d’un commandant. C’est encore trop tôt pour se projeter, mais c’est quelque chose auquel je réfléchis et je me dis : pourquoi pas repartir l’année prochaine.

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