Tribunes ESCP Europe, l’une des tribunes étudiantes les plus dynamiques de France, a décidé de s’ouvrir à l’international et de développer son concept sur l’ensemble des campus de l’école ESCP Europe. L’asso compte bien profiter de cette possibilité d’ouverture pour réaliser ses objectifs, ses projets et devenir la première tribune étudiante de France et d’Europe.
Pour nous parler de cette audacieuse idée, nous sommes allés à la rencontre d’Alexandre Musso, responsable du développement international de l’association Tribunes ESCP Europe, qui nous a expliqué, au cours d’une longue entrevue, les détails de ce projet.
Pourquoi vouloir faire de Tribunes ESCP Europe une association internationale ?
Tribunes ESCP Europe effectue des conférences avec des personnalités du monde politique, économique et culturel. Ce que nous faisons à Paris, nous sommes parfaitement capables de le faire n’importe où dans le monde. Grâce à notre savoir-faire, notre expertise et notre volonté, exporter notre modèle associatif est tout à fait réalisable.
Nous avons également un environnement qui s’y prête parfaitement. Notre école, ESCP Europe, compte 6 campus dans 6 villes majeures d’Europe : Paris, Londres, Berlin, Madrid, Turin et Varsovie. Cet environnement là, nous ne l’avons jamais exploité alors qu’il constitue un formidable atout pour toute association portant un projet d’envergure. Aujourd’hui, notre stratégie est d’utiliser au mieux toutes les possibilités qui s’offrent à nous et l’environnement européen et international dans lequel nous baignons au quotidien en fait partie.
Nous nous sommes rendu compte du pluralisme des idées qui circulent en Europe. Chaque pays a sa propre culture, sa façon de raisonner et d’appréhender le monde et ses enjeux. Ce que nous cherchons à travers l’internationalisation, c’est de permettre la rencontre de toutes ces opinions, ces idées et de les confronter les unes aux autres. Nous savons que c’est la meilleure façon pour nos étudiants d’appréhender le monde de demain.
Enfin, Tribunes ESCP Europe a toujours été, depuis sa création, une association innovante. De tout temps, cette association a cherché à se distinguer, à innover et inventer, à disrupter. Jamais nous n’avons voulu faire de la norme notre stratégie. Je crois même que cette volonté de changer de dimension, de voir plus grand, a toujours fait partie de notre ADN. Aujourd’hui, ce projet d’internationalisation est également un message adressé à toutes les associations et à tous leurs membres en France : « exporter vos idées et votre modèle associatif à l’étranger, c’est possible. Faites-le ! ». C’est un enrichissement personnel formidable, avec beaucoup de responsabilités et de tâches professionnalisantes.
D’où est venue l’idée de développer l’association à l’international ?
L’idée est venue conjointement de l’administration de ESCP Europe et des membres de l’association Tribunes ESCP Europe.
En effet, toute l’équipe dirigeante de ESCP Europe, notre directeur Frank Bournois en tête, veut faire de l’école la première business school d’Europe. C’est un beau projet et c’est une grande ambition. Il faut savoir que nous sommes la seule école qui s’étend sur toute l’Europe et qui fait partie des tous meilleurs établissements dans chacun des pays où elle est implantée. Dans le monde globalisé où nous vivons, quel atout formidable que de pouvoir circuler d’un pays à l’autre tout en maintenant une formation prestigieuse de très haut niveau !
Connaissant l’ambition de l’école, toute l’équipe Tribunes ESCP Europe s’est mobilisée derrière ce projet. Pour nous, le premier objectif est de devenir la première tribune étudiante de France et, à travers notre activité, nous voulons également aider l’école à atteindre l’objectif qu’elle s’est fixée.
Enfin, c’est un défi responsabilisant et professionnalisant que de développer son association à l’international et en faire une association européenne. Toute l’équipe de Tribunes souhaitait apporter ce côté professionnalisant. Aujourd’hui, beaucoup d’employeurs cherchent des étudiants qui savent gérer des projets à l’étranger, qui ont une affinité avec l’international. Nous avons donc pris ce projet comme une opportunité unique de se confronter à des problématiques et des enjeux que nous rencontrerons plus tard dans notre vie professionnelle.
Quelles sont les premières étapes de votre internationalisation ?
La toute première étape a été la création juridique de l’association sur le campus de Berlin afin qu’elle soit formellement reconnue. C’est désormais chose faite, nous attaquons maintenant un travail de fond.
Nous avons décidé de commencer par le campus de Berlin pour le symbole. Nous avons voulu créer un lien particulier avec Berlin pour montrer la force du couple franco-allemand, pilier de l’Europe et de sa construction. Les relations entre les étudiants des deux campus sont fortes et nous avons voulu le matérialiser par l’ouverture de notre première Tribune sur ce campus.
Dans un premier temps, nous allons nous attacher au recrutement, qui a d’ailleurs déjà commencé sur le campus berlinois. Nous ne souhaitons pas nous précipiter et nous voulons prendre le temps de choisir des personnes adhérant à notre projet et partageant notre ambition. Mais, il est difficile de commencer un projet en partant de zéro. En effet, l’association n’était absolument pas connue en Allemagne et sur le campus de Berlin. Il faut donc adopter toute une stratégie de communication qui permette de vendre du rêve aux étudiants. Mais il faut être patient, bien réfléchir. Il ne faut pas croire que le succès que l’on a à Paris s’obtiendra sans efforts à Berlin. Nous avons donc préparé une communication précise et ciblée que nous avons diffusée sur le Campus de Berlin.
De plus, il a fallu rencontrer tous les membres de l’administration berlinoise. Les pratiques sont différentes d’une administration à l’autre et il a fallu conformer l’association aux attentes de l’administration locale. Ce sont des petits détails qui font qu’un modèle français ne peut pas être exportable tel quel dans un autre pays. L’internationalisation demande beaucoup de rigueur, de patience et d’engagement. Il faut savoir être ouvert et réceptif de manière à pouvoir engager toutes les parties prenantes derrière son projet et ne pas se les mettre à dos. Il a donc fallu prendre le temps de discuter, de découvrir leurs pratiques et de leur présenter les nôtres. Nous avons fait beaucoup de séminaires et de rencontres pour y parvenir.
Toutefois, lorsque le recrutement sera terminé, nous entamerons une période de formation intensive. Il s’agira de donner aux nouveaux membres tous les éléments qui leur permettront de faire des conférences de grande qualité. Ce processus doit durer l’ensemble du premier semestre pour se terminer en décembre. Dès la rentrée 2018, nous attaquerons les premières conférences. La première est déjà prévue mais je ne peux malheureusement pas vous en dire plus pour le moment. L’important est de construire des bases solides sur le territoire sur lequel nous voulons nous implanter. Il ne faut pas être pressé et prendre les étapes les unes après les autres pour que le succès soit garanti.
Ce projet d’internationalisation que nous avons voulu débuter à Berlin est très important à nos yeux et son aboutissement est une priorité. Les années suivantes, nous souhaitons faire la même chose sur les autres campus de ESCP Europe. Dans cette optique, la création de Tribunes ESCP Europe Berlin doit être une franche réussite afin d’enclencher une dynamique vertueuse.
Comment vont s’organiser les relations entre les différentes Tribunes ?
Tout d’abord, il faut repenser l’organigramme de l’association. Redéfinir les rôles et le pouvoir pour assurer un équilibre dans un environnement international. Nous avons beaucoup réfléchi à la manière dont nous devions nous organiser. Il faut définir les degrés de libertés des tribunes délocalisées, repenser le processus de décision, mettre en place des processus pour que la communication soit optimale. Tout est important et rien ne doit être laisser au hasard.
Ainsi, la tribune de Paris restera au début la maison-mère des différentes tribunes en Europe. En effet, c’est à Paris que se concentrent les savoir-faire et l’expertise. Le nombre d’étudiants sur le campus parisien fait qu’il y a en permanence un renouvellement pérenne des générations. C’est pourquoi la Tribune de Paris restera dans un premier temps la tribune motrice.
Elle donnera ensuite l’impulsion aux autres tribunes européennes, en mettant en place un réseau européen de recrutement, en formant les nouvelles recrues et en effectuant les premières conférences au sein même des campus. Une fois ce travail effectué conjointement entre la tribune parisienne et la tribune locale, cette dernière pourra assurer son renouvellement et organiser sa pérennité comme bon lui semble. Mais la tribune parisienne veillera toujours à ce que les valeurs promues originellement soient conservées sur l’ensemble des tribunes européennes.
Quels résultats attendez-vous de cette internationalisation ?
De manière très simple, cette internationalisation nous permettra de faire un nombre très élevé de conférences : nous serons capables dans quelques années de faire plus d’une dizaine de conférences sur chacun des campus de ESCP Europe. Aucune autre tribune étudiante de France ne parviendra à ce résultat, même parmi celles se prétendant les meilleures. Mais l’objetif est ailleurs. Nous voulons être une tribune étudiante pionnière, qui donne l’exemple et montre la voie aux autres associations. Notre projet d’internationalisation est bien plus qu’une ambition personnelle. C’est un véritable exemple de toutes les possibilités qui s’offrent à nous, membres d’associations.
Nous voulons également favoriser la mobilité des étudiants qui pourront se déplacer et s’installer sur les autres campus en sachant qu’ils y retrouveront nos conférences, qu’ils pourront découvrir d’autres personnalités, d’autres modes de pensée, d’autres cultures.
Mais au-delà de ESCP Europe, j’encourage l’ensemble des étudiants, membres d’association, à ouvrir leur modèle associatif à l’international, à aller à la rencontre de nouvelles cultures, de nouveaux modes de pensée. Cela apporte beaucoup personnellement : c’est une étape de notre formation, de notre parcours et de notre construction d’étudiant et d’individu.
C’est aussi un moyen de fédérer tous les étudiants de ESCP Europe autour de grands projets européens. Nous sommes d’ailleurs en train d’en organiser un sur le campus parisien pour le premier semestre qui s’annonce tout simplement passionnant. Cette internationalisation nous permettra de d’affermir les liens entre tous les étudiants de tous les campus.
Pour l’équipe Tribunes ESCP Europe de Paris, c’est une chance exceptionnelle de pouvoir développer notre association, de lui faire changer de dimension. Nous sommes en train d’écrire l’histoire de Tribunes ESCP Europe et nous en sommes fiers.