Le plus grand salon mondial de l’innovation a démarré ce lundi 3 janvier avec la première des deux journées réservées aux médias. Lors de ces Media Days, les 6000 journalistes accrédités bénéficient d’un accès privilégié aux dernières innovations, afin de les relayer en avant-première, avant l’ouverture du salon au grand public.
Cette journée, où chacun prend ses marques, a été marquée par le CES Unveiled, un salon ayant lieu au Mandalay Bay où près de 150 entreprises,aussi bien grandes que petites, se précipitaient pour être les premières à faire la Une des médias technologiques. Voici quelques-unes des nouveautés que vous utiliserez (ou pas) à l’avenir.
Legrand connecte la maison
Cette année, Legrand présentait deux grandes nouveautés au CES. La première, du joli nom de Classe 3000, range au placard la traditionnelle sonnerie et le bon vieux judas au profit d’une solution 100% connectée. Le visiteur, lorsqu’il sonne, émet un appel vidéo vers un écran intérieur, si l’on est à la maison, et un smartphone si l’on y est pas. Pratique pour ouvrir la porte du petit Kévin qui a oublié ses clés… Mais ce dispositif coûte tout de même la bagatelle de 600€.
La seconde, en partenariat avec la startup française Netatmo, s’appelle Céliane. Il s’agit d’un système d’interrupteurs intelligents contrôlables depuis son mobile. En plus de pouvoir allumer et éteindre ses lumières à distance, Céliane propose également de positionner ses interrupteurs où l’on veut, à l’aide d’adhésifs. Ces derniers sont dotés de batteries spécifiques dont la durée de vie est de 10 ans. De plus, on peut planifier différents scénarios depuis son smartphone pour, par exemple, éteindre toutes les lumières en sortant de son habitation et en allumer que certaines aussi tôt le pas de la porte franchi. La solution est vendue sous forme de packs et pour un appartement, les prix de départs sont de 289€. Ajouter une prise supplémentaire coûte environ 50€.
Pierre-Yves Hasbrouck, responsable du programme eliot (dérivé d’electricity et d’Internet of Things) espère que d’ici 5 ans, 20% des logements neufs soient équipés de systèmes intelligents. Pour atteindre ces objectifs, les grands groupes n’hésitent pas à s’allier avec des petites startups : Legrand a pris une participation lorsque la startup tricolore a levé 30 millions d’euros, en novembre 2015. Pour Pierre-Yves Hasbrouck, c’est purement gagnant-gagnant : « Ils apportent leur regard et leur savoir-faire côté user » au sein d’un grand groupe composé majoritairement d’ingénieurs.
Vuze : ou la réalité virtuelle à portée de tous
HumanEyes, société israélienne basée à Jérusalem, a présenté sa solution de captation vidéo en réalité virtuelle. A travers un petit dispositif de forme carrée contenant huit capteurs Sony Full HD, soit deux de chaque côté, un logiciel assemble les images et permet de s’y immerger en portant un casque de réalité virtuelle. L’immersion est garantie, et la démonstration est efficace et met en scène des combats de chevaliers ou encore une partie de beach-volley au plus près des joueuses…
Klaxoon : la startup bretonne qui cartonne
Basée à Rennes, Klaxoon développe une box de collaboration au sein d’organisations. Empêtrée dans des éléments de langage, notre première interlocutrice a eu du mal à nous faire comprendre le produit. On ne peut qu’encourager tous les exposants du CES à aller droit au but et à éviter de sortir des douzaines d’éléments de langage qui nous donnent plus envie de rebrousser chemin que de découvrir la solution. Et autant dire que celle de Klaxoon vaut le détour ! Lorsque nous avons pu apercevoir une démonstration de la solution interactive, nous n’avons pas eu de mal à comprendre pourquoi la startup comptait parmi ses clients 39 des 40 entreprises du CAC40, selon ses dires.
Cette solution repose sur une interface partagée entre tous les interlocuteurs où chacun peut déposer ses idées pour brainstormer, faire un quiz, réaliser des sondages et envoyer des messages instantanés. Le business model est très simple et efficace, Regards (du nom de l’entreprise qui produit Klaxoon) facture à ses clients un abonnement par utilisateur. De quoi attirer les fonds d’investissements, qui y ont investi 5 millions d’euros en septembre 2016.
L’entreprise a également dévoilé sa loupe, une solution encore améliorée où chaque utilisateur peut interagir depuis n’importe quel écran. Cerise sur le gâteau, elle a été primée par le CES !
Aira : des lunettes solidaires qui viennent en aide aux déficients visuels
Aira, entreprise californienne, propose des lunettes similaires à des Google Glass destinées aux personnes aveugles et malvoyantes. Par conséquent, pas d’écran, mais une caméra et un micro qui retransmettent image et son en temps réel auprès d’agents, qui répondent ainsi aux questions posées par les déficients visuels, lorsqu’ils rencontrent un souci et qu’ils n’ont pas d’accompagnants. L’entreprise facture à ses clients des minutes de conversation et les agents aidants sont souvent des retraités, qui y voient un complément de revenus.
Wair : le foulard anti-pollution qui a (hélas) un bel avenir
A l’heure où les épisodes de pollution s’enchaînent en France, Wair a développé un foulard filtrant les particules de pollution. Financée par une campagne de crowdfunding sur Kickstarter, elle a déjà vendu pour 35 000€ de son premier modèle, le Wair 1, vendu entre 69 et 110€. Elle développe actuellement une nouvelle solution, le Wair 2, qui disposera d’un filtre actif qui traite l’air en interne. Fred Bernard, chargé du marketing de l’entreprise, annonce sa commercialisation en avril. L’entreprise est actuellement en phase de recherche de fonds, et aurait besoin d’un à deux millions d’euros pour croître.
Roli : l’app qui nous transforme en DJ !
Développée à Londres, l’application Roli permet à tous ceux équipés d’un smartphone de composer de la musique électronique à partir de beats et de percussions préenregistrées. La startup vend en plus des accessoires qui permettent d’augmenter les capacités de l’application. Les DJ en herbe en seront ravis !
iGrow : ou l’arnaque made in Florida
Messieurs dames, permettez-moi de présenter iGrow ! Un casque infrarouge qui vous permet de faire repousser vos cheveux en un temps record ! Appliquez ce casque à infrarouge un jour sur deux pendant 25 minutes, et les effets seront sensationnels ! En six mois, vous retrouverez la chevelure de vos 20 ans !
Qui peut croire en ce tel bullshit ? Une arnaque comme on en trouve beaucoup au CES, mais qui nous aura quand même permis de nous amuser avec ce super casque du futur !
Fingo : Kinect version VR
Usens a crée Fingo, un boîtier qui se fixe sur son casque de réalité virtuelle et qui permet d’utiliser ses mouvements de la main pour diverses applications. Que ce soit pour des simples jeux ou pour des applications plus sérieuses comme l’apprentissage de la chirurgie, l Employant des ingénieurs dans la Silicon Valley et en Chine, la startup a levé 20 millions de dollars lors de sa série A, en juin 2016, après avoir obtenu 6,7 millions en amorçage.
Sevenhugs : la télécommande du futur
Fondée par un français, Simon Tchedikian, Sevenhugs a développé une télécommande qui contrôle tous les objets intelligents de notre habitat. Envie de contrôler la TV ? Il suffit de pointer la télécommande vers la télévision et l’écran affiche alors les boutons de contrôle. Envie de gérer le son de sa chaîne hi-fi ou l’intensité de la lampe ? Il suffit encore de pointer l’objet. Envie de commander un Uber pour aller à son travail ? Il suffit de pointer la porte et de valider le prix proposé…
Lemon California : l’enceinte solaire
Enceinte sans fil waterproof, la Lemon California se recharge par le soleil ! Venant en supplément du traditionnel chargement par prise électrique, sept heures d’exposition optimale au soleil fournissent 20 heures de musique ! Jeune pousse créée il y a seulement 6 mois par des serial-entrepreneurs, leur équipe technique de cinq ingénieurs est basée à Hong-Kong. Pour se faire connaître, leur stratégie est simple : le placement de produits. Un accord avec Universal a été récemment signé.
Yumii : le robot pour seniors
Comment réduire la dépendance des personnes âgées ? A l’heure où de plus en plus de seniors désirent rester à domicile, un accompagnement spécifique est requis afin de pouvoir tout de même veiller sur eux. D’où le robot imaginé par Yumii, entreprise roubaisienne, qui ne communique que par la voix. Relié à une plateforme de mise en relation avec sa famille, des personnels aidants ainsi que des médecins, Yumii désire briser l’isolement spécifique à cette catégorie de personnes.
Amorcée grâce à une subvention de 200 000€ d’Eurasanté, puis soutenue par la BPI lors de sa levée de fonds d’1,2 million d’euros, Yumii s’intègre au sein de ce qui s’apparente à un incubateur familial géré par Vincent et Antoine Bataille, dirigeants de ComClever.
Lovebox.love : le coup de cœur
Ah les relations à distance… Toujours aussi difficiles à gérer ! C’est ainsi que Jean Grégoire, parti étudier 1 an au MIT, a eu l’idée d’une petite boîte connectée pour échanger avec sa petite amie restée en France. Le dispositif est très simple : le couple possède deux boîtes en bois et peut envoyer un message à son partenaire. Dès qu’un message est envoyé, le cœur posé sur le devant de la boîte de la personne à qui il est destiné se met à tourner, jusqu’à qu’elle ouvre la boîte et lise le message, qui s’affiche sur un miroir.
Le concept est prometteur : l’entreprise a d’ores et déjà réalisé près de 40 000€ de chiffre d’affaires pour 2016 et a levé 60 000€. Depuis, elle s’autofinance et ambitionne de réaliser le million d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Un produit qui promet de cartonner aux États-Unis, où les boîtes, fabriquées à Saint-Amour (ça ne s’invente pas !) passeront pour la parfaite illustration du romantisme à la française. En tout cas, pour Jean Grégoire, cela marche bien puisqu’il est encore avec sa petite amie ! 🙂
Meemo, le premier objet connecté des enfants
Destiné aux 3-10 ans et développé par C-Way, Meemo prend la forme d’un objet lumineux de forme circulaire destiné à donner à l’enfant toutes les informations utiles pour préparer au mieux sa journée. L’enfant peut ainsi connaître la météo pour savoir comment s’habiller, recevoir des rappels d’agenda à toute heure de la journée. C-Way développe des partenariats pour enrichir les contenus proposés. Par exemple, grâce au Petit Quotidien, les trois informations majeures de la journée sont résumées et diffusées sur Meemo. Gulli et Pokémon devraient arriver sous peu.
Après avoir levé 500 000€ en love money, l’entreprise prépare une levée de fonds pour pouvoir se développer. Les perspectives sont alléchantes : C-Way enregistre près de 3000 précommandes sur Amazon, à 169€ l’unité.
En bref…
Nous avons croisé Tito Hamze, le fameux présentateur du Crunch Report de Techcrunch !
Nous avons testé la caméra et l’appareil photo à 360 degrés de PTU. Le prix est très bas, à 99$. Pour un usage loisir cela peut être un bon investissement, mais la qualité est encore perfectible pour l’utiliser dans un casque de réalité virtuelle.
Nous avons écouté les discours les moins vendeurs du monde, comme celui d’Immotor Go où l’on nous vendait le passé du fondateur et la super smart battery, the smartest of the world qui n’est en fait qu’une batterie classique… Une crédibilité digne d’un Donald Trump affirmant que personne au monde à part lui n’a plus de respect pour les femmes.
Nous avons découvert l’impression 3D sur métal. La collaboratrice, pas peu fière de son produit nous montre ensuite un échantillon aux finitions clairement moyennes montrant tout sauf l’efficacité de son produit. Si elle s’en satisfait…