De plus en plus d’écoles de commerce prennent le virage de la transition écologique et du développement durable. Elles sont nombreuses à avoir déployé des directions RSE ou développement durable. Mais en quoi consiste concrètement le rôle de directeur RSE sur le campus d’une école de commerce ? François Collin, directeur de la transition écologique à HEC Paris, nous en dit plus sur son rôle.
Le virage écologique à HEC Paris
Pourquoi les écoles s’emparent-elles du sujet de la transition écologique ?
C’est un des principaux enjeux de notre temps. Les institutions d’enseignement supérieur forment des jeunes qui auront des postes à responsabilités dans le monde de la finance ou du business. Ces univers font partie des leviers essentiels qui permettent de réussir la transition écologique collectivement. L’entreprise est actrice de ce changement. Dans notre mission d’enseignement, nous sommes porteurs de ces propositions pour la jeunesse.
En outre, nous sommes aussi des institutions de recherche. Nous sommes là pour produire des solutions qui éclairent les entreprises.
À HEC Paris, la transition écologique est au cœur de notre stratégie. Éloïc Peyrache, le directeur général de l’école, a fait de l’impact dans la société un axe fort de son mandat. C’est aussi sur ces questions que nous allons attirer des talents, du côté des professeurs, comme des jeunes.
Quel est votre rôle concrètement ?
J’ai deux rôles. Je suis directeur de la transition écologique, donc je porte ce projet de transformation collectif et j’essaie d’impulser ce changement dans tous les métiers de l’école. J’ai aussi le rôle de directeur du centre Climate & Earth. Son rôle est de proposer et de construire des cours, des électifs, des certificats… Des contenus de cours et de recherche qui vont alimenter cette réflexion autour de la transition écologique. Nous travaillons beaucoup avec les étudiants qui nous attendent sur ces questions-là. Ils sont engagés et en attente de contenus sur ce sujet.
À HEC, nous avons aussi déployé un comité campus durable, un lieu de concertation entre les équipes et les étudiants sur tout le volet écologique. J’en profite pour saluer l’incroyable travail d’Esp’r qui organise la Earth Week, deux fois par an et qui planche sur des sujets comme l’économie circulaire et la mobilité douce. L’association alumni a également créé HEC Transitions.
Lire aussi : Le parcours de Théo, de Esp’r HEC au ministère de la Transition écologique
Développement durable : l’impact sur les parcours et l’international
Comment cela se traduit dans leur parcours ?
Nous avons déployé des électifs obligatoires au sein du PGE. Dès la L3, ils réalisent un séminaire à Chamonix qui force une prise de conscience sur ces grands enjeux de société. Ils vont par exemple sur la mer de glace, avec des glaciologues et des climatologues. Ils rencontrent également des acteurs du changement. Ils ont également un cours obligatoire sur les enjeux et les limites planétaires (climat, ressource, consommation humaine) et l’impact de ces actions sur le business. On leur montre comment l’entreprise peut être une réponse.
En troisième année, les étudiants peuvent choisir parmi de nombreux électifs. Ils ont également la possibilité d’obtenir un certificat grâce à la spécialisation Climate & Business Transition. Nous avons également ouvert un master à destination des étudiants internationaux : Sustainability & Social. Ils peuvent ainsi suivre plusieurs tracks sur la finance durable, les nouveaux business models et l’économie circulaire. Enfin, une spécialisation de trois semaines a ouvert pour la première fois en 2022 : Business and Biodiversity.
Aujourd’hui, nous sommes en train d’effectuer une remise à plat complète de toute la maquette pédagogique du PGE qui permettra d’intégrer le développement durable dans l’ensemble des cours.
Quel impact ce virage écologique a-t-il sur HEC Paris ?
Nous avons engagé un grand projet de rénovation et de transformation du campus avec de nouveaux bâtiments. Nous voulons opérer une transformation pour devenir un campus vert. C’est un projet sur 10 ans. Nous menons plusieurs chantiers sur l’énergie et, plus particulièrement, l’autonomie énergétique.
Un autre sujet important est celui de la mobilité. Comment travailler sur la transition écologique, tout en garantissant une expérience internationale aux étudiants ?
C’est la partie incompressible de notre empreinte carbone, car c’est au cœur du projet éducatif de la jeunesse qui vient étudier chez nous. Cependant, on peut changer beaucoup de choses. Nous travaillons tout d’abord sur la fin des learnings expeditions durant lesquels les étudiants partaient vivre des expériences de 4 à 5 jours à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, cela n’a plus de sens de faire partir toute une promotion à l’étranger pour quelques jours.
Beaucoup de choses peuvent être faites en train, tout en gardant la dimension internationale. Nous pouvons aller en Allemagne, à Londres… Néanmoins, un billet d’avion bien pensé, permettant de partir 6 à 12 mois dans un autre pays, peut transformer l’étudiant pour une vie. Et nous voulons continuer à protéger, défendre et encourager la mobilité qui nourrit les élèves. C’est extrêmement précieux. J’incite toutefois les étudiants à redécouvrir le train et l’Europe qui est une mosaïque internationale très riche.
Du côté du personnel, Zoom et Teams ont beaucoup changé les choses, y compris pour les conférences académiques. Notre façon de travailler a été impactée et les événements se font de plus en plus en distanciel. Notre impact va être grandement diminué.
Lire aussi : Transition écologique : HEC Paris dévoile de nombreuses nouveautés
