Diplômé de KEDGE en 1998, Sébastien Imbert a réalisé toute sa carrière au sein Microsoft, pour atteindre le poste de CMO France (Chief Marketing Officer), en 2018. Il nous raconte son parcours, son quotidien à la tête du département marketing d’une des plus grosses sociétés d’informatique du monde et délivre ses conseils pour les étudiants qui sont prêts à intégrer le monde professionnel.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
J’ai commencé par un parcours scientifique, me spécialisant en maths et en physique. Je souhaitais intégrer la Marine marchande. En 1995, quand j’ai découvert que la formation durait huit ans (cinq ans de cursus ingénieur, puis trois ans en mer), je suis allé à KEDGE qui recrute des étudiants avec un background scientifique pour former au métier d’ingénieur d’affaires.
En 1997, je pars en échange au sein de l’Université du Wisconsin, grâce à une bourse de l’école. Elle est très réputée en informatique et j’ai réalisé une majeure en marketing et une mineure en computer sciences. Au moment de l’onboarding, on nous présente les ordinateurs sur lesquels nous définissons nos emails. Cela paraît anodin aujourd’hui, mais à l’époque ce n’était pas courant, surtout en France. L’établissement offrait la possibilité de prendre des cours à la carte et j’ai choisi des matières comme HTML ou data drive marketing. De plus, l’Université du Wisconsin permettait de travail en équipe avec des personnes issues des quatre coins du globe. J’ai adoré ce travail multiculturel, cet échange de points de vue. C’était une particularité du modèle anglosaxon que j’ai trouvée hyper intéressante ! En cours de marketing et de communication intégrée, je prends conscience de l’impact qu’à la technologie sur le marketing et je me suis dit que c’était le métier que je voulais faire !
C’est de là qu’est née votre vocation pour ce secteur d’activité ?
En effet. Au sein de cet établissement, j’observe l’émergence et l’omniprésence du web. Je rentre ensuite en France et sors diplômé de KEDGE en 1998. Je graduate en marketing industriel et ingénieur d’affaires. Lors d’un stage, je vois une bannière sur internet qui proposait d’intégrer un MBA en marketing et commerce. La première formation dédiée en France. Elle est dispensée à l’université Léonard de Vinci et je décide l’intégrer. Ça a été mon sésame pour entrer à Microsoft.
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Vous avez donc fait toute votre carrière à Microsoft ?
J’étais online marketing et CRM manager. Je m’occupais des partenariats en B2C, B2B, de data base management… Nous avons mis en place des dispositifs structurés de gestion publicitaires en ligne. Je réalisais aussi des webcasts live en 2002-2003. Ces dispositifs étaient très novateurs à l’époque. J’ai ensuite pris un poste de direction sur la partie audience B2B, les développeurs, les décideurs métiers, etc.
Pendant quatre ans, j’ai été directeur du digital. Avec mon équipe, j’ai mis en place les premières gouvernances social media structurées. Même si nous ne sommes qu’une filiale, nous pouvons avoir un impact sur le groupe au niveau mondial. Nous avons structuré notre approche concernant les réseaux sociaux. En cinq ans, Microsoft adopté notre pilote à l’échelle international. Cette expérience m’a permis de sortir de mon pré carré, de mon expertise et d’imaginer des solutions qui sont aujourd’hui déployées au-delà de l’Hexagone.
Enfin, j’ai rejoint le poste de directeur marketing digital, avant de devenir directeur du marketing. À KEDGE, on m’avait expliqué que je changerais 5 à 6 fois de métier et d’entreprise dans les 15 premières années. Et pourtant cela fait plus de 20 ans que je suis chez Microsoft. Moi qui suis attiré par l’international, je suis aujourd’hui dans une multinationale qui me permet d’interagir et de travailler avec des collaborateurs du monde entier. Ce qui compte, ce n’est pas l’entreprise, c’est la motivation que l’on a. Ce qui a défini mon parcours, c’est que je travaille pour apprendre aux autres et apprendre des autres. C’est pour cela que je suis toujours chez Microsoft aujourd’hui.
À quoi ressemble votre quotidien de CMO chez Microsoft ?
Mon métier consiste à gérer le triptyque : planning, exécution, optimisation. Je définis les opérations marketing et ventes, le budget et les objectifs. Arrive ensuite la phase d’exécution. Désormais, nous prenons en compte des questions qui sont devenues essentielles comme l’accessibilité – nous faisons en sorte que toutes nos vidéos soient sous-titrées – ou les sujets liés au développement durable, notamment dans l’organisation d’événements. Enfin, nous mesurons l’efficacité des opérations et passons à la phase d’optimisation, pour améliorer ce qui a été mis en place. Le département marketing s’occupe de tous les produits de Microsoft, sauf Xbox et MSN-Bing, avec une approche glocal qui nous permet d’être pertinent par rapport à notre culture, tout en suivant la stratégie définie par le siège.
Mon quotidien, c’est aussi piloter la transformation marketing opérée avec l’arrivée de notre nouveau CEO en 2014, Satya Nadella. Désormais, les campagnes sont continues et permanentes et nous fonctionnons sur des mécaniques d’engagement situées avant, pendant, mais aussi après l’achat. Il faut également prendre en compte les nouvelles technologies. Sans IA, il nous devient impossible d’interagir avec nos clients dans un monde omnicanal. Cela fait également évoluer les fonctions commerciales, en lien avec le marketing. Les deux secteurs se décloisonnent et c’est passionnant à vivre.
Comment se déroule le recrutement chez Microsoft ? Quid de l’arrivée de nouveaux collaborateurs en cette période de coronavirus ?
Nous n’avons pas gelé les recrutements ! Tout se fait sur notre site carrière. Les candidats postulent en ligne. Nos services RH et stagiaires sélectionnent les CV en fonction de la période de recrutement. Ensuite, les candidats vont suivre les assessments. Ils se retrouvent face à des managers choisis en fonction des missions sur lesquels ils se sont positionnés. Ils doivent ensuite exposer leur parcours et répondre à une série de questions.
Par la suite, pour les stagiaires les plus talentueux, nous proposons le programme Aspire. Il est également ouvert aux personnes externes à l’entreprise, mais les stagiaires qui postulent sont prioritaires. Pendant deux ans, ils bénéficient d’un accompagnement personnalisé, à travers du mentorat, des échanges avec d’autres entités du groupe, des formations, etc. Cela aboutit à la création d’un poste.
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Comment décririez-vous l’ambiance de travail chez Microsoft ?
Les stagiaires sont considérés comme des collaborateurs à part entière et nous sommes très impliqués dans leur apprentissage et leur développement. Nous avons aussi créé une Intern Awards Ceremony. Il s’agit d’une célébration qui se déroule chaque fin de promo. Nous accueillons des invités comme notre président, la présidente de LinkedIn France, etc. Nous remettons alors des prix aux stagiaires comme le meilleur networker ou le meilleur blagueur.
Actuellement, ils travaillent de façon virtuelle. C’est un challenge, mais ils ont plein d’idées et ont beaucoup à nous apprendre. Cela devient également un facteur d’employabilité. Le télétravail va se généraliser et les étudiants doivent saisir cette période pour étudier l’évolution des modes de travail et montrer ce qu’ils peuvent apporter à l’entreprise et qu’ils sont capables de s’adapter.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui s’apprêtent à rejoindre le monde professionnel ?
Il faut faire attention à ses capacités de savoir-faire, mais aussi de savoir-être. De plus en plus se pose la question du how : Comment je fais mon travail ? Comment j’interagis avec mes équipes ? Comment je développe mes relations ? C’est un sujet très important ! Il faut interagir avec les collaborateurs en interne, mais aussi avec l’écosystème externe de l’entreprise. C’est pour cela qu’il est essentiel de faire partie d’une association en lien avec votre métier ou un sujet qui vous intéresse. C’est un facteur de développement de l’employabilité. Par exemple, j’ai été membre du board marketing de l’IAB [Interactive Advertising Bureau, NDLR], d’une startup qui s’appelle Oxycar (créée par un Kedger au cours de ces études, rencontré via le réseau alumni) et du ThinkTank La Villa Numeris, qui questionne le rôle du digital pour les citoyens en France et en Europe. Cela permet d’avoir des retours d’autres clients liés au marché et de comprendre comment évoluent les métiers.
Le schéma qu’il faut avoir en tête c’est le 70-20-10 : se développer à 70% dans son job, 20% en dehors de son métier, grâce aux rencontres, et 10% par une forme de formation académique. On ne finit jamais d’apprendre et il faut conserver cette curiosité dans son travail. Il est aussi important de toujours garder un œil neuf, un sentiment d’étonnement, malgré les années, de toujours avoir un regard critique, constructif, mais bienveillant et être dans l’empathie. Savoir en ligne, c’est très important quand on fait du management ! Enfin, il est nécessaire de développer son leadership dans un monde complexe.