Parti d’un simple Franprix franchisé dans les années 2000, Moez-Alexandre Zouari est aujourd’hui à la tête des magasins Picard et Stockomani. Il s’impose comme le roi du discount non alimentaire et se développe en parallèle avec ses 400 magasins de grande distribution. Zoom sur un parcours des plus inspirants et sur cet empire bâti à deux, avec sa femme.
Moez-Alexandre Zouari est inconnu du grand public, il commence toutefois à s’imposer dans le monde des affaires et monte en puissance dans le secteur de la grande distribution. Il a en effet multiplié par deux ses acquisitions, des opérations de croissance externes financées grâce à son patrimoine immobilier. « On est souvent propriétaire des murs de magasins, ce qui permet de financer notre croissance. Notre endettement est maîtrisé, avec des ratios très raisonnables », explique-t-il au Monde.
En 2021, la famille arrive en 128e position des plus grosses fortunes en France avec une richesse de 800 millions d’euros. Picard, Stokomani, Maxi Bazar, tu sais maintenant qui se cache derrière ces puissantes enseignes de discount ou du surgelés.
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Moez-Alexandre Zouari : un duo gagnant avec sa femme Soraya
Moez-Alexandre Zouari est né le 6 février 1971 en France, de parents tunisiens. Il est fils et petit-fils de commerçants de biscuits et de sucre, il a donc le sens des affaires dans le sang, surtout après avoir passé une enfance derrière le comptoir du magasin de textile de sa mère.
Il a réalisé des études de commerce à l’Université Paris-Dauphine. Tout de suite après, il épouse Soraya, celle qui deviendra son bras droit et sa partenaire dans toutes les opérations qu’il va entreprendre. Ils se lancent en effet dans le développement de leurs activités main dans la main. Moez-Alexandre Zouari se charge du développement du réseau d’enseignes, tandis que Soraya Zouari s’occupe des questions administratives et financières. Parents de trois filles, les grandes décisions stratégiques sont prises en famille le soir dans leur appartement situé dans le XVIe arrondissement de Paris.
Leur premier commerce a été un Franprix, en franchisé, en 1998, à Ménilmontant. Mais ce qui pourrait sembler être un accomplissement de vie pour certain, n’était qu’une pièce du puzzle pour le couple. Moez-Alexandre Zouari est aujourd’hui à la tête de 1 500 magasins Picard, Franprix, Stockomani… Ses investissements peuvent paraître aléatoires et non calculés, mais l’entrepreneur de 51 ans avait tout prévu, il détaille au Monde : « Pendant vingt ans, la consommation a été un ventre mou. Tout était en milieu de gamme. C&A, la grande distribution… Depuis quelques années, on voit une polarisation de la consommation, à l’image de celle de la société, d’ailleurs, avec une frange de la population qui recherche la qualité, l’excellence opérationnelle, le cinq-étoiles. Et une autre où le client a besoin de prix, car la crise du pouvoir d’achat crée de la frustration. »
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Moez-Alexandre Zouari : de franchisé à leader du discount non-alimentaire
Moez-Alexandre Zouari avait pour priorité de lancer l’un des premiers acteurs du discount non-alimentaire en France avec pour objectif : atteindre le milliard d’euros de chiffre d’affaires à court terme. Il voulait également concurrencer Action, l’enseigne néerlandaise qui a su s’imposer en France avec plus de six cents magasins sur le territoire.
Il avait commencé en tant que franchisé du groupe Casino et affichait de grandes ambitions. Lors de ses débuts avec sa femme, ils avaient mis en place une carte pour définir tous les commerces parisiens menacés de disparition. Pendant six mois, il allait donner sa carte aux propriétaires de ces boutiques pour qu’ils le contactent en cas de vente. Grâce à l’aide de leur familles, le couple Zouari a réussi à ouvrir cinq Franprix la première année, cinq autres l’année d’après.
Antoine Aussour, leur actuel directeur exécutif, les avait rejoint en tant que stagiaire en 2003. La famille comptait alors 23 magasins et 16 salariés. Aujourd’hui, ils sont près de 200. « Ils m’ont tout de suite embringué dans leur passion », explique le bras droit depuis dix-sept ans à Capital.
La famille a exploité jusqu’à quatre cent cinquante magasins des enseignes Franprix, Leader Price, Monop’ ou Monoprix. En 2018 les affaires ont atteint un pic d’activité, à plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Une sucuess story pas toujours couronnée de succès pour la famille Zouari
Lors de la pandémie, Moez-Alexandre Zouari tente de racheter le distributeur de produits bio, Bio c’Bon. Il se fait toutefois devancer par Carrefour En décembre 2021, il tente un nouveau rachat. Celui de La Marnière, une chaîne de trois magasins qui vend des produits frais dans les Yvelines et réalise pas moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Un autre achat qui lui est passé sous le nez, et qui lui a laissé un arrière goût amer, est celui de l’enseigne Leader Price. Quand Jean-Charles Naouri, le patron de Casino, lui parle de sa volonté de vendre son réseau de discount alimentaire à Aldi, Moez-Alexandre Zouari montre très rapidement sa volonté de le racheter. Malheureusement, le processus de vente était déjà bien déclenché. Les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules, il doit céder à Casino 198 supermarchés qu’il gérait en franchise pour que l’opération soit conclue. Il se rend rapidement compte que le secteur de l’alimentaire représentait un grand nombre de contraintes.
Résultat ? Il jette son dévolu sur le non-alimentaire. Mi-2021, Moez-Alexandre Zouari décide d’entrer en contact avec Philippe Ginestet, le patron de Gifi, au moment où il prend la décision d’ouvrir le capital de son entreprise. Hélas, le vendeur en demande beaucoup trop. L’entrepreneur d’origine tunisienne se montre tout de même déterminé à faire grandir et fructifier ses affaires.
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La course à la taille déclarée par Moez-Alexandre Zouari
Pour se démarquer dans le monde du discount, il est crucial d’avoir de gros volumes d’achat
pour pouvoir vendre ses stocks à bas prix. Cela explique la volonté de Moez-Alexandre Zouari d’entamer sa course à la taille.
Moez-Alexandre Zouari prend contact avec la chaîne Maxi Bazar. Il réussit à la racheter le 25 novembre 2021 au fonds d’investissement Naxicap Partners. En janvier 2022, il détient les clés de quatre-vingt-neuf magasins spécialisés dans les produits de décoration et de bazar et désigne le directeur général,
Jean-Marie Pomarès, au poste de PDG. « Quand il rachète des sociétés, il ne met pas des gens à lui. Il regarde les expériences et ce que les gens peuvent apporter, pas les diplômes », explique un proche de la famille. Il rachète également Stokomani, l’un des pionniers du déstockage en France, qui est à la tête d’un chiffre d’affaires de 575 millions d’euro en 2021.
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Moez-Alexandre Zouari : Le début de l’aventure Picard
La famille Zouari a le sens des affaires. En janvier 2020, l’entrepreneur s’offre Picard et reprend 44,5% de l’enseigne au fonds d’investissement suisse Aryzta. Un an plus tard, il se rend à Londres, sans même parler un seul mot en anglais, avec une seule idée en tête : séduire le fonds Lion Capital et son cofondateur, Lyndon Lea. Le rendez-vous qui devait durer 20 minutes dépasse les deux heures. La vision de Moez-Alexandre Zouari était claire, rajeunir l’imagine de marque de Picard. Il détaille : « quand il n’y a plus de jus, cela ne sert à rien de presser le citron. Moi, je propose de soulever le capot de la voiture et de travailler sur la livraison à domicile, l’offre, le rajeunissement de la clientèle. »
Cette idée séduit grandement les investisseurs qui le soutiennent sans hésitation. « C’est l’entrepreneur et sa vision du commerce qui a séduit », explique Charles Andrez de Lazard, seul banquier présent lors de l’entretien, à Capital. « Lorsqu’on n’a pas le nom, il faut savoir foncer plus vite que les autres », détaille l’entrepreneur.
Le fait d’avoir mis la main sur Picard marque un nouveau virage pour la famille Zouari qui bénéficie désormais de plus de légitimité dans le monde économique et financier. Ils profitent également désormais d’une grande notoriété. Discrets de base, les Zouari ont fait couler beaucoup d’encre suite à ce rachat.
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