Aux États-Unis, et plus particulièrement au New Jersey, les universités américaines sont frappées de plein fouet par une crise financière grave. L’État vient de lancer une grande enquête pour se pencher de plus près sur les dépenses des établissements d’enseignement supérieur publics.
Les universités du New Jersey sont en proie à une dette phénoménale. Le COVID et l’inflation ne sont pas en cause. D’après les éléments préliminaires de l’enquête menée par l’État du New Jersey, cette crise financière touche ces établissements depuis plusieurs années. En cause ? Un mauvais management de la part de présidents et comités de direction des universités. Certaines d’entre elles ont accumulé de telles dettes qu’elles pourraient même fermer définitivement leurs portes après 100 ans d’existence !
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Le déficit colossal de l’Université de Jersey City
Phil Murphy, gouverneur de l’État du New Jersey, a un établissement en ligne de mire : New Jersey City University. Fondée en 1929, elle aurait accumulé un déficit de 20 millions de dollars, d’après le board de l’établissement. De son côté, le gouverneur indique que l’enquête préliminaire démontrerait un déficit de 67 millions de dollars, couplés à une dette de 156 millions de dollars.
L’ancienne présidente de cette université publique serait au cœur de cette crise financière, notamment par sa mauvaise gestion. Sue Henderson, c’est son nom, a d’ailleurs été la cible d’un vote de défiance de la part de la faculté de l’établissement. Cependant, New Jersey City University réfute cette accusation et indique qu’un changement comptable de 2015 peut être à l’origine de ces mauvais résultats financiers. En outre, une baisse du nombre d’inscrits et d’admis n’a pas joué en la faveur de l’université.
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Dette des universités américaines : Des licenciements et une fermeture d’établissement en jeu
La dette de New Jersey City University est telle qu’un plan d’urgence de 90 jours a été voté. Il implique notamment des licenciements massifs afin de réaliser des économies, notamment sur les frais liés au personnel. Pour l’instant, personne n’a perdu son emploi, les professeurs étant toujours en négociation avec l’université.
En outre, Phil Murphy a confié l’enquête à Kevin Walsh, un agent chargé de se pencher sur les finances de l’établissement. Le gouverneur de l’État du New Jersey lui a même demandé si l’université pouvait ouvrir en l’état ou s’il ne fallait pas la fermer, après presque 100 ans d’existence.
Ce n’est pas le seul établissement qui fait face à une grave crise financière. En effet, William Paterson University, située à Wayne (New Jersey) a également enregistré un déficit de 30 millions de dollars et a annoncé un vaste plan de licenciements pour réaliser des économies.
De leur côté, les membres de l’université de Jersey City et les professeurs ont exigé un meilleur regard sur les finances de l’établissement, arguant que cette crise aurait pu être évitée. Donna Chiera, présidente de l’antenne du New Jersey de l’American Federation of Teachers union, syndicat des professeurs américains, n’est pas très optimiste. Alors qu’elle alertait déjà les autorités en 2020, quand William Paterson University commençait à connaître quelques difficultés financières, elle explique : « on m’a dit que Jersey City serait la prochaine université à s’écrouler. On en appelait à l’État du New Jersey et au secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur. On les prévenait que le système des universités publiques n’avait aucune transparence financière, reddition de compte ou supervision. Tout ce que nous avions prédit est arrivé. Les gens qui travaillent à New Jersey City University savaient que tout allait s’écrouler. Et tout s’est écroulé. »
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