Le Groupe Orange accueille une nouvelle DG qui va succéder à Stéphane Richard, condamné en novembre dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Christel Heydemann sera ainsi la deuxième femme qui rejoint les dirigeants du CAC 40. Zoom sur son parcours !
Une deuxième femme a fait son entrée fracassante dans le cercle très fermé des dirigeants des entreprises du CAC 40. Forte de 15 ans d’expérience chez Alcatel-Lucent et de sept années passées chez Schneider Electric, Christel Heydemann est nommée ce vendredi 28 janvier, à 47 ans, directrice générale d’Orange.
En concurrence face à des profils intéressants retenu par le comité de sélection d’Orange (Ramon Fernandez, directeur financier du groupe, et Frank Boulben, l’un des dirigeants de l’américain Verizon), la diplômée de Polytechnique a pu compter sur le soutien du gouvernement pour les devancer et décrocher le poste. Le ministère de l’Économie a très explicitement montré son soutien à Christel Heydemann début janvier, en indiquant vouloir voir une femme au pouvoir.
Avec sa nomination, elle devient la deuxième femme à diriger une entreprise du CAC 40, aux côtés de la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor. À partir du 1er juillet, la liste devrait s’élargir à la suite de la nomination d’Estelle Brachlianoff, qui deviendra directrice générale de Veolia.
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Christel Heydemann : Parcours académique et professionnel
Christel Heydemann, née en 1974, est diplômé de Polytechnique en 1997 et de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (L’École des Ponts ParisTech). Une fois son diplôme en poche, elle rejoint le prestigieux cabinet de conseil, The Boston Consulting Group en tant que consultante junior.
En 1999, elle rejoint Alcatel Mobile, anciennement Alcatel One Touch (marque commerciale appartenant à Nokia Corporation), en tant que Trade and Project Finance Manager. Elle va ensuite enchaîner et passer dix années au sein du groupe où elle va occuper des postes stratégiques : Key Account Manager (Orange et SFR), vice-présidente France, VP Strategic Alliance HP et enfin Excutive Vice-President Human Resources and Transformation.
Elle a ainsi participé aux grandes étapes de transformation de l’entreprise, notamment la fusion entre Alcatel et Lucent. En 2008, elle est nommée directrice commercial d’Alcatel-Lucent France. Elle a, dans cette logique, négocié une alliance avec l’équipementier informatique HP aux États-Unis, avant d’être promue en 2011 directrice générale des ressources humaines et membre du comité exécutif.
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Christel Heydemann est fortement engagée auprès des associations, notamment Young Global Leader qu’elle a rejoint en mars 2012 en tant que Young Global Leader pendant cinq ans. En parallèle, elle se lance dans une nouvelle aventure auprès de Schneider Electric, où elle monte rapidement les échelons et devient CEO.
En 2018, elle devient présidente de Gimélec, un syndicat professionnel français représentant 200 entreprises fournissant des technologies électriques et numériques pour le pilotage des énergies, des infrastructures, de l’industrie, des bâtiments et de l’électromobilité. Ben Verwaayen, son ex-patron chez Alcatel-Lucent, la décrit au Figaro comme étant “tout sauf un dictateur : elle embarque tout le monde et a la capacité d’imaginer l’impossible. C’est une CEO naturelle.”
Elle a également participé au développement de l’industrie 4.0 et la révolution de l’internet des objets en gérant notamment le dossier de la transformation numérique de Schneider qui a été accélérée par la crise sanitaire.
Aujourd’hui, elle est nommée à la tête du numéro 1 français des télécoms. Elle rejoindra l’entreprise le 1er avril et succédera à Stéphane Richard. Ce dernier a été condamné mercredi 24 novembre à un an de prison et 50 000 euros d’amende, et pour cause, il a été accusé pour complicité de détournement de fonds publics dans le processus d’arbitrage du Crédit lyonnais, à l’issue duquel Bernard Tapie avait reçu quelque 400 millions d’euros, en 2008 (l’affaire Tapie-Crédit lyonnais). Il devra quitter ses fonctions au printemps, après une décennie aux commandes de l’ex-France Télécom.
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Les grands défis que Christel Heydemann devra relever chez Orange
Ce n’est qu’une question de temps avant que Christel Heydemann ne prenne les rennes du leader français de la télécommunication. Climat social, arrivée de la 5G, arrêt du cuivre (ADSL), la nouvelle dirigeante sera confrontée à un grand nombre d’enjeux. Christel Heydemann a toutefois une véritable expertise et un savoir-faire dans le domaine qui lui permettront d’affronter l’ensemble de ces challenges.
Voici les différents défis que l’univers de la télécommunication, et plus particulièrement Orange, devra relever :
- Le réseau 4G et 5G : Orange a entamé une expansion de son réseau 4G et 5G avec, pour ambition, la couverture quasi complète du territoire. Cette dernière technologie exige un niveau de connexion plus fluide.
- L’ère du cuivre est révolue : En parallèle du développement de la fibre, Orange voit la fin du cuivre arriver à grand pas (réseau actuellement utilisé par l’ADSL). Cette grande transition du cuivre vers la fibre est une mutation technologique et économique non-négligeable. En effet, Orange loue à ses concurrent le réseau cuivre. Toutefois, ce dernier exige des coûts fixes d’entretien très importants et ne change pas en fonction du nombre de personnes qui l’utilisent. Résultat ? La naissance du redoutable effet ciseau : les revenus baissent et les dépenses restent fixes.
- Préservation du climat social : Orange a entamé un programme de modernisation et de rénovation de son organisation. En bref, cela consistera à alléger les fonctions supports du groupe et d’augmenter – ou maintenir – les forces en présence sur le terrain.
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L’Espagne, un pays où la crise est imminente : La concurrence est redoutable en France, mais, en Espagne, c’est peut-être pire. En 2021, Orange s’est vu obligé de déprécier de 3,7 milliards d’euros ses actifs en Espagne et de supprimer près de 700 postes. Le Figaro détaille : « L’Espagne est un caillou dans la chaussure d’Orange qui a plutôt bien géré son développement à l’international, aussi bien en Europe qu’en Afrique. Mais les défis n’en sont pas moins réels. Le groupe se rêvait en champion européen, mais peine à s’imposer avec un déploiement moins rapide qu’attendu. »
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