Maeva Courtois Hélios
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Rencontre avec Maeva Courtois, fondatrice de l’écobanque Hélios

Après une carrière dans la finance de marché, Maeva Courtois, diplômée de l’INSA Rouen, s’est lancée dans un projet ambitieux : celui de créer une banque verte. Avec Julia Ménayas (HEC Paris), les deux entrepreneuses fondent Hélios, une écobanque qui réunit aujourd’hui 15 000 clients.

 

Le parcours de Maeva Courtois

Maeva Courtois Hélios
Julia Menayas & Maeva Courtois, cofondatrices d’Hélios © Hélios

Quel est votre parcours académique ?

J’ai fait une prépa scientifique avant d’intégrer l’INSA Rouen. Si l’école est assez généraliste, je me suis spécialisée en mathématiques et en informatique. J’ai eu la chance de partir en échange à l’UQAM [au Canada, NDLR] afin de me spécialiser en mathématiques financières. Quand je suis rentrée, j’ai réalisé mon stage de fin d’études à la Banque Postale où je travaillais en finance de marché afin de structurer des produits financiers, des covered bonds.

 

Vous avez donc débuté votre carrière dans l’univers de la finance de marché ?

Après mes études, j’ai rejoint ODDO BHF, une banque d’investissement franco-allemande où j’ai travaillé en trading quantitatif. Je mettais en place des algorithmes de trading pour automatiser une partie des décisions de gestion. Puis j’ai rejoint Exane Asset Management, un hedge fund français. C’est à cette époque que les Asset Managers ont vu leur métier évoluer avec la prise en compte des critères ESG. Exane m’a proposé de créer le pôle de finance durable et mettre en place la stratégie ESG afin de mieux prendre en compte ces critères dans la sélection des portefeuilles.

 

À quel moment s’est fait le déclic entrepreneurial ?

Après deux j’ai Exane, j’ai quitté l’entreprise pour fonder Hélios. Je me suis rendu compte qu’il était primordial de financer l’économie réelle et d’arrêter de financer des entreprises polluantes qui ne positionnent par leur activité vers une transition bas acteur. La banque est l’acteur de référence pour guider ce que sera le monde de demain et j’étais insatisfaite, en rencontrant les banques et les Asset Managers, de voir comment ils intégraient les critères ESG. C’était plus du marketing que de la stratégie.

On peut vraiment avoir un impact décuplé si on utilise les règles du capitalisme et de la banque pour financer les bonnes entreprises et ainsi flécher l’argent vers des projets qui œuvrent pour la transition écologique.

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Tout savoir sur Hélios, l’écobanque

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre associée ?

J’ai créé Hélios en 2020 avec Julia Ménayas. Elle est diplômée de HEC Paris et a obtenu un double diplôme avec Sciences Po. Elle a également réalisé son échange au Canada, au sein de McGill et a réalisé sa carrière dans le Venture Capital. Nous nous sommes associées en 2020 dans l’objectif de créer un nouveau modèle bancaire dédié au financement de projets écologiques.

 

Hélios, qu’est-ce que c’est ?

Hélios est une écobanque, un nouveau modèle bancaire dédié au financement de la transition écologique, qui produit plusieurs produits bancaires : des comptes jeunes, des comptes joints et des livrets d’épargne et bientôt de l’assurance-vie. Notre ambition est de remplacer les banques traditionnelles avec la certitude, pour le client, qu’Hélios ne financera pas des activités liées au réchauffement climatique, mais des projets qui accélèrent la transition écologique. Nous proposons nos produits à tous les particuliers et autoentrepreneurs qui ont plus de 18 ans, partout en France.

Ce qu’il faut savoir, c’est que, grâce aux rapports d’impacts qui évaluent les tonnes de CO2 émises lorsqu’on dépose 1€ sur un compte, nous pouvons voir que les banques traditionnelles sont polluantes. D’après les rapports menés gérés par Carbone 4, la plus polluante est SG avec 3,25 tonnes de CO2 émises par an pour 5 000€ déposés sur un compte. Chez Hélios, nos clients émettent 700kg annuellement pour la même somme.

 

Beaucoup de néo-banques se sont développées ces dernières années. Cela ne vous a pas fait peur de vous positionner sur ce secteur ?

Non, nous n’avons pas eu peur de nous lancer sur le sujet. Jusqu’ici, l’innovation dans la banque était purement technologique. Les néo-banques, parfois rattachées à des grands groupes, se sont développées avec une proposition de valeur autour d’une expérience utilisateur plus fluide et plus autonome, et une proposition liée aux coûts.

Nous, nous proposons une banque qui a un vrai impact et rôle sociétal, et pas uniquement commercial. Nous nous adressions à tous ceux qui veulent agir dans un monde marqué par une crise climatique qu’on ne peut plus ignorer. Il faut s’accaparer le monde dans lequel on vit. Si on veut pouvoir les choses, il faut agir sur l’argent en circulation et proposer de nouveaux produits qui permettent de consommer différemment, comme pour le bio.

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Le développement d’Hélios

Vous parliez de l’assurance-vie, quels sont vos grands projets d’Hélios pour 2023 ?

Cette année, nous avons lancé l’assurance-vie et nous espérons proposer le Plan Épargne Retraite d’ici la fin de l’année. Nous nous focalisons également sur les outils de suivi et de gestion pour les particuliers. L’objectif est de les aider à voir leurs plus gros postes de dépenses, mais aussi si les marchands dans lesquels ils se fournissent sont éthiques. Nous voulons créer une économie fermée autour de la consommation et du financement durable.

Nous allons également travailler sur l’internationalisation d’Hélios en 2024. L’an prochain, nous comptons ouvrir de nouveaux pays en Europe. Le premier sera l’Espagne. Aujourd’hui, Hélios, c’est 15 000 clients, nous visons les 30 000 d’ici la fin de l’année et les 100 000 d’ici fin 2024.

 

À quoi ressemblera Hélios dans 3 ans ?

Notre objectif est de créer une suite de produits durables et d’avoir la capacité de remplacer une banque traditionnelle. Nous nous développons en fonction de la pyramide des besoins : le paiement, l’épargne, l’investissement et les crédits au particulier. Nous comptons nous lancer sur ce sujet avec des offres sur des projets spécifiques comme la rénovation thermique du logement, les vélos, puis, à plus long terme, nous souhaitons proposer le crédit immobilier.

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L’entrepreneuriat au féminin

Hélios a été fondé par deux femmes, dans un milieu, l’entrepreneuriat, majoritairement féminin. Avez-vous déjà rencontré des problématiques liées à votre genre ?

Non. Pour nous, ça n’a jamais été un problème et on n’y a pas vraiment pensé. Je viens d’un milieu majoritairement masculin avec l’école d’ingénieurs, puis la finance de marché. Julia, elle, en était très consciente et se rendait compte que les fonds d’investissement sont majoritairement composés d’hommes. Derrière, il y a un biais supplémentaire : les hommes lèvent plus d’argent que les femmes. En réalité, c’est un sujet plus global, les investisseurs cherchent des gens qui leur ressemblent et ce sont majoritairement des hommes. Ils ont parfois plus confiance dans des projets qui sont portés par des hommes.

Nous avons eu la chance de ne pas le ressentir, mais nous voyons les chiffres. Les femmes sont aujourd’hui peu nombreuses dans la Tech et encore plus rares dans les FinTechs.

 

L’engagement sur la parité est-il un sujet sur lequel vous travaillez chez Hélios ?

C’est quelque chose de logique dans la culture de notre société, mais qui n’a pas besoin d’avoir des règles claires. Nous avons la chance d’avoir pu réaliser des recrutements sans forcément créer des règles. Aujourd’hui, nous sommes à parité en termes de recrutements.

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