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Pourquoi l’Arabie saoudite cherche à séduire les footballeurs ?

Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, Neymar Jr, tous ses footballeurs ont récemment rejoint la Saudi pro league. Mais une question demeure pourquoi l’Arabie saoudite se met-elle soudainement à vouloir attirer les plus grandes stars du ballon rond ? En effet, depuis quelques années, le prince Mohammed ben Salmane (MBS) tend à diversifier l’économie saoudienne. Entre investissement sportif, digital ou encore architectural, le prince modernise l’économie de son pays et lance la transition vers une économie post-pétrolière.

Où seras-tu en l’an 2030 ? Mohammed ben Salmane lui le sait ! Et pour cause, le 25 avril 2016, MBS, alors Vice-Prince héritier de l’Arabie saoudite, a lancé le plan « Vision 2030 ». Un plan stratégique ambitieux qui a pour vocation de transformer l’économie du pays, afin de réduire considérablement sa dépendance à l’or noir. Investissement dans les nouvelles technologies, le tourisme, la recherche, les services hospitaliers, l’aviation ou encore le sport, le plan vision 2030 prévoit d’investir plus de 7 000 milliards de dollars dans les secteurs à fort potentiel de croissance. Et ainsi, faire de l’Arabie saoudite une plaque tournante mondiale connectant trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

 

L’Arabie saoudite mise sur les footballeurs

Ça ne t’aura sûrement pas échappé, l’Arabie saoudite investit massivement dans le football et plus particulièrement sur les footballeurs de renom. Ces investissements ont des implications économiques, politiques et sociales significatives, notamment pour le futur. En effet, dans le cadre du plan « vision 2030 », MBS, tend à utiliser le football comme un élément clé afin de transformer l’image de son pays. Le rachat du club de Newcastle (en Angleterre) ou l’arrivée récente de joueurs comme Neymar ou Benzema en Arabie saoudite sont des manifestations claires de cette stratégie.

L’Arabie saoudite souhaite diversifier son économie. Le pays investit donc massivement dans le sport, localement, mais également à l’étranger. À l’image de la construction de Qiddya, un projet pharaonique de sport et de divertissement. L’Arabie saoudite est composée à 70% de jeunes, ces investissements sont donc une réponse aux intérêts et à la demande de cette population. De plus, le pays connait une forte augmentation des taux d’obésité, de diabète et de maladie cardiaques. La promotion du sport est alors vue comme un outil qui encourage à mener une vie plus saine.

 

La mise en place de son « Soft Power »

Pour faire simple, l’Arabie saoudite utilise le football pour projeter une image positive de son pays à l’échelle internationale. Un simple instrument politique. En somme, une stratégie de « Soft Power » classique. Toutefois, le pays est aujourd’hui accusé de « sportwashing ». En outre, de tenter de détourner l’attention des médias du monde sur l’état de Droits de l’Homme dans le pays.

 

Plan Vision 2030

Le 25 avril 2016, alors encore Vice-Prince héritier, Mohammed Ben Salman annonce la mise en place de son plan Vision 2030. Un plan qui tend à transformer l’économie de sa nation. L’année suivante MBS est nommé Prince héritier par le Roi Salman. Lors de la conférence FII (Future Investment Initiative) quelque mois plus tard, MBS s’engage à un retour à un Islam modéré et lance Neom, la ville de l’avenir, un projet de plus de 500 milliards de dollars. Preuve de la modernisation du pays, MBS met fin à une interdiction vieille de plus de 35 ans et un premier cinéma ouvre à Riyad avec la projection d’un Marvel. À peine un mois plus tard, l’interdiction de conduire pour les femmes est annulée. En 2019, le Prince héritier lance un mégaprojet de tourisme à Al-Ula et en 2020 l’Arabie saoudite crée trois nouveaux ministères : Sport, Tourisme et Investissement.

L’objectif du pays est donc de prévenir toute forme de mécontentement sociale. Lisser son image auprès de sa propre population ainsi que la communauté internationale.

 

Des projets pharaoniques

Lors du lancement du projet « Vision 2030 », le Prince héritier avait annoncé plusieurs chantiers dans le pays. Des projets tous plus fous les uns que les autres. Notamment un pont traversant la mer Rouge afin de favoriser les échanges commerciaux.

 

The Line

The Line est le nom d’un projet immobilier pharaonique se voulant écoresponsable. Une ville verticale baptisée NEOM, qui devrait accueillir presque 10 millions d’habitants sur seulement 34km2. À travers ce projet MBS souhaite créer une cité qui n’abrite ni route ni voiture et n’émet aucune émission de carbone. Une ville qui s’étend sur 170 kilomètres de large contre 200 mètres de profondeur et 500 mètres de haut, compris entre deux miroirs géants. L’objectif de l’Arabie saoudite est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 et The Line devrait contribuer à cela.

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New Muraba et bien d’autres

The Line n’est pas le seul projet pharaonique du royaume. En effet, MBS a annoncé en début d’année un nouveau projet visant à moderniser le centre-ville de Riyad, la capitale. New Murabba, le nouveau carré, en arabe, est un projet visant à bâtir dans Riyad le plus grand centre-ville moderne au monde. Ainsi, étendu sur plus de 19km2, le prince ambitionne de construire musées, opéra, théâtre, salles de concert, galerie d’art, université ainsi que de nouveaux logements.

Mais ce n’est pas tout, l’Arabie saoudite souhaite également faire d’Al-Ula qui est actuellement une oasis, comprenant plusieurs sites archéologiques, un complexe culturel et touristique. Le Prince tend à faire d’Al-Ula la capitale culturelle du royaume.

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Des projets sportifs

Jeux asiatiques d’hiver

L’Arabie saoudite a été désignée pour accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2029. Ces jeux devraient précisément se dérouler à Trojena, secteur montagneux de NEOM. Trojena, qui devrait être achevé en 2026, comprendra des pistes de ski ouvertes toute l’année, un lac artificiel d’eau douce, des chalets, des manoirs ainsi que des hôtels de luxe. Le directeur de Neom, Nadhmi al-Nasr, a pour sa part affirmé que Trojena serait doté « des infrastructures adéquates pour créer une atmosphère hivernale au cœur du désert, et de faire de ces Jeux d’hiver un événement mondial sans précédent ».

Vers la Coupe du monde 2034 ?

L’Arabie Saoudite souhaiter initialement candidater pour l’organisation de la Coupe du monde 2030. Selon toute vraisemblance, le pays du golfe devrait finalement se concentrer sur l’édition 2034. En effet, le Royaume aurait compris qu’après la Coupe du monde au Qatar et celle de 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique, il était très peu probable que l’édition 2030 soit de nouveau accordée à un pays du Golfe. L’Arabie saoudite a dépensé des milliards dans tous les sports du golf, à la Formule en passant par le catch via la WWE et les sports électroniques. Le pays est donc prêt à attendre quatre ans de plus afin d’organiser ce qui sera peut-être l’une de plus belle Coupe du monde de l’histoire.

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Allié ou un ennemi des clubs européens ?

Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et Neymar ont rejoint la Saudi Pro League avec des contrats annuels à neuf chiffres. Et cette ligue riche en or noir n’est pas près de ralentir. En effet, l’Arabie saoudite a dépensé des milliards de dollars dans divers sports, aujourd’hui, ce pays riche en pétrole veut bouleverser le sport le plus populaire au monde en mettant la lumière sur la Saudi Pro League (SPL). La SPL est la plus haute division du football d’association en Arabie saoudite. La compétition a débuté en 1976 et la ligue a récemment été classée 58e ligue nationale de football la plus forte au monde.

Le Prince héritier d’Arabie saoudite étant préoccupé par la dépendance du pays à l’égard des combustibles fossiles, le pétrole représentant 42 % du PIB total de l’Arabie saoudite et 90 % des recettes d’exportation du pays. La SPL fait l’objet d’une refonte radicale. C’est ainsi qu’en juin 2023, le fonds souverain d’Arabie saoudite, doté de 650 milliards de dollars, a pris le contrôle de quatre clubs de la Saudi Pro League : Al Nassr, Al-Ahli, Al-Ittihad et Al-Hilal. L’Arabie saoudite détient désormais 75 % des parts de chacun des quatre clubs, ce qui leur permet de disposer d’une réserve de liquidités inépuisable pour recruter certains des meilleurs joueurs du monde.

Et c’est précisément ce qu’ils ont fait. Des joueurs comme Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, N’Golo Kante, Malcom, Sadio Mane, Riyad Mahrez, Jota et bien d’autres ont signé pour jouer en Arabie saoudite, laissant derrière eux leurs anciennes équipes pour accepter des augmentations de salaire allant de 20 à 200 millions de dollars par an. Sans oublier Lionel Messi et Kylian Mbappé, qui ont tous deux refusé des contrats d’un milliard de dollars qui auraient fait d’eux les athlètes les plus riches du monde.

En réalité, la SPL souhaiterait signer 50 joueurs des principaux championnats européens (elle en a déjà signé 30). Elle veut faire passer ses recettes annuelles de 120 millions de dollars à 480 millions de dollars d’ici à 2030. Et elle veut devenir une ligue du Top 10 d’ici 2030, faisant de la SPL la ligue de référence en dehors du Big 5 européen. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui affirment que ce type d’investissement n’est pas durable. Ils évoquent la Chinese Super League, qui a vu des milliardaires chinois investir des sommes considérables dans des indemnités de transfert à huit chiffres et des salaires mirobolants pour certains des meilleurs joueurs du monde (Oscar, Hulk, Alex Teixeira, etc.), avant de disparaître lors de la pandémie.

Mais l’investissement de l’Arabie saoudite est différent. Tout d’abord, le gouvernement utilise son fonds souverain de 650 milliards de dollars pour financer les équipes, les transferts et les salaires. Et cet argent ne s’épuisera pas de sitôt, qu’il y ait ou non une nouvelle pandémie.De plus, l’argent saoudien aide en fait de nombreux clubs de haut niveau. Prenons l’exemple de Neymar. Non seulement aucune équipe européenne n’aurait payé près de 327 millions de dollars pour ses services, mais le PSG n’aurait jamais obtenu une indemnité de transfert de 100 millions de dollars de qui que ce soit d’autre. La même logique s’applique à la quasi-totalité des autres grands joueurs que l’Arabie saoudite a recrutés, dont la plupart ont plus de 30 ans et n’ont rejoint l’Arabie saoudite que parce qu’ils représentaient l’offre financière la plus importante.

Bizarrement, ils aident en fait les plus grands clubs du monde qui sont confrontés à une pression financière due à l’augmentation des salaires dans les cinq plus grandes ligues du sport. Mais n’oubliez pas que cet argent n’est pas dépensé pour développer la meilleure ligue de football du monde. Il s’agit plutôt d’améliorer l’image de l’Arabie saoudite, d’attirer des événements de premier plan et de faire du pays une destination touristique comme Dubaï. C’est ainsi que le prince héritier Mohammed ben Salmane prévoit de diversifier l’économie en s’éloignant des combustibles fossiles à long terme.

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