C’est une histoire aussi triste qu’insolite qui vient de se produire aux Etats-Unis. Vishal Garg, fondateur et CEO du courtier Better.com, vient d’annoncer à travers un appel Zoom qu’il licenciait 15% de ses salariés… alors que son entreprise vient de recevoir 750 millions de dollars !
“Si vous êtes dans cette réunion Zoom, vous faites partie du groupe des malchanceux qui sont licenciés. Votre emploi se termine dès maintenant, avec effet immédiat.” (Vishal Garg)
C’est une pratique délirante qui est tout à fait légale aux Etats-Unis : le licenciement via Zoom. C’est ce que n’a pas hésité à faire Vishal Garg, patron de Better.com, un courtier en prêt immobilier.
Pourtant, la veille de ce funeste appel, son entreprise venait tout juste d’acter d’un investissement de… 750 millions de dollars. En effet, Better.com prépare une introduction en Bourse à travers une SPAC (Special Purpose Acquisition Company) intitulée Aurora Acquisition Corp. Ce véhicule d’investissement, présidé par Arnaud Massenet, s’est lui-même introduit en Bourse en promettant de racheter une entreprise plus grosse.
Dans le cas de cette SPAC, c’est Better.com qui a été retenu pour une valorisation de 6,9 milliards de dollars. Dans un business immobilier où les concurrents tech font face à des difficultés majeures, à l’image de Zillow qui a stoppé une grande partie de ses activités, le management et ses investisseurs lui ont confié en avance une grande partie des 1,5 milliard d’investissements promis.
Grâce aux 750 millions d’investissements débloqués, l’entreprise dispose aujourd’hui d’un milliard de dollars de cash dans son bilan d’après son directeur financier… Le bon moment pour que le CEO fasse cet appel aux salariés.
Au cours de cet appel, il indique que tous ceux qui recoivent ce message font partie des 15% de licenciés (osit 900 personnes au total) avec effet… immédiat. S’il se dit désolé de la situation, il précise rapidement les modalités de départ permettant aux salariés de recevoir jusqu’à 3 mois de compensation. Un cadeau de Noël empoisonné au moment où toute la valorisation permet à Vishal Garg d’obtenir le statut de milliardaire.
Vishal Garg, un entrepreneur très controversé
Cet ancien analyste M&A au sein de Morgan Stanley a toujours fait carrière en créant des structures liées aux prêts. Qu’il s’agisse de sa première aventure entrepreneuriale, un courtier en prêt étudiant intitulé MyRichUncle (introduite en Bourse lorsqu’il n’avait que 26 ans pour plus de 200 millions de dollars), ou de sa dernière aventure, Vishal Grag a bâti sa carrière autour de l’endettement des Américains, un problème notamment subi par de nombreux étudiants.
Vishal Grag a également fait parler de lui pour ses pratiques de management controversées. Une enquête de The Daily Beast évoque notamment ses vicissitudes en affaires. A mettre au crédit (lol) du personnage : des primes colossales attribuées à ses salariés préférées, des vols de technologies, des mouvements suspects passant par les Îles Caymans ou encore la promesse faite à un ancien associé et accessoirement témoin de mariage de « l’agrafer contre un putain de mur et le brûler vif ».
Fort heureusement, tous les entrepreneurs ne ressemblent pas à ce type d’ordures. Pour découvrir des parcours d’entrepreneurs inspirants et autrement plus humains, découvrez notre podcast :
Le mea culpa de Vishal Garg
D’après le média The Guardian, Vishal Garg, le dirigeant de Better.com qui a viré tous ses employés sur Zoom, se serait excusé auprès de ses équipes, expliquant que son attitude n’aurait pas été respectueuse.
L’homme de 43 ans s’est exprimé, déclarant : « Je n’ai pas démontré assez de respect et de gratitude pour la contribution de ces employés. (…) Je vous ai embarrassés et je réalise que la manière avec laquelle je vous ai appris cette nouvelle a empiré une situation déjà difficile. Je suis sincèrement désolé et j’assure que j’apprendrais de cette expérience et que j’en ferais plus pour être le leader que vous voulez que je sois. » Il faut dire que les employés de Better.com n’ont pas été vraiment respectés avec cette procédure de licenciement. Certains précisent que le Zoom de Vishal Garg n’aurait duré que 3 minutes maximum.