Sortie le 3 mars 2017, la Nintendo Switch, notamment portée par la sortie de l’open-world Zelda, rencontrera un très grand succès. Cependant, la sortie de la suite directe de cette franchise pourrait bien marquer la fin de vie de la console. On t’explique tout.
Nintendo Switch : la console de tous les records
La Nintendo Switch, c’est la console de tous les records : elle a fait de Mario Kart 8 le jeu Nintendo le plus vendu de tous les temps, porte énormément de très gros succès (comme Animal Crossing) et seule la DS lui a connu une meilleure longévité. C’est donc la console next-gen la plus vendue. Et bon nombre des jeux à licence qui y ont été hébergés sont les plus fructueux de leur série (Super Smash Bros et ses 27 millions de ventes en est le meilleur exemple), portant le total à près d’un milliard de jeux écoulés.
Elle a également permis à Nintendo de vivre une période particulièrement faste, poussant à réellement parler de « phénomène Nintendo Switch ». Parce que, n’ayant pas de concurrents directs, Nintendo a pris ses aises et a proposé des services à des prix particulièrement élevés, sachant qu’ils ne seraient jamais challengés. C’est comme ça que la firme proposera un online longtemps catastrophique, avec un système de peer-to-peer payant (un système ne nécessitant pas de serveurs, qui est malgré tout inaccessible à moins d’avoir un abonnement) ou encore des simples remasters (des jeux de franchises à succès réédités sur la console), au prix de jeux triple A classiques. Mario Party, The Legend of Zelda : Skyward Sword, Super Mario 3D World ou New Super Mario Bros U en sont d’excellents exemples, sans que ça ne semble jamais entraver la réussite de l’entreprise. Tout au long de sa vie, la console a donc permis à Nintendo de proposer, par des projets divers, d’être la vitrine de toutes ses créations artistiques.
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Des ventes de jeux Switch en baisse
Sur son compte Twitter, le journaliste Oscar Lemaire publie chaque année un bilan financier de Nintendo, en regroupant des données chiffrées au travers de graphiques. Et si la console conserve un niveau de ventes extrêmement élevé, c’est surtout le début d’une première baisse qui est marquante, passant de 235 à 214 millions de jeux écoulés. Le journaliste décrit lui-même cette baisse comme « le début de la fin de vie de la Switch ».
En termes de jeux (Nintendo & tiers compris), il y en a eu 213,96 millions d’écoulés sur Switch lors de la dernière année, en baisse de 9%. Bien que légère, c’est la première baisse de son histoire, et c’est surtout ça qui marque le début de la fin de vie de la Switch. pic.twitter.com/LW15bd6l6e
— Oscar Lemaire (@oscarlemaire) May 9, 2023
Si cette baisse n’est pas forcément le signe d’une fin de vie et d’un désintérêt généralisé pour la console, elle envoie un signal assez fort, tout particulièrement aux studios et aux développeurs : est-il réellement judicieux de publier sur une console en perte de vitesse ? C’est le risque qu’encourt la console, car, comme on l’a vu, à de multiples reprises dans l’histoire, une console boudée par les développeurs n’ira jamais nulle part.
C’est donc un phénomène qui pourrait précipiter la chute de la console de Nintendo et donner envie aux développeurs d’attendre la prochaine machine pour y publier leurs jeux. D’autant que développer sur Switch n’est pas une mince affaire : les ambitions de portabilité et de praticité de la console empiétant inévitablement sur sa puissance, les jeux doivent être extrêmement optimisés et les développeurs ont donc une charge de travail particulièrement élevée quand ils démarrent un projet sur la Switch, en témoigne la date de sortie de Hogwarts Legacy sur la console qui a été maintes fois repoussée. Si le deal est acceptable quand les ventes sont bonnes, qu’en sera-t-il si la tendance s’intensifie sur les prochaines années ?
Comment succéder au phénomène Nintendo Switch ?
Le développement de la Nintendo Switch semble comparable à celui de la Wii en son temps : une console construite pour les casual gamers qui existe dans les salons en complément de consoles plus sérieuses. C’est comme ça que Nintendo s’est fait une place, en sortant de la guerre frontale des consoles et en vendant des appareils différents qui mettent en avant l’expérience au détriment des graphismes et des performances.
Si cette place évite à la firme de devoir assumer une confrontation directe avec les autres acteurs du milieu, elle n’est pas pour autant plus facile à assumer. Comment faire acheter à des publics casual une nouvelle console de jeux, alors que la Switch leur donne déjà une expérience particulièrement complète ?
C’est la réponse qu’ils ne sont pas parvenus à trouver en 2014, lors de la sortie de la Wii U : si l’avancée proposée par le gamepad et le concept de « gameplay asymétrique », visant à inclure les joueurs de tous niveaux, en fait une console intéressante et cohérente, la mauvaise communication a finalement eu raison de cette console. Nintendo doit donc créer un nouveau besoin, si l’entreprise souhaite continuer à vendre ses consoles.
Nintendo tributaire de sa Switch (et de Tears of the Kingdom)
Au vu de l’erreur colossale de la Wii U, tout porte à croire que Nintendo ne laissera pas la Switch se faire enterrer de cette manière et qu’ils ont tout intérêt à la défendre. Il faudra donc envoyer des signaux rassurants et il se pourrait que Tears of the Kingdom en soit le meilleur. En effet, outre témoigner le soutien de Nintendo à sa Switch, publier un tel projet sur la machine pourrait bien être un signal positif, relançant les ventes de jeux voire de consoles.
Car, depuis Breath of the Wild, la licence n’est plus tout à fait la même : à l’origine une série secondaire de Nintendo, dont les ventes n’arrivaient jamais à la cheville de la licence Mario, le jeu d’exploration s’est vendu à près de 31 millions d’exemplaires. Sans Breath of the Wild, la Switch ne serait pas un tel phénomène et le jeu comme la console se sont entretenus mutuellement.
Si il est quasiment impossible de reproduire un tel enchaînement d’événements, il se pourrait que Nintendo tente de réaliser à nouveau cet exploit. Faire revenir des casual gamers à la console, par un univers qu’ils ont déjà aimé parcourir et par une aventure qu’on leur propose de continuer, est certainement le meilleur moyen de la faire entrer à nouveau dans leur quotidien. Et donc relancer les ventes.
Évidemment, l’attente a pour l’instant porté très haut les ventes de Tears of the Kingdom, mais reste à voir si cette tendance se poursuit et surtout si l’aventure plait suffisamment au grand public pour lui faire ressortir cette console. Cette situation intervient paradoxalement alors que, sans rentrer dans l’analyse vidéoludique, la série doit retrouver ses repères et décider de quelle direction suivre, après qu’un chef d’oeuvre comme Breath of the Wild ait vu le jour : c’est donc un moment de rupture dans la série, qui déterminera de l’avenir de Nintendo à court et moyen terme.
