réouverture des frontières : le retour des étudiants internationaux
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Réouverture des frontières : le retour salvateur des étudiants internationaux

Aux prémices du confinement, alors que la crise du coronavirus battait son plein, plusieurs directeurs d’écoles de commerce faisaient parvenir leurs inquiétudes sur le sujet des étudiants internationaux. Cependant, si la situation semble s’améliorer avec la réouverture des frontières, plusieurs questions restent en suspens.

 

Les frontières sont progressivement en train de se rouvrir, bien que le situation demeure très inégale selon les pays. C’est un grand soulagement – qu’il faut néanmoins encore tempérer – pour les écoles de commerce françaises qui dépendent énormément des étudiants internationaux. En effet, l’accueil de cette communauté représente une manne financière importante.

 

Étudiants internationaux : un business très juteux

Prenons le cas d’ESCP Business School et de son Bachelor in Management. Pour les étudiants provenant d’un pays membre de l’Union Européenne ainsi que quelques autres, les frais de scolarité s’élèvent à 14 600€ par an, sans compter les éventuels surcoûts liés à l’enregistrement de son dossier, contre 20 700€ pour les étudiants provenant d’autres pays du monde. De même, l’International BBA de KEDGE est proposé à 9 500€ par an pour les bacheliers français contre 10 500€ pour les étrangers.

Côté PGE, les admissions parallèles internationales constituent également une source de rentrée d’argent importante. À l’ESSEC BS, quand un étudiant en AST français ou européen s’acquitte de 36 000€ pour sa formation, l’élève étranger déboursera 41 000€ pour les deux années du Programme Grande École. Il en est de même dans de nombreuses écoles de commerce françaises, comme ESCP BS qui, là encore, fait une différence entre les étudiants en Europe qui doivent payer 35 800€ pour deux ans et les non-Européens qui déboursent 43 000€.

Se priver de cette manne aurait constituer une perte financière colossale pour les écoles de commerce, tout en sachant que la part d’étudiants internationaux au sein des Programmes Grande École tourne souvent autour des 20 à 30%.

De l’autre côté de l’Atlantique, le problème est identique, d’autant plus que le nombre de malades aux États-Unis ne semble pas diminuer et que les frontières mettront probablement beaucoup de temps à être rouvertes. Il faut savoir que les étudiants chinois qui vont étudier là-bas rapportent à eux seuls près de 15 milliards de dollars en frais de scolarité.

 

Réouverture des frontières : un retour frileux des étudiants internationaux ?

Si l’Union européenne vient de rouvrir la frontière avec une quinzaine de pays, dont la Chine, le Canada et l’Australie, le Maroc ou l’Algérie, les échanges avec d’autres pays porteurs de nombreux étudiants internationaux sont toujours impossibles. De plus, à l’heure où nous rédigeons cet article, plusieurs pays recommencent à confiner leur population, c’est notamment le cas de l’Inde, l’Australie, de plusieurs cantons d’Allemagne et même de quelques régions chinoises, comme Pékin. Ces zones géographiques sont d’importants viviers d’étudiants pour les Grandes Écoles, que ce soit pour le PGE, mais aussi les MBA.

En outre, si les conditions logistiques sont réunies pour faciliter les déplacements entre certains pays, de nombreuses questions restent en suspens. En effet, le gouvernement a annoncé qu’il faciliterait l’obtention de visa de la part des étudiants étrangers. Cependant, cette décision dépend entièrement du rythme de travail des ambassades, mais également du nombre de demandes reçues dans les semaines à venir. Ainsi, rien ne garantit qu’un élève de Grande École en provenance d’un autre pays aura les documents nécessaires pour débuter ses cours en septembre.

Autre inconnue face à cette réouverture des frontières : le comportement des individus. En effet, après plusieurs semaines, voire plusieurs mois passés en confinement, personne ne peut prédire avec certitude si les étudiants étrangers auront toujours envie de quitter leur pays et de se déplacer dans d’autres zones plus touchées par la crise. L’Afrique est le continent d’origine de nombreux étudiants internationaux. Pourtant, ce territoire a été beaucoup moins touché que l’Europe et même la France. Ainsi, l’Hexagone reste-t-il assez attractif pour convaincre ceux qui viennent de pays qui ont su gérer la crise sanitaire ?

 

L’offensive des écoles de commerce en France

Outre la manne financière que représentent les étudiants internationaux, ces derniers sont prépondérant dans les critères de classement de référence. Nombre d’organismes prennent ainsi en compte le taux d’élèves étrangers comme critère d’évaluation des programmes et des écoles. C’est notamment le cas du Financial Times. L’an dernier, pour son classement des meilleurs Masters in Management (ou Programmes Grande École), ce critère pesait pour 5% de la note globale attribuée par le média anglais.

Pour éviter la fuite des étudiants internationaux, les écoles de commerce françaises ont pris les devants. Certaines ont annoncé des rentrées décalées, notamment pour les programmes MSc qui accueillent plus d’élèves étrangers, comme KEDGE BS qui étale le retour en classe d’octobre à janvier 2021. NEOMA BS a également fait le choix d’une rentrée décalée à octobre et à janvier 2021 pour les étudiants ne pouvant pas se rendre sur le campus plus tôt.

La crise a également rendu les écoles plus actives du côté du digital. Ainsi, après avoir déployé leurs cours en ligne pendant le confinement, elles proposent cette solution à tous les étudiants internationaux qui seront bloqués dans leur pays, en attendant de pouvoir se rendre physiquement à l’école. La majorité des business schools a développé la possibilité de passer rapidement du distanciel au présentiel (et inversement), de façon à s’adapter facilement en cas de reconfinement ou de fermeture des frontières.

À l’heure actuelle, le recrutement international des écoles françaises semble n’être que peu impacté, notamment au sein des établissements les plus réputés sur la scène internationale. Mais dans cet environnement très perturbé qui connait des évolutions importantes chaque jour, cette solution n’est-elle pas un juste un pansement appliqué à une hémorragie plus grave ? Est-ce suffisant des étudiants qui devront s’acquitter de l’intégralité des frais de scolarité, alors qu’ils ne profiteront pas de l’expérience étudiante ? Seront-ils tout de même tentés par les diplômes français ? Beaucoup d’incertitudes demeurent dans un environnement sanitaire et économique loin d’être stabilisé.

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