La lutte contre le chômage est au cœur des préoccupations de tous les chefs d’État et la France ne fait pas exception. Quel président a mené les meilleures réformes en matière de lutte contre le chômage ? Qui a œuvré le plus pour l’emploi ? Décryptage.
En matière de lutte contre le chômage, les différents présidents doivent jongler entre plusieurs paramètres qui sont parfois indépendants des dynamiques d’emploi nationales. Ainsi, comme tu le verras dans le graphique ci-dessous, les différentes crises du XXIe siècle ont eu un impact important sur l’emploi, malgré toutes les politiques mises en place. Pour bien comprendre comment les différents gouvernements ont pris en main ce sujet, il faut aussi garder en tête que des éléments extérieurs peuvent influencer l’économie internationale, nationale et donc les emplois.
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Taux de chômage entre 1975 et 2023 : les grandes tendances
Avant de consulter ce graphique, nous te proposons quelques éléments de compréhension. Tout d’abord, les données proviennent de l’INSEE et évoquent les chiffres du chômage dans toute la France (hors Mayotte). Les données de ce graphique se basent sur les chômeurs tels que définis par le BIT (bureau international du travail). L’INSEE définit ces chiffres comme suit : « un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions :
- être sans emploi durant une semaine donnée
- être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines
- avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. »
Concernant le deuxième graphique, tu retrouveras le nombre de chômeurs par année entre 1975 et 2022 en France (hors Mayotte). Là encore, il s’agit de chômeurs tels que définis par le BIT et les données sont également issues de l’INSEE.
Les grandes crises économiques au cœur des chiffres du chômage
Le premier élément que l’on peut constater de ce graphique c’est l’impact des crises économiques mondiales sur l’emploi en France. Dans une économie principalement mondialisée, ce n’est pas étonnant. Nous allons donc revenir rapidement sur les principales crises qui ont frappé le monde sur la période analysée.
Les chocs pétroliers (années 70)
Durant les années 70, le monde a vécu deux chocs pétroliers qui ont eu un impact énorme sur l’économie mondiale. Le premier choc (1973-1974) survient lorsqu’OAPEP augmente drastiquement les prix du pétrole, en réaction à l’appui occidental pour Israël durant la Guerre du Kippour. Cela provoque une inflation et un ralentissement économique. Le deuxième choc (1979-1980) est déclenché par la révolution iranienne, réduisant l’offre pétrolière et faisant flamber les prix. Cela aggrave l’inflation et provoque des récessions.
Concrètement, ces chocs pétroliers ont eu un impact sur le pouvoir d’achat, l’économie mondiale et donc l’emploi. En France, le second graphique évoque d’ailleurs une hausse du nombre de chômeurs dans les années 70 en réponse à ces deux crises. Le lien de cause à effet entre la crise pétrolière et l’emploi en France provient de plusieurs facteurs : hausse du coût de production et de transport (le pétrole étant présent dans de nombreux produits comme le plastique), impact sur l’industrie automobile, déclin des Bourses mondiales…
Éclatement de la bulle internet (années 2000)
L’éclatement de la bulle internet est aussi à l’origine d’une forte crise de l’emploi. Cet événement s’est déroulé en parallèle des attentats du 11 septembre 2001 qui ont également provoqué un coup d’arrêt de l’économie occidentale pendant plusieurs jours.
Concrètement, l’éclatement de la bulle internet est dû à la survalorisation des entreprises technologiques, un phénomène que l’on a pu retrouver récemment avec les startups du monde entier. Lorsqu’elle a éclaté, la bulle internet a provoqué la faillite de nombreuses entreprises quand les survivantes ont dû réduire leurs effectifs.
Les secteurs liés à la technologie ont été particulièrement touchés, mais les répercussions se sont étendues à toute l’économie, affectant également d’autres secteurs. Les pertes d’emplois et la réduction des investissements dans les nouvelles technologies ont contribué à un ralentissement économique, ce qui a, à son tour, exacerbé les problèmes d’emploi. Les politiques gouvernementales de l’époque ont cherché à atténuer ces impacts, mais la reprise a été lente.
Crise des subprimes et bancaire (2007-2008)
Entre 2007 et 2008, deux crises frappent les États-Unis et le monde : la crise des subprimes puis la crise bancaire. La crise des subprimes de 2007 a débuté avec l’effondrement du marché des prêts à risque, accéléré par des pratiques de prêt irresponsables (les Américains et leur fameux Credit Score). Les banques avaient accordé des prêts à des emprunteurs insolvables, les regroupant ensuite en produits financiers complexes vendus à des investisseurs. Lorsque les taux d’intérêt ont augmenté et que les emprunteurs ont commencé à faire défaut, la valeur de ces produits a chuté, provoquant des pertes massives pour les institutions financières. Cela a déclenché une méfiance généralisée, restreignant le crédit et semant les graines de la crise financière mondiale de 2008.
En 2008, se déclenche alors une crise bancaire, souvent vue comme une suite de la crise des subprimes. Avec l’effondrement de grandes institutions comme Lehman Brothers, la méfiance s’est intensifiée, provoquant un resserrement du crédit et une aversion mondiale pour le risque. Les gouvernements ont dû intervenir pour stabiliser le système, souvent en nationalisant les banques ou en fournissant des renflouements. Les répercussions ont été globales, avec une récession économique profonde, une augmentation du chômage. Finalement, un changement dans la réglementation financière a été opéré afin de prévenir des crises futures.
COVID-19 (2020-2021)
Sans surprise, le COVID-19 a eu des effets dévastateurs sur l’emploi. Avec le confinement, beaucoup d’entreprises étaient à l’arrêt total. Les premières semaines de balbutiement ont conduit à la mise en place de règles strictes mettant un terme à tous les chantiers et obligeant de nombreuses usines à fermer. Malgré les aides de l’État, certaines entreprises ont été contraintes de se séparer d’une bonne partie de leurs effectifs.
Parmi les secteurs les plus touchés, on retrouve en premier l’hôtellerie-restauration. Avec la fermeture des restaurants et la mise à l’arrêt du tourisme mondial, les acteurs de cette branche ne pouvaient pas se permettre de garder leurs effectifs. Les secteurs de la culture et de l’événementiel ont également été fortement touchés, tout comme l’industrie aéronautique.
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Les grandes politiques d’emploi des présidents de 1975 à nos jours
Si ces événements impactent négativement le taux de chômage en France, les politiques en matière d’emploi déployées tout au long de leur mandat permettent de réduire le nombre de chômeurs. Premier élément important à bien garder en tête : les nouvelles réglementations et mesures visant à favoriser l’emploi prennent du temps à être appliquées. Ainsi, les effets peuvent être observés sur le long court et certaines décisions politiques peuvent améliorer le taux de chômage parfois plusieurs mois après le départ d’un président de la République.
Disclaimer : il convient de noter que nous ne pouvons pas revenir sur l’intégralité des chantiers menés en matière d’emploi. Pour cet article, nous avons décidé d’évoquer les grands projets réalisés par les présidents de la République sur la période étudiée.
Valéry Giscard d’Estaing, le chômage et l’inflation
Comme tu peux le voir, durant les années 70, l’instabilité due à la guerre froide et aux chocs pétroliers fait grimper le chômage en flèche et de manière continue presque jusqu’à la fin des années 80. Valéry Giscard d’Estaing s’était saisi du sujet comme de nombreux présidents avant et après lui.
Parmi les mesures mises en place sous VGE, on retrouve les allègements des charges pour les entreprises qui recrutent, ainsi que des mesures spécifiques pour lutter contre le chômage des jeunes. Aujourd’hui, les 15-24 ans sont ceux qui font le plus face au chômage. On retrouve notamment l’abaissement de la majorité avec la possibilité d’accéder plus tôt à l’emploi ou encore le Pacte National pour l’Emploi des Jeunes.
Un article du Monde de 1979 détaille quelques mesures du PNEJ parmi lesquelles on peut trouver l’exonération de charges sociales pendant un pour toute embauche, le développement de contrats emploi-formation, une prime à l’embauche pour un premier salarié dans l’artisanat…
Malgré toutes les politiques déployées pour favoriser l’emploi des jeunes, Valéry Giscard d’Estaing et ses Premiers ministres n’arriveront pas à faire face à la vague de chômage qui envahit l’économie française. En effet, la hausse des prix de production, des matières premières et des transports, pousse les entreprises à rationaliser les coûts et cela passe par des suppressions d’emploi.
François Mitterrand : des mandats marqués par les crises
Au début de son mandat, François Mitterrand va lancer un grand plan ambitieux visant à réduire le nombre de chômeurs en France. Cela se traduit par la création d’emplois publics, la réduction du temps de travail instaurant la semaine de 39 heures en 1982, des allégements fiscaux pour les entreprises qui embauchent des personnes de plus de 50 ans…
Ainsi observe donc une légère accalmie entre 1987 et 1990. Cependant, à la fin des 80, c’est le début de la fin pour l’URSS qui va éclater en 1991. Cet événement va à nouveau provoquer une flambée du coût des matières premières et donc pousser les entreprises à repenser leurs dépenses.
En parallèle naît une nouvelle crise : la crise du SME – ou système monétaire européen – qui s’est déroulée de 1992 à 1993. Le SME devait permettre de stabiliser les monnaies en fixant des taux de change. Néanmoins, ce système a été mis à rude épreuve lors de spéculations massives contre les monnaies faibles comme la livre sterling et la lire italienne. Les gouvernements ont dû dépenser des réserves considérables pour défendre leurs monnaies, souvent en vain. La crise a conduit à l’élargissement des bandes de fluctuation, offrant plus de flexibilité aux taux de change. Elle a aussi accentué le débat sur l’intégration monétaire, pavant la voie à l’adoption de l’euro.
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Jacques Chirac et la baisse du taux de chômage
L’un des éléments que l’on peut noter sous les deux mandats de Jacques Chirac, c’est la baisse significative du taux de chômage, malgré deux crises majeures : l’éclatement de la bulle internet et le 11 septembre. Par ailleurs, plusieurs crises économiques ont explosé dans d’autres pays du monde, mais ce phénomène semble avoir été contenu.
Jacques Chirac a pris à bras le corps le sujet de l’emploi avec une mobilisation nationale contre le chômage qui a réuni les grands partenaires sociaux. Le gouvernement de l’époque a mis l’accent sur la formation professionnelle, la prévention des licenciements et plans sociaux ou encore la réduction des charges aux entreprises. En outre, l’une des grandes mesures est l’accès à la formation pour ceux qui sont sortis du système scolaire. Comme le rapporte un article des Échos de 2004, le président avait indiqué que « aucun jeune ne doit être laissé sans solution ou sans accompagnement ».
Parmi les grandes mesures pour l’emploi des jeunes, on retrouve le développement du stage et de l’apprentissage, d’excellents dispositifs pour favoriser l’employabilité des diplômés, la fin du service militaire, permettant aux jeunes d’arriver plus rapidement sur le marché de l’emploi ou de poursuivre leurs études ou encore la simplification des démarches pour la mobilité professionnelle à l’étranger.
Nicolas Sarkozy face à la crise des subprimes
Le mandat de Nicolas Sarkozy a fortement été marqué par la crise des subprimes qui a impacté les emplois dès son arrivée au pouvoir et les mois qui ont suivi. Il s’agit d’ailleurs la plus grosse crise de l’emploi du XXIe siècle jusqu’à présent et les effets se sont fait ressentir jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron. Nicolas Sarkozy ne parviendra pas à endiguer ce fléau et le taux de chômage ne fera que grimper sous son mandat. Pourtant, sa promesse de campagne était de ramener ce taux à 5%.
Malgré la crise, Nicolas Sarkozy a mené une politique d’emploi bien moins ambitieuse que son prédécesseur. Ses ambitions affichaient était de stimuler l’emploi avec le recul de l’âge de la retraite, une mesure serpent de mer qui ne sera déployée qu’en 2024 sous le mandat d’Emmanuel Macron. Afin de conserver un maximum d’emplois en France et éviter les délocalisations, Nicolas Sarkozy a toutefois proposé un système visant à rediriger les subventions aux entreprises et industries qui promettent un maintien de l’emploi.
François Hollande et les affres de la crise
Alors que la crise des subprimes continuait à faire rage et à faire grimper le taux de chômage, François Hollande arrive au pouvoir en 2012. Son mandat est marqué par ce fameux temps long que nous évoquions plus tôt. Son cheval de bataille ? La formation !
En effet, durant son mandat, François Hollande a cherché à former davantage de chômeurs en leur donnant les clés pour exercer les métiers d’avenir, des professions majoritairement tournées vers le développement durable et les technologies. Toutefois, son bilan, jugé décevant malgré une baisse du taux de chômage en fin de mandat, est marqué par un nombre important de salariés rémunérés au SMIC. Il est également important de noter que le taux d’emploi chez les jeunes n’a que peu baissé sur la même période. Cette partie de son bilan aura son importance durant les différents mandats d’Emmanuel Macron.
François Hollande a également déployé d’autres dispositifs comme le Contrat de Génération, une initiative qui propose des avantages fiscaux aux entreprises qui embauchent des jeunes sans remplacer les collaborateurs dépassant les 50 ans. Le CICE, Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, avait pour objectif de favoriser l’embauche de collaborateurs en réduisant les charges des entreprises.
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Emmanuel Macron, la chute du chômage et le COVID
Lorsqu’Emmanuel Macron arrive au pouvoir, les premiers effets des décisions des différents gouvernements de François Hollande se font sentir. Il bénéficie d’un contexte d’emploi favorable, avec une baisse continue du taux de chômage. Cependant, ce boost de l’emploi s’accompagne d’une crise du pouvoir d’achat qui provoque plusieurs conflits sociaux, la crise des gilets jaunes étant l’apogée de cette contestation.
L’un des grands combats d’Emmanuel Macron est celui de l’entrepreneuriat. En effet, en misant sur les startups, il souhaite participer à la création d’emplois, mais aussi imposer la France comme terre d’innovation, poussant ainsi les investisseurs du monde entier à venir placer leur argent au service de l’économie française.
Parmi les autres mesures phares d’Emmanuel Macron, on retrouve la réforme de l’assurance-chômage, la réforme du Code du Travail ou encore celle des lycées professionnels. La réforme de l’assurance-chômage a conduit au durcissement des règles pour accéder aux indemnisations, dans le but de pousser les personnes au chômage à rechercher activement un nouvel emploi.
La nouvelle mesure d’Emmanuel Macron est la création de France Travail, l’entité qui remplacera Pôle Emploi au 1er janvier 2024. France Travail vise à faciliter la recherche de nouveaux talents pour les entreprises, mais aussi l’emploi des seniors, qui sont pourtant la population la moins touchée par le chômage.
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Quel président a mené la meilleure politique de lutte contre le chômage ?
Comme tu peux le voir, tous les présidents de la République ont tenté à leur manière de juguler les crises et d’agir en faveur de l’emploi. On peut noter la politique ambitieuse de Jacques Chirac qui a eu un effet positif sur le nombre de chômeurs en France. Les deux quinquennats d’Emmanuel Macron semblent être également marqués par une baisse importante du taux de chômage.
Cependant, la politique en matière d’emploi d’un président n’a pas que pour effet de réduire le chômage et d’autres paramètres sont à prendre en compte. Comme nous avons pu l’observer, la baisse du nombre de chômeurs ne résout pas les problématiques liées au pouvoir d’achat, un sujet d’actualité alors que les ménages français sont impactés par l’inflation. En matière d’emploi, la lutte contre le chômage n’est qu’une petite partie du problème qui doit être abordé dans son ensemble. Ramener les gens vers des métiers précaires et mal rémunérés n’est qu’occulter une partie du problème. Le taux de chômage baisse, mais le niveau de vie des Français n’en est pas forcément amélioré.
Des ménages au pouvoir d’achat moins élevé sont des ménages qui dépensent moins et ne réinvestissent pas dans l’économie nationale, provoquant parfois des crises, comme c’est le cas dans l’immobilier actuellement. La question des salaires et du pouvoir d’achat doit également être au centre des politiques d’emploi et de lutte contre le chômage afin de booster l’économie dans son ensemble.
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