L’alternance est au cœur des dispositifs qui favorisent l’égalité des chances et l’accès à l’emploi pour les jeunes étudiants en école de management et ailleurs. Une enquête inédite de la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises de Management (CDEFM), menée auprès de 7 445 étudiants issus de 27 écoles, met en lumière l’impact décisif de ce dispositif. Dans un contexte où les inégalités sociales restent prégnantes, l’alternance s’impose comme la solution, aussi bien pour permettre l’accès à des études coûteuses que pour garantir une insertion rapide sur le marché du travail.
L’alternance est bien plus qu’un simple mécanisme de formation. Selon l’enquête de la CDEFM, 64 % des étudiants considèrent que l’absence d’alternance les aurait empêchés de poursuivre leurs études. 76 % des étudiants qui n’auraient pas choisi leur formation sans ce dispositif citent l’impossibilité de financer leur parcours comme la principale raison. Près d’un étudiant sur deux affirme qu’il n’aurait pas pu financer ses études sans l’apport financier de l’alternance. Ce constat se double d’une évidence sociale : 27 % des alternants interrogés étaient boursiers avant leur formation. De plus, 73 % des étudiants avaient recours à des activités salariées avant de signer un contrat d’alternance. Il apparaît, sans le moindre doute, que ce modèle permet à des jeunes issus de milieux modestes d’accéder à des formations élitistes, qui seraient autrement hors de portée financière.
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Un tremplin vers l’emploi menacé
L’alternance joue un rôle essentiel dans l’insertion professionnelle des jeunes, en leur offrant une expérience pratique tout en consolidant leurs compétences académiques. Selon l’enquête de la CDEFM, 99 % des alternants considèrent que cette expérience facilite leur accès à l’emploi. Parmi les étudiants en fin de parcours, près d’un tiers (32 %) ont déjà reçu une offre d’embauche de leur employeur.
Mais la situation pourrait évoluer défavorablement. Les récentes décisions budgétaires du gouvernement, notamment la réduction de la prime à l’embauche, divisée par trois pour les grandes entreprises, posent un risque pour l’insertion des jeunes diplômés. Bien que l’alternance permette de résoudre une partie des problématiques liées aux inégalités sociales et à l’insertion, la baisse des aides pourrait dissuader certains employeurs de recruter des alternants.
En outre, avant d’envisager cette réduction des coûts, le gouvernement avait positionné l’alternance comme l’un pilier du plan de relance post-Covid. Les milliards injectés ont crée un appel d’air au sein du paysage éducatif français. Le dispositif fut tellement avantageux, 20 milliards accordés chaque année par l’État sous forme d’aides exceptionnelles et d’exonérations fiscales, que certaines écoles peu scrupuleuses, souvent non reconnues officiellement, ont basé leur modèle économique sur l’alternance en exploitant ces aides financières. Selon les chiffres d’Eurostat publiés le 7 janvier, et récemment commentés par Challenges, le chômage des jeunes en France a atteint 20,5 %, touchant près de 700 000 personnes de moins de 25 ans à la fin de 2024. Dans ce contexte, l’alternance apparaît comme un rempart contre une crise sociale plus large. Pourtant, la réduction des aides pourrait amplifier la problématique nationale, laissant davantage de jeunes sur le carreau. Car l’alternance, qui concilie formation et expérience professionnelle, reste une solution concrète et efficace pour répondre aux enjeux économiques et sociaux actuels.
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