La rentrée est le temps fort de tous les étudiants qui intègrent une école de commerce. À l’EDHEC ce dispositif tourne autour de trois piliers : l’intégration, le développement durable et, depuis plusieurs années, la lutte contre les VSS.
« À l’EDHEC, l’objectif de la rentrée est d’amener les étudiants à se sentir intégrés, entourés, de se connaître et de revenir sur la raison d’être des écoles de commerce ». C’est ainsi qu’Hager Jemel, directrice de l’année pré-master du PGE de l’EDHEC et de la chaire Diversité et Inclusion, définit le dispositif mis en place pour la rentrée des primo-entrants.
C’est d’autant plus crucial de réussir cette intégration que les étudiants issus de classes préparatoires ou d’universités ne sont pas préparés aux méthodes utilisées en école de commerce. « La rentrée assure la transition avec la prépa et nous montrons comment nous travaillons, avec l’approche concrète au travers de cas d’entreprises, mais aussi comment gérer les conflits, travailler vite, réagir, tout en respectant les idées des autres. »
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L’inclusion comme moteur de la rentrée à l’EDHEC
Le premier objectif de la rentrée de l’EDHEC est vraiment de permettre aux étudiants de les inclure dans l’école. Hager Jemel insiste beaucoup sur la présence des directeurs de programme et professeurs afin de permettre aux étudiants d’échanger de manière informelle avec eux et de montrer qu’ils sont présents pour eux. Cette inclusion passe aussi par la présence d’étudiants de M1, de M2 ainsi que des alumni de l’EDHEC qui restent très impliqués dans ce dispositif.
Pour Hager Jemel, si la rentrée est dense et très rythmée, c’est aussi et surtout « le moment de passer beaucoup de messages forts ». C’est pourquoi la business school s’attache à dédier des temps forts à des sujets de société comme la lutte contre les VSS (violences sexistes et sexuelles) ou le climat.
En ce qui concerne le développement durable, les étudiants bénéficient ainsi d’une demi-journée dédiée où ils planchent sur une fresque du climat, première brique d’un cours qui marquera leur première année : Limite planétaire et modèle économique durable.
L’inclusion passe également par un Innovation Sprint, un dispositif de rentrée qui s’étale sur un mois. Ce dernier sensibilise les étudiants à la collaboration entre pairs sur le long cours et aux nouvelles méthodes de travail. Les étudiants travaillent pendant 12 heures sur une problématique concrète d’entreprise. Cette année, ils se sont penchés sur des cas d’associations en lien avec le développement durable. Après une phase d’observation et un premier pitch de trois minutes, les étudiants se réunissent régulièrement pendant un mois pour prototyper leur solution et apprendre à le vendre. Ils doivent réaliser une présentation vidéo notée qui permet d’élire le meilleur projet pour chaque association.
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La lutte contre les VSS au cœur de la rentrée EDHEC
Le grand dispositif différenciant de la rentrée de l’EDHEC, c’est la journée dédiée à la lutte contre les VSS. Dès 10h, les étudiants bénéficient d’une conférence qui porte sur les principaux facteurs des VSS, mais aussi des violences raciales. L’objectif est de faire comprendre aux étudiants l’origine des mécanismes et phénomènes qui se produisent dans le cas des VSS.
L’après-midi, les élèves de l’EDHEC se réunissent par petits groupes autour d’un dispositif à base de carte. Cet atelier les sensibilise aux différentes formes que prennent les VSS, comment les reconnaître et agir en tant que témoin. Si l’EDHEC a choisi d’en parler, c’est parce que l’école reconnaît l’importance de l’éducation autour des VSS, tout en reconnaissant que cette pédagogie n’est que très peu réalisée tout au long du cursus.
Comment aborder ce sujet complexe et sensibiliser les étudiants ? « Nous parlons de manière factuelle, en évoquant les statistiques. La porte d’entrée se fait en évoquant les faits et les chiffres autour des VSS. Un fait qu’il faut rappeler et qui est important, c’est que la loi interdit tous ces actes et on rappelle les peines encourues pour les différentes VSS. »
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Aborder les VSS sous forme de jeu
Le jeu peut être une porte d’entrée pour parler de sujets aussi complexes que les violences sexistes et sexuelles. En adoptant un format low Tech ou le format en ligne, l’EDHEC évite une distanciation que certains pourraient créer avec un sujet important.
Ainsi, l’atelier de l’EDHEC sur la lutte contre les VSS débute avec un set de cartes jaunes qui familiarise les étudiants aux différentes VSS. Celles-ci décrivent un fait que les élèves de l’école doivent ensuite catégoriser en fonction des divers types de violences : remarque sexiste, agressions… L’idée est d’ouvrir le débat. Au deuxième round, des mises en situation permettent de creuser le sujet avec les étudiants et d’ouvrir à des sujets plus difficiles à aborder comme le viol. « C’est l’occasion d’expliquer des sujets comme le harcèlement, qui n’est pas toujours un acte répété, ou le consentement. Ils comprennent que le consentement doit être donné librement, de manière éclairée, il doit être spécifique et enthousiaste et peut être retiré à tout moment. »
À travers ces mises en situation, les étudiants sont sensibilisés aux définitions, aux statistiques et peuvent échanger librement. « Ce sujet est délicat et c’est important de l’aborder en présentiel, car certaines étudiantes et certains étudiants ont vécu ou entendu des choses qui les ont traumatisés. Cet atelier peut faire remonter certains souvenirs et c’est pour cela que nous sommes accompagnés de deux psychologues tout au long de la journée. »
Par ailleurs, les élèves repartent avec une carte qui reprend les numéros d’urgence et le lien d’une plateforme de signalement de l’EDHEC. Ils retrouvent également le numéro d’une plateforme d’urgence qui leur permet, par le statut d’étudiant au sein de l’école, d’être pris en charge en anglais ou en français, 24h/24, 7j/7. Ce dispositif créé par l’EDHEC devrait être ouvert à d’autres écoles et entreprises.
Que pensent les étudiants de la rentrée de l’EDHEC ?
Globalement, Hager Jemel explique que cette rentrée dense et très rythmée donne le ton, mais est très appréciée de la part des étudiants. Victoire, issue d’une prépa littéraire A/L, a intégré l’EDHEC cette année. Elle nous explique son ressenti face à ce dispositif de rentrée.
Pourquoi avoir rejoint l’EDHEC ?
J’ai passé les concours d’écoles de commerce, parce que je considérais que les études littéraires ne m’apportaient pas ce dont j’avais besoin. Je suis attirée par le monde du commerce, le management et j’aimerais travailler dans le marché de l’art.
Quel est ton regard sur cette rentrée à l’EDHEC ?
Le passage d’une classe de 50, en prépa, à une promotion de 700, peut être violent. On n’a pas les mêmes façons de penser ou d’interagir. Mais on a été bien encadrés, les séminaires qu’on a eus étaient passionnants. J’ai hâte de me pencher sur les associations pour avoir des points d’ancrage plus forts, car la rentrée est parfois compliquée. On change de ville, on doit s’habituer à une nouvelle vie, une nouvelle manière de travailler, avec de nouvelles matières…
Qu’as-tu pensé des dispositifs mis en place, notamment sur la lutte contre les VSS ?
La lutte contre les VSS est un sujet extrêmement important, surtout avec tous les scandales qu’il y a pu avoir. Certains pensent que c’est un moyen de se dédouaner, mais ce n’est vraiment pas le cas ! J’ai trouvé très bien le fait qu’on puisse en parler et l’EDHEC l’a fait de manière très instructive. C’est crucial de poser les bases avant que commencent les événements qui marquent la vie étudiante.
La conférence était très percutante, l’intervenante l’avait bien construite. C’était très nuancé et documenté. Il y a une vraie volonté d’avoir un impact sur les élèves et j’ai adoré. L’après-midi était plus interactive et nous permettait de réfléchir sur ces sujets-là. L’école avait mis à disposition des psychologues pour parler et c’était top. Quand on a des traumatismes liés aux VSS, on ne sait pas forcément vers qui se tourner.
Les VSS sont un sujet tabou et le fait qu’on ait un encadrement clair, c’était important. Ça a remis les pendules à l’heure, tout en insistant sur la déculpabilisation des victimes. Ce qui est rassurant, c’est qu’on se rend compte que nous pouvons aider. Rien que dire à une victime qu’on la croit, ça peut faire une énorme différence. Un autre détail important, c’est le fait de mettre en place des équipes mixtes. On peut voir les deux points de vue et les deux sensibilités. Cela permet aussi de nuancer. On a eu des moments de partage touchants.