C’est une première depuis plusieurs décennies, un DG a été élu pour un second mandat à la tête de l’EM Strasbourg. Herbert Castéran rempile donc pour cinq nouvelles années qui seront ses dernières en tant que DG. En effet, les statuts de la business school limitent à deux le nombre de mandats possibles pour un directeur. International, expérience étudiante… Nous nous sommes entretenus avec Herbert Castéran pour connaître ses projets pour l’établissement.
Quels sont vos projets pour l’EM Strasbourg ?
Ils sont nombreux. Pour l’instant, nous sommes en pleine redéfinition d’un plan stratégique qui sera formalisé par un contrat d’objectifs et de moyens fixé avec l’Université de Strasbourg. Cependant, nous avons défini trois grandes priorités.
Quelles sont vos priorités pour l’EM Strasbourg ?
La première priorité est de renforcer le rôle de l’EM Strasbourg comme lieu de confluence entre les mondes académiques et professionnels. Ma conviction profonde est de pouvoir révéler les talents dans l’école et les entreprises avec un regard extérieur et académique à la pointe dans le secteur étudié.
La deuxième priorité est liée à la recherche. Nous avons fait d’importants progrès qualitatifs et nous avons presque doublé le nombre et le niveau des publications à l’international. Nous voulons maintenant accroître le nombre de publications de chaque enseignant-chercheur.
Enfin, la troisième priorité est d’être une école de management européenne. Quand on pense management européen, on doit penser à l’EM Strasbourg. Cela suppose de renforcer nos alliances internationales et d’afficher nos ambitions européennes via une implantation bi-site à Strasbourg et en Allemagne.
Comment souhaitez-vous atteindre ces objectifs ?
Pour satisfaire ces ambitions, nous souhaitons nous appuyer sur quatre moyens :
– L’ouverture et les échanges, en développant l’hybridation avec des partenaires. Le DU leadership, méditation et neurosciences, conçu avec la faculté de médecine de Strasbourg, ou le MS DEVOOS, proposé avec l’ECAM Strasbourg-Europe. Cela passe aussi par la dimension internationale qui se matérialise déjà par notre bachelor trilingue développé avec HEC Liège et l’Université Hohenheim. Ainsi, nous souhaitons la renforcer en recrutant davantage d’étudiants et d’enseignants-chercheurs étrangers.
– L’expérience étudiante, en maintenant notre engagement : celui de ne pas dépasser la limite de 4 000 étudiants. C’est une obligation pour rester sur des promotions à taille humaine qui permettent d’avoir des interactions personnalisées avec chacun de nos élèves. Nous souhaitons également renforcer la dimension RSE et poursuivre notre démarche d’ouverture sociale. Notre objectif ? Qu’aucun étudiant n’ait une forme d’autocensure dans ses études qui soit liée à son origine ou à son statut social.
– L’accompagnement des enseignants-chercheurs, pour leur donner les moyens de produire une recherche d’excellence. Nous souhaitons poursuivre l’effort en matière d’embauche de nouveaux enseignants-chercheurs, ce qui permet un meilleur taux d’encadrement des étudiants et de libérer du temps pour la recherche. Durant mon premier mandat, nous avons connu une hausse nette de 30% du nombre d’enseignants-chercheurs. Nous comptons également améliorer les incitations à la recherche, monétaires ou non monétaires. Enfin, nous allons initier des échanges internationaux entre les professeurs d’autres universités qui viendront collaborer avec nous.
– La rétention des talents, en s’assurant que chaque personne est impliquée sur chacune des décisions qui la concernent. Nous voulons créer un leadership qui ne soit pas défini par une position hiérarchique, mais par une expertise.
Vous parliez de renforcer le rôle de hub entre le monde pro et académique, cela veut-il dire s’implanter à Paris ?
Nous avons des possibilités d’action sur Paris grâce à la maison de l’Alsace et nous n’avons pas besoin d’une implantation sur la capitale. Aujourd’hui, l’EM Strasbourg est à 1h40 de train de Paris. En outre, quand on prend en compte l’échelle européenne, Strasbourg est à proximité de grands centres de décisions et économiques européens.
Comment comptez-vous vous imposer comme une école européenne ?
Nous avons créé l’IFAM, l’Institut franco-allemand du management, qui permet de réaliser 5 ans d’études trilingues à l’EM Strasbourg et chez nos partenaires. Mais c’est la première pierre d’autres instituts possibles. Demain, nous pouvons imaginer un institut franco-espagnol sur le même principe.
Nous tentons aussi, avec l’EM Alger, de créer une passerelle avec le monde arabe. Nous avons développé des accords en ce sens avec Rennes SB et l’ESSCA à Casablanca.
Vous avez également évoqué l’international et une implantation bi-site. L’EM Strasbourg va-t-elle ouvrir son premier campus à l’étranger ?
Nous avons un projet, qui doit être validé par le conseil d’administration, qui est de créer une extension de l’EM Strasbourg dans la ville Kehl qui est limitrophe de Strasbourg, mais se situe en Allemagne. Ce campus pour accueillir et nous permettre de développer nos formations trilingues dans un environnement international.
Nous croyons aussi beaucoup au modèle d’alliances avec des leaders régionaux qui nous permettent de proposer des diplômes délocalisés de l’EM Strasbourg. C’est déjà ce que nous faisons avec l’EM Alger où nous envoyons des enseignants.
Le projet de l’un des candidats aux élections de l’EM Strasbourg était de sortir de l’université. Cela fait-il partie de vos plans ?
Au contraire, le modèle EM Strasbourg-Université est un modèle du futur dans lequel je crois beaucoup. À l’étranger, le modèle des Grandes Écoles français n’est pas connu, mais le modèle universitaire, lui, est reconnu. Cela nous permet de nouer de très beaux accords d’échanges et d’attirer de grands acteurs du monde entier. Cela nous permet aussi d’insuffler de l’hybridation dans nos programmes, à l’image de notre DU créé avec la faculté des sciences. Enfin, l’exigence universitaire nous conduit à avoir des frais de scolarité raisonnables.