Renforcement de la recherche, ouverture d’un campus en Allemagne… Herbert Castéran a présenté ses projets pour l’EM Strasbourg, pour les cinq années à venir. Il est également revenu sur son précédent mandat et a dressé le bilan des projets passés.
Ce jeudi 2 décembre, Herbert Castéran, directeur général fraîchement renouvelé à la tête de l’EM Strasbourg pour un nouveau mandat de cinq années, a profité d’une conférence de presse pour faire le bilan de son mandat et esquisser les perspectives de l’école pour les années à venir.
En effet, après avoir été maintenu comme directeur général, il a pu observer le fruit de ses différents projets menés entre 2016 et 2021. C’est avec ces solides bases que Herbert Castéran dévoile ses pistes pour 2022-2027.
2022-2027 : Les grands projets de l’EM Strasbourg pour les années à venir
La volonté première de Herbert Castéran est de renforcer l’unicité du modèle de l’EM Strasbourg “même si d’autres écoles risquent fort de nous emboîter le pas et de se rapprocher de leur IAE dans les années à venir”, prédit-il.
L’école a ainsi vocation à renforcer encore son ouverture culturelle et sociale, mais aussi disciplinaire par le biais de synergies avec d’autres établissements. C’est ainsi que Herbert Castéran devrait prendre la tête d’Alsace Tech d’ici un mois, un rassemblement de plusieurs écoles d’ingénieurs.
La croissance budgétaire doit se poursuivre afin d’augmenter encore l’attractivité de l’école : “il y a une corrélation claire entre le budget d’une école et son rang au classement SIGEM, nous nous devons de poursuivre notre croissance en ce sens”, explique Herbert Castéran. Pour ce faire, l’école compte renforcer ses liens avec les entreprises pour chercher de nouvelles sources de revenus.
L’école souhaite aussi renforcer son ancrage européen, notamment à travers l’ouverture d’un campus à Kehl dès la rentrée 2022. La recherche n’est pas en reste non plus, avec de nouveaux pôles d’expertise
Les objectifs affichés pour 2026 : 35 millions d’euros de budget, 4000 étudiants et un triplement des effectifs d’étudiants internationaux en recherche de diplôme. Pour autant, l’école souhaite conserver son identité “à taille humaine” et poursuivre ainsi une croissance raisonnée en termes d’effectifs. De fait, l’école va se positionner sur des classements qui ne valorisent pas les effets de massification, “puisque ce n’est pas le combat de notre école”, résume Herbert Castéran.
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L’école lance également un nouveau triple-diplôme Bachelor in international business avec HEC Liège et l’université Hohenneim dans ses nouveaux locaux situés en Allemagne. Le campus de Kehl accueillera également le Cross-border Management Institute (COMMIT). Il doit renforcer le développement de parcours transfrontaliers entre la France et l’Allemagne, à l’instar de deux spécialisations : Digital Business et Cross-Border Entrepreneurship.
L’Europe est au cœur de l’ADN de l’EM Strasbourg, en témoigne le réseau HERMES, créé en 1997 par l’école. Il compte désormais 28 institutions membres provenant de 16 pays différents. Il organise plusieurs séminaires par an sur des thématiques liées au management et projette de créer un parcours doctoral européen.
Enfin, l’école lance un International Advisory Board composé de représentants des partenaires historiques de l’école en Allemagne, Royaume-Uni, Australie, Philippines, Espagne, Irlande. La première réunion se tiendra dans les premiers jours de décembre 2021, avec pour objectif, à terme, de réfléchir aux enjeux stratégiques communs à ces écoles.
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Le bilan des années 2016-2021
La mission fondamentale de l’école est restée identique : former des managers compétents, responsables et agiles. L’idée sous-jacente est qu’un diplômé de l’EM Strasbourg doit maîtriser les fondamentaux du management, être conscient de son impact sur la société et être en mesure de s’adapter aux nouveaux enjeux du monde du travail tout au long de sa carrière. Sur ce dernier point, la recherche joue, selon Herbert Castéran, un rôle absolument prépondérant. Cette dernière a vocation à nourrir les réflexions des entreprises comme des étudiants. Tous ces enjeux se cristallisent autour du slogan de l’école : Be distinctive.
Le précédent mandat de Herbert Castéran a été marqué par plusieurs projets. L’école a d’abord travaillé sur son internationalisation : le corps professoral s’est grandement développé avec le recrutement de nombreux enseignants chercheurs étrangers. L’EM Strasbourg compte désormais 93 enseignants chercheurs en son sein, un chiffre en hausse de 33% en cinq ans. L’établissement a même déployé son propre processus de recrutement à l’étranger, sortant ainsi de Pass’World (affiliée à Passerelle).
L’innovation pédagogique, via des outils d’apprentissage innovants, faisait également partie des grands projets de Herbert Castéran, à l’instar de Cap Career, un dispositif d’accompagnement des étudiants dans la définition de leur projet professionnel. Ce sujet se poursuit d’ailleurs désormais au-delà de la diplomation via le programme “Alumni Career+”, qui vise à aider les diplômés à préciser leur projet professionnelle jusqu’à cinq ans après la sortie de l’école, dans un contexte de “crise de sens” de plus en plus prégnant parmi les diplômés des écoles de management. C’est ainsi qu’un tiers des diplômés font appel à ce service, sur des questions de comportement en entreprise comme sur des considérations relatives à la carrière.
Une croissance raisonnée
L’EM Strasbourg a toujours fait le choix de la croissance raisonnée. En cinq ans, l’école a observé une hausse de 12% du nombre d’étudiants pour 33% d’enseignants supplémentaires. Elle prône un accompagnement “premium” de ses étudiants, avec un taux d’un enseignant pour 27 étudiants en 2021 (contre 1 pour 37 en moyenne pour les écoles accréditées AACSB).
L’école a donc renforcé son identité et son positionnement pendant ce mandat : le budget de l’EM Strasbourg a, dans le même temps, cru de 42%. L’établissement est également entré, en 2019, au sein de la banque d’épreuves ECRICOME, un “pari gagnant, dans une banque d’épreuves plus homogène tant en termes de niveau que de valeurs, et avec une vraie volonté de consensus au sein de ce club” selon son directeur général, qui a vu le nombre de préparationnaires inscrits au concours bondir de 40%. Si l’école n’a pas rempli l’ensemble de ses places allouées en prépa en 2021, elle a en revanche su attirer davantage d’étudiants admis dans le top 11 qu’auparavant.
L’école a également obtenu ou renouvelé six accréditations en cinq ans, à chaque fois pour la durée maximale prévue par les différents organismes.
La RSE comme pilier de l’école
Si l’EM Strasbourg a été pionnière en la matière, comme en témoigne la création de la première Chaire RSE en France, dès 2008, elle pérennise aujourd’hui cet engagement au travers de nombreuses initiatives pédagogiques. À titre d’exemple, le projet pédagogique de première année, Entomovoria, interroge les étudiants sur le futur de la consommation au sein de nos sociétés.
Les atouts de l’EM Strasbourg
Herbert Castéran en a profité pour revenir sur ce qui fait la spécificité de l’école dans le paysage de l’enseignement supérieur français. En effet, l’établissement est né de la fusion, en 2007, entre l’IAE de Strasbourg et l’IERS, lui conférant un statut hybride unique : elle est à la fois membre de la conférence des IAE et des Grandes Écoles de management. Elle affiche également un modèle bien connu à l’international puisque l’EM Strasbourg est pleinement intégrée à l’Université de Strasbourg.
Fort de ses 3 400 étudiants et de ses 23 000 diplômés, l’école s’est aussi beaucoup internationalisée depuis une dizaine d’années. Au-delà de ses 1 400 étudiants étrangers, elle envoie quelque 600 étudiants chaque année dans plus de 230 universités partenaires Le cursus propose en effet une année obligatoire à l’étranger.
En termes d’accréditation, l’EM Strasbourg peut se targuer d’être distinguée par AACSB, AMBA et l’EMFD. Elle est aussi l’une des deux seules écoles de management françaises à avoir obtenu le label diversité, avec Montpellier Business School.
L’école revendique aussi être la deuxième école la plus “rentable” de France, derrière HEC, lorsqu’on met en parallèle les frais de scolarité pratiqués par l’école et les niveaux de rémunération à la sortie.
L’EM Strasbourg et les classes préparatoires
Dans un contexte de massification de l’enseignement supérieur (+20% en dix ans), un étudiant du supérieur sur cinq suit aujourd’hui un cursus en gestion, dans un secteur qui est surtout l’apanage des écoles privées. C’est ainsi que les effectifs globaux des écoles de commerce (reconnues par la CGE) en France ont augmenté de 80% depuis 2010.
En revanche, le ratio des étudiants en CPGE économique et commerciale par rapport aux étudiants en école de commerce s’est largement érodé. Il est passé de 1 pour 7 en 2015 à 1 sur 11 en 2021. Dans le même temps, la concentration des ces étudiants s’est accélérée du fait de la course à la taille initiée par les écoles du top 10 SIGEM.
Dans ce contexte délicat, Herbert Castéran prône une coopération en bonne intelligence entre les écoles, afin de conserver la pertinence de la filière et la diversité des écoles en post-prépa. “C’est une question éminemment importante, relative à la formation des élites managériales de notre pays” précise le DG de l’école strasbourgeoise.