Il y a quelques semaines, les étudiants de HEC Paris avaient écrit une lettre, se sentant concernés par l’intrusion dans la vie privée des outils d’examens à distance choisis par l’école. En effet, Proctorio, le logiciel utilisé pour surveiller les élèves, traque les yeux des étudiants et nécessitait de filmer l’intégralité de la pièce dans laquelle l’examen se déroule. Outre les outils mis en place par l’école, de très nombreux couacs sont venus perturber les partiels des élèves de HEC Paris cette semaine.
Vendredi 15 mai, les étudiants de HEC Paris reçoivent un mail détaillant les modalités d’examen. L’école utilisera Blackboard et les surveillera via Proctorio, mais également Theia. Pour cette plateforme, les étudiants seront surveillés via Zoom. Premier problème, les étudiants doivent donc disposer d’un ordinateur et d’une connexion internet suffisante pour pouvoir réaliser les enregistrements via Proctorio ou lancer Zoom et Theia en même temps.
Dans un contexte où les écoles de commerce ont refusé de faire les oraux par Skype, par souci d’équité, pour ne pas pénaliser ceux qui ne disposent pas d’une bonne connexion internet ou d’ordinateur, cette situation est assez cocasse. HEC Paris a tout de même le bon goût de préciser : « si votre connexion Wi-Fi n’est pas bonne, vous pouvez essayer de vous connecter via un câble Ethernet ou de partager votre connexion de téléphone portable. » On suppose que le surcoût dû à l’épuisement des gigaoctets sur les forfaits téléphoniques des étudiants ne sera pas pris en charge par l’école.
Examens à HEC Paris : des erreurs à répétition
La première grosse erreur commise par HEC Paris, preuve d’une préparation menée dans la précipitation, c’est que Theia est un logiciel qui oblige les étudiants à passer les examens en plein écran, sinon, ils sont considérés comme tricheurs. Malheureusement, la surveillance par Zoom envoie des notifications aux étudiants, notifications qui enlèvent le mode plein écran de Theia, signalant tous les élèves comme des tricheurs. Une erreur très grossière que l’école n’avait pas anticipée…
Autre problème facilement évitable rencontré par les étudiants chinois cette fois-ci : ceux-ci doivent utiliser des VPN pour composer, alors qu’ils sont bloqués par Proctorio. D’après nos dernières informations, ils auraient tenté de joindre l’administration depuis quelques jours, en vain.
Mais il ne s’agit pas là des seuls problèmes rencontrés par les étudiants. En effet, sur les différents groupes de promotions de HEC Paris, les élèves ont fait remonter de très nombreuses erreurs commises par l’administration, parmi lesquelles l’initiative du professeur qui fait rentrer les étudiants un par un sur Zoom pour vérifier leur identité sur la durée de l’examen, favorisant ceux qui entrent en premier et pénalisant ceux qui composent en dernier, provoquant la fameuse rupture d’égalité que les écoles de commerce cherchent pourtant à éviter.
Autres problèmes rencontrés par les étudiants :
- mauvais lien Zoom ;
- retard de plus d’une heure pour l’obtention d’un lien Zoom nécessaire pour passer l’examen, partiels sont coupés avant la fin du temps réglementaire, provoquant, au passage, un non-enregistrement des réponses des élèves ;
- surveillants qui parlent, etc.
Des partiels décalés de deux semaines pour des raisons légales
HEC Paris fait partie des meilleures écoles françaises et mondiales. L’excellence attendue des candidats lors de leur recrutement est donc également attendue de la part des étudiants lorsqu’ils passent leurs examens. Mais, si la crise a bien évidemment obligé les écoles à réadapter leurs méthodes d’évaluation, le mot d’ordre ici est clairement la désorganisation.
Nouveau fait de HEC Paris : des examens décalés de deux semaines pour non-respect de la législation en vigueur. En effet, les étudiants de l’école ont eu la surprise de recevoir un nouveau mail le 19 mai, indiquant : « Nous avons reçu des observations d’un certain nombre d’entre vous, nous faisant part du délai d’information légal de quinze jours pour prendre connaissance des modalités d’examen tel que mentionné dans l’ordonnance n°2020-351 du 27 mars 2020, article 2. Nous avons donc adapté le planning des examens afin de tenir compte de ce point. » De nombreuses entreprises ont donc été pénalisés, dans le mesure où nombre d’étudiants ont d’ores et déjà commencé leur période de stage.
Encore une fois, ces problèmes rencontrés posent question. L’écart entre la communication des écoles de commerce auprès de leurs cibles pendant le recrutement, mais également auprès des médias spécialisés et la réalité se creuse de jour en jour.
L’excellence, l’égalité des chances, mais également la volonté de développer des soft-skills plus que des connaissances techniques qui deviennent vite obsolètes et sont facilement trouvables sur internet sont des valeurs que les business schools mettent en avant, sans pour autant que cela se vérifie dans les faits, et auprès de leurs équipes.
Cette période serait donc l’occasion idéale pour ces écoles de remettre en question la qualité des services et des cours proposés aux étudiants. Tout comme un bon manager est censé donner l’exemple, les meilleures écoles ont encore beaucoup à faire pour constituer auprès de leurs étudiants les modèles de demain !