Ce jeudi 15 septembre 2022, Sylvie Retailleau a tenu la conférence de rentrée du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR). C’était l’occasion pour la ministre de faire sa première rentrée au sein de ce ministère et d’annoncer de nombreux chantiers concernant l’accès en licence, en master, mais aussi la vie étudiante.
Avant d’arriver au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau a exercé la fonction d’enseignant-chercheur pendant 30 ans. « Durant ces 30 années, je les ai vus changer et j’ai vu leurs attentes évoluer », explique-t-elle. C’est pourquoi la ministre de l’Enseignement supérieur a souhaité insister sur les conditions « d’égales réussites des étudiantes et étudiants » et sur la vie étudiante, surtout dans ce contexte économique complexe.
Lire aussi : Le parcours de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Retour sur les grands chantiers du précédent quinquennat
Pour mener à bien cette mission, Sylvie Retailleau va se baser sur le travail déjà effectué par sa prédécesseuse, Frédérique Vidal. Parmi les premiers chantiers menés : la plateforme d’orientation Parcoursup. Cette année, elle a subi de nouvelles évolutions pour accélérer la procédure afin de raccourcir le temps d’attente des étudiants. Sylvie Retailleau affirme que, grâce à Parcoursup, le taux de passage en 2e année est passé de 40% à 45% avec un taux de boursier passé de 20% à 25% en deux ans. En outre, la plateforme a permis l’ouverture de nouvelles formations et la suppression des barrières de mobilité.
Les places priorisées prévues dans la loi ORE ont porté leurs fruits, il y a plus de bacheliers technologies en IUT et plus de bacheliers professionnels en apprentissage. « Dire que Parcoursup fonctionne aujourd’hui ne signifie pas que la plateforme ne peut pas être améliorée. Nous entendons les retours, nous entendons le stress des familles (…). Nous allons continuer d’apporter des améliorations », affirme Sylvie Retailleau. Parmi les chantiers : renforcer l’orientation et les informations communiquées aux candidats sur les débouchés ou les modalités d’examen ; diminuer la période d’attente et donc le stress des candidats ; renforcer la compréhension des critères de choix des commissions de formation. Plus de détails seront communiqués sur ces évolutions au cours de l’année.
Autre chantier réussi, selon Sylvie Retailleau, la transformation des DUT en BUT. Créé en 2019, ce diplôme accueille sa deuxième fournée d’étudiants. Sa force ? Ce diplôme accueille largement les diplômés de bacheliers technologiques avec une approche par compétences. L’approche par blocs de compétences, en gardant en tête le besoin métier, permet de rendre mieux visible et lisible les formations et participe à l’amélioration de la professionnalisation et à l’insertion des étudiants.
La ministre de l’Enseignement supérieur a également évoqué la fin de PACES. Selon elle, la réforme visait à diversifier les profils tout en conservant l’exigence qui est attendue des candidats. Les capacités d’accueil en premier cycle pour 2022 représentent 16 900 places. Cela correspond à une augmentation de places de 13% en médecine, 9% en pharmacie et 1,9% en maïeutique. Le gouvernement a également augmenté le nombre de postes pour les soins critiques : médecine intensive, anesthésie-réanimation, médecine générale…
Lire aussi : Logement social étudiant : Se loger avec un budget limité
Le premier cycle du supérieur au cœur des préoccupations de Sylvie Retailleau
Sylvie Retailleau veut renforcer les égalités d’accès dans le supérieur et notamment dans le premier cycle. Pour cela, il faut former aux métiers de demain, tout en continuant à professionnaliser les études. Cela doit également s’appliquer à travers la formation tout au long de la vie, un dispositif qui devrait permettre de changer de métier et saisir de nouvelles opportunités. « Je souhaite renforcer l’accès au droit à la reprise d’études », explique Sylvie Retailleau. « Les études ne peuvent plus et ne doivent plus être exclusivement linéaires. » La formation continue devrait donc être renforcée.
Un accent sera mis sur la première année de licence, avec un effort d’orientation et la formation de passerelles entre les formations (licences, BUT, etc.). La mission du MESR : Former les étudiants du 21e siècle, des citoyens éclairés, à travers un modèle d’apprentissage qui doit apprendre à apprendre tout en assurant un socle de bases solides et une méthodologie de travail efficace. Cet axe sera pensé en lien fort avec le lycée.
Lire aussi : Avantages, aides, salaire, écoles… Tout savoir sur l’alternance
Sylvie Retailleau dévoile les contours de la plateforme dédiée à l’inscription au Master
Concernant le deuxième cycle, celui du master, une concertation sur la méthode d’accès a repris dès le mois de juillet. Aujourd’hui, Sylvie Retailleau annonce donc la mise en place pour 2023 d’une plateforme qui servira de guichet unique au dépôt de dossiers, à la consultation des réponses et dans laquelle les étudiants auront une visibilité sur le nombre de places.
Cette nouvelle plateforme d’accès en master pousse les établissements à la mise en place d’un calendrier de recrutement unique. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a donc dévoilé ses contours. Dès février 2023, les établissements commenceront à mettre en ligne leurs offres de formation. Les étudiants s’inscriront dès le mois de mars 2023. En 2022, il avait déjà été testé avec des effets positifs : une baisse de 33% des saisines du rectorat.
L’examen des candidatures ne sera pas effectué par la plateforme, mais relèvera exclusivement des commissions pédagogiques au sein des établissements. Son rôle consistera seulement à redistribuer les places laissées vacantes par des candidats ayant accepté d’autres propositions d’admission. Cet outil sera un facilitateur et une aide à la meilleure rencontre entre les étudiants et l’offre de formations en master. Un comité éthique et scientifique lui sera dédié pour veiller notamment au respect des principes juridiques et éthiques ainsi qu’aux procédures mises en place par les établissements pour les candidatures.
Outre la licence et le master, Sylvie Retailleau annonce le lancement de plusieurs chantiers concernant le doctorat, à commencer par une revalorisation de 30% de la rémunération des nouveaux contrats de doctorants MESR.
Métiers de demain, transition écologique… Les autres annonces du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Un appel à projets compétences et métiers d’avenir est actuellement mené. L’État mobilise 2 milliards d’euros dans le cadre du plan d’investissement France 2030 pour améliorer le diagnostic des besoins de nouveaux métiers et nouvelles compétences. Parmi les compétences identifiées comme cruciales pour l’avenir : la décarbonation des mobilités, l’alimentation durable et traçable, la cybersécurité…
Concernant la transition écologique, ce sujet sera au cœur des préoccupations du MESR. « Je souhaite que le MESR soit un acteur majeur et exemplaire de la transition écologique et énergétique. » Cela passera par la formation qui se doit de donner les clés de compréhension de ces enjeux à tous les étudiants, au début de leurs études. Dès la rentrée 2023, ces enseignements pourraient être proposés aux élèves qui intègrent le supérieur.
Si cette conférence avait pour but d’évoquer la vie étudiante, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a évoqué le statut des professeurs d’universités. Une réflexion sera menée sur l’exercice des métiers de l’enseignement et de la recherche, au sein des universités. « C’est probablement là un des axes les plus difficiles et les plus importants de la feuille de route », précise Sylvie Retailleau. Le ministère s’engage également sur l’accompagnement énergétique des établissements pour 2022 et 2023.
Prendre soin des étudiants
Sylvie Retailleau souhaite que la vie étudiante soit au cœur de la préoccupation des chantiers qui viennent d’être annoncés. Plusieurs initiatives ont déjà été dévoilées, comme l’extension du Pass’Sport aux boursiers, une aide exceptionnelle de rentrée, mais aussi la revalorisation des bourses. Autre mesure phare : le Ticket U à 1€ est maintenu. Cette mesure jusqu’à 100€ d’économies par mois pour les étudiants qui mangent au Resto U midi et soir. Concernant ce dispositif, un nouveau système d’attribution est mis en place. Il sera attribué d’office, puis le dossier de chaque étudiant sera étudié afin de pérenniser cette mesure pour les élèves.
Sylvie Retailleau le rappelle : ce sont des systèmes d’urgences qui n’empêcheront pas le développement de nouvelles initiatives. Elle précise qu’il est inadmissible qu’un étudiant voie sa bourse réduite, car ses parents gagnent quelques euros de plus. Deux nouveaux chantiers seront lancés : une concertation nationale sur la réforme des bourses, mais aussi un échange au niveau territorial sur la vie étudiante et la formation. Ils seront menés par l’ensemble des personnalités et parties prenantes de l’enseignement supérieur, à commencer par les représentants des étudiants.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche veut construire un nouveau modèle afin de lutter contre la précarité étudiante, tout en prenant en compte l’hétérogénéité des territoires et lieux d’études. Ces chantiers sur la vie étudiante concerneront le logement, la santé, la culture, le sport, etc. Un premier point d’étape sera effectué au premier trimestre 2023. Ces deux chantiers débuteront leurs travaux au mois d’octobre. Sylvie Retailleau le rappelle : « Les étudiants seront des parties prenantes essentielles. » La priorité forte sera mise sur les étudiants les plus précaires.
Enfin, Sylvie Retailleau insiste sur le fait qu’il faille faire de la pédagogie sur les aides existantes afin de permettre, à ceux qui en ont besoin, l’accès aux dispositifs d’accompagnement auxquels ils ont droit. Le MESR a donc mis en place un guide de rentrée qui comprend toutes les informations nécessaires aux étudiants sur des sujets aussi divers que le logement ou les bourses.
Lire aussi : Bourses étudiantes : L’État annonce une hausse et une série de mesures