Le géant de l’audit EY a été interdit de réaliser ce qui représente son cœur d’activité, l’audit de sociétés cotées en Bourse, pendant une durée de deux ans en Allemagne. Cette sanction a été prononcée dans le cadre de l’affaire Wirecard. Le géant, membre des Big Four, a été condamné pour faute professionnelle.
Wirecard était une FinTech allemande. Tout comme une banque classique, la startup proposait de nombreuses solutions à ses usagers, même si son cœur de métier restait les solutions de paiement en ligne. Près de 20 ans après sa création, Wirecard est rentrée à la Bourse allemande, le DAX, en 2018. Mais depuis quelques années déjà, des rumeurs d’irrégularités dans les comptes de la startup se font entendre.
Entre 2011 et 2018, l’audit des comptes de Wirecard était réalisé par la société EY, géant connu pour sa présence au sein des Big Four (avec PwC, KPMG et Deloitte). Lorsque le scandale éclate, en 2020, le cabinet d’audit est directement mis en cause puisque les irrégularités s’élèvent à 1,9 milliards de dollars, somme qui avait disparu, comme le rapporte Les Échos. La Financial Times révèle à l’époque qu’un des salariés de la firme avait prévenu ses dirigeants mais qu’EY n’avait pas écouté.
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EY condamnée dans le scandale Wirecard
Dans la foulée, les conséquences sont folles pour Wirecard qui perd sa notation par Moody’s et voit sa valeur plonger de 90%. Dans le même temps, EY est attaqué en justice par Schirp & Partner ainsi que par un collectif d’investisseurs indépendants. Le géant de l’audit perd même deux clients importants : Commerzbank et Deutsche Bank.
Le procès vient tout juste de se terminer et EY vient d’écoper d’une sanction record pour « faute professionnelle ». Le cabinet devra s’acquitter d’une amende de 500 000 euros et ne pourra plus exercer de mission d’audit pour une société cotée en Bourse, pendant deux ans. Cette sanction s’applique uniquement à l’Allemagne. Des amendes allant de 23 000 à 300 000 euros sont aussi infligées à plusieurs commissaires au compte.
Aujourd’hui, le cabinet EY en Allemagne a toutefois été repensé et un nouveau directeur a fait son arrivée. Cependant, le plus gros défi est à venir pour le géant de l’audit. Comme l’explique le journal Les Échos, Commerzbank, qui avait une créance de 200 millions auprès de Wirebank, a également attaqué le géant en justice. Cependant, il doit prouver que la faute des commissaires était intentionnelle. De leur côté, les dirigeants de Wirecard n’ont pas encore été jugé. La peine professionnelle d’EY doit, elle, être confirmée par un tribunal.