Daan Tech, la startup à l’origine du mini lave-vaisselle Bob, connaît une crise du management. Alors que son cofondateur et président, Damian Py, avait développé l’entreprise et l’avait amenée sur la voie de la rentabilité, les investisseurs souhaitent l’écarter de son poste.
Damian Py a cofondé Daan Tech avec son associé, Antoine Fichet – celui qui est à l’origine de l’idée de Bob, le mini lave-vaisselle que tu as peut-être vu dans Qui veut être mon associé ? sur M6, l’hiver dernier. Récemment, une voix s’est élevée parmi les investisseurs qui vont voter ce vendredi pour exclure Damian Py de son rôle de président. L’entrepreneur a donc décidé de communiquer auprès de plusieurs médias, dont Les Échos, pour tenter de changer les choses.
Les raisons du départ du président de Daan Tech
Que s’est-il passé ? Pourquoi souhaite-t-on te débarquer de ton entreprise ?
On me reproche plusieurs choses. La première est d’être trop médiatisé et cela déplaît aux investisseurs. Mon associé, Antoine, a eu l’idée de Bob en 2009 et il s’en sent dépossédé, peut-être à juste titre. Le second grief qu’on me reproche c’est ma vision de l’entreprise. Je portais une vision d’un nouvel acteur industriel français et les investisseurs souhaitent que je me concentre uniquement sur Bob. Ce n’est pas ce que je veux faire avec Daan Tech.
Le problème, c’est que j’engage ma crédibilité auprès des banques, des partenaires, des élus, pour obtenir des financements et je ne peux pas me porter caution pour suivre une feuille de route qui ne me correspond pas. Pour notre nouveau produit, j’avais trouvé 10 millions d’euros de financement non dilutif.
La première raison de mon éviction, c’est un conflit d’humeur. C’est avant tout un problème de personne.
Ont-ils la possibilité de te virer ?
Ils ont la possibilité de me virer. Et c’est quasiment acté, sauf s’il y a un changement de situation d’ici vendredi. Quatre personnes qui représentent 51% du capital qui sont contre moi. Ils peuvent donc prendre la décision qu’ils veulent. Quand tu es président d’une entreprise, tu es révocable sur simple décision des associés. Je ne serai donc plus président de Daan Tech et je pars sans indemnité.
Regrettes-tu d’avoir dilué ton capital en faisant entrer de nouveaux investisseurs ?
Complètement ! Mon conseil serait de bien réfléchir à la personne avec laquelle on s’associe. Depuis deux ans, on ne s’entend plus avec Antoine, car nous n’avons pas les mêmes visions, ambitions, façons de travailler. Ainsi, on ne peut plus fonctionner ensemble.
C’est une erreur de ma part. Ce que j’avais vu, c’était la complémentarité de compétences. J’étais plus doué sur la finance et l’électronique grâce à mes formations à ESCP et à CentraleSupélec. Il était plus doué sur la partie e-commerce. À l’époque, je ne m’étais pas rendu compte qu’un associé, c’est quelqu’un avec qui tu vas passer beaucoup de temps. Si c’est juste une association qui se base sur du professionnel, ça ne peut pas durer. Nos visions étaient trop différentes.
Quelle ta vision pour Daan Tech ?
Pour mes investisseurs, ce qui justifie mon départ, c’est que je considère que Bob n’est pas suffisant pour l’entreprise. Pour eux, Bob va devenir l’iPhone du lave-vaisselle. Je suis plus mitigé. C’est un bon produit de mass market, mais je ne pense pas qu’il puisse atteindre ce statut.
Ils me reprochent d’avoir bloqué du recrutement. Ils me reprochent également mon incapacité à déléguer, mais je n’ai reçu aucun CV sur les postes évoqués. Ce qu’ils avancent est faux et c’est notamment repris par Les Échos. La raison pour laquelle on se sépare, c’est qu’on ne s’entend plus. Cela fait un moment que l’entreprise est scindée en deux.
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Les projets de Damian Py après Daan Tech
Comptes-tu rester en tant qu’actionnaire ?
Je vais vraisemblablement me séparer de mes parts et réinvestir dans un nouveau projet. Aujourd’hui, un fonds est prêt à mettre 3 millions en cash in et 3 millions en cash out. Cependant, les actionnaires minoritaires ne veulent pas que je vende mes parts.
Aujourd’hui, je suis éjecté sans indemnité. Au départ, mon associé devait partir, on devait lever des fonds et ils devaient racheter une partie de ses parts pour un million d’euros et on souhaitait lui octroyer un an de salaire. J’étais d’accord, car il a fait des sacrifices pour Daan Tech. Mais, aujourd’hui, ils veulent que je parte sans rien. Ce n’est pas fair.
Quelle suite pour toi ?
J’ai plusieurs projets pour toi. Je souhaite monter un fonds souverain dans la crypto au service de l’économie réelle. Je veux m’appuyer de la blockchain pour désintermédier les financements des PME et proposer du crowdfunding liquide à tout moment. J’entends également créer BIM (Banque d’investissement manufacturière) au service des projets hardware à impact qui oeuvrent pour la relocalisation et la décarbonation de l’économie.
À court terme, je souhaite également écrire le Daan Book, un livre que je veux écrire cet été et qui reviendra sur mes six ans d’aventure entrepreneuriale intense. Je vais décrire l’envers du décors, mon parcours, mon point de vue, mais aussi donner des astuces pour trouver un financement. L’idée est que les gens apprennent de mes erreurs.
Enfin, je souhaite lancer des projets hardware en investissant dans des boîtes qui fabriquent en France, dans le paramédical ou dans tout ce qui concerne la salle de bain. Je m’intéresse au lave-linge par exemple. Je veux porter cette vision du made in France et contribuer au rayonnement de la France.
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